Le photographe israélien Pavel Wolberg capture la réalité de la guerre en Ukraine
A Haïfa, l’exposition du photographe d’origine russe sur de précédentes incursions russes évoque les combats actuels
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Le photographe Pavel Wolberg n’a pas été surpris lorsque la Russie a déclaré la guerre à l’Ukraine, en février dernier.
Né à Leningrad et élevé en Israël, le photographe plusieurs fois récompensé se trouvait en Ukraine depuis 2014, où il observait l’évolution de la situation et l’invasion russe à l’oeuvre dans certaines parties orientales du pays.
« C’était évident », explique Wolberg. « On a clairement changé d’échelle, mais c’était à l’œuvre depuis huit ans. »
La connaissance qu’a Wolberg de l’Ukraine et de son peuple se manifeste dans sa dernière exposition, « Zone d’opération antiterroriste: Clichés de la guerre en Ukraine », un ensemble de photographies prises entre 2014 à 2019, scénarisé par Belu-Simion Fainaru et Avital Bar-Shai.
Elle sera visible du 22 novembre au 22 janvier prochain dans les locaux de la galerie d’art Wizo Haïfa.
Le nom de l’exposition renvoie au nom donné par le gouvernement ukrainien au Donbass, région orientale du pays sous contrôle des forces russes.
Les clichés de Wolberg, que ce soit celui d’une femme au beau milieu d’un village réduit en cendres, d’enfants soldats jouant à la guerre dans la forêt ou d’un champ de bataille, témoignent tous à leur manière de ce qui se passe en temps de guerre, et préfigurent les événements des neuf derniers mois, depuis l’invasion russe de l’Ukraine.
Ces photos ont été prises à l’est de l’Ukraine, dans une région aujourd’hui presque totalement sous contrôle russe. Cette région a toujours fait l’objet d’un intense brassage politique, suivant les aléas de la politique et des dirigeants, ajoute Wolberg.
« Quand je regarde ces photos, j’imagine ce qui peut se passer en ce moment », souffle-t-il.
Wolberg était déjà un photographe de presse reconnu et plusieurs fois récompensé, collaborateur du Haaretz, du New York Times et de célèbres agences photo européennes, lorsqu’il a entrepris ses déplacements en Ukraine, afin de comprendre ce qui s’y passait.
Il s’agissait d’un retour aux sources, là où il a grandi, mais où il n’a finalement que peu d’attaches.

Les photos de l’Ukraine du photographe Pavel Wolberg avant l’invasion russe de 2022 seront exposées à Wizo Haïfa, du 22 novembre au 22 janvier 2023.
Wolberg a émigré en Israël à l’âge de 8 ans avec sa mère et sa grand-mère : il a grandi à Beer Sheva.
Après avoir obtenu son diplôme de la Camera Obscura School of Art de Tel Aviv, Wolberg a axé son travail sur la photographie d’art alliée à l’actualité.
En 2005, il a reçu du Musée d’art de Tel Aviv le prix Leon Constantiner de la photographie israélienne.
Ses photographies sur la guerre, le terrorisme, l’armée, la communauté ultra-orthodoxe et Tel Aviv, ville dans laquelle il vit et travaille, ont fait le tour du monde.
Micha Bar-Am, lauréat du prix Israël de la photographie, explique que Wolberg « réussit à démontrer que la photographie d’actualité peut être une photographie emblématique ».
Son travail donne parfois à voir des images insoutenables.
« On ne peut plus aller dans cette région maintenant, il n’y a plus de photos de ce qui s’y passe », regrette Wolberg.
« Impossible de savoir ce qui se passe là-bas, sauf ce que l’on aperçoit de temps à autres sur les réseaux sociaux ou sur YouTube. Je suis parfois en contact avec eux sur Facebook. J’espère les revoir un jour. »