« Le plus triste anniversaire du monde »: Kfir Bibas, otage du Hamas, a un an aujourd’hui
La famille du petit garçon, enlevé avec ses parents, Yarden et Shiri Bibas, et son frère Ariel, 4 ans, plaide en faveur d'une mobilisation et d'une libération rapide de leurs proches à l'occasion de cette journée
Le 18 janvier sera la journée « de l’anniversaire le plus triste du monde » – le jour où Kfir Bibas, ce petit enfant aux cheveux roux, célèbrera son premier anniversaire en captivité à Gaza, selon Jimmy Miller, le cousin germain de Shiri Bibas, la mère du petit garçon.
Et la seule fête qui aura lieu se fera en l’absence du principal concerné qui, aux côtés de son frère Ariel, quatre ans, et de ses parents, Shiri et Yarden, se trouve entre les mains du Hamas à Gaza depuis que la famille a été enlevée, le 7 octobre, au kibboutz Nir Oz.
La famille et les partisans de la famille Bibas se rassembleront sur la Place des Otages de Tel Aviv à 15 heures, où ils seront rejoints par des animateurs israéliens de premier plan, adorés par les enfants, qui les aideront à attirer l’attention sur le traumatisme entraîné par le kidnapping et par la captivité des parents et de leurs tout-petits.
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D’autres, avec Miller et plusieurs proches des captifs, ont enregistré une chanson spécialement pour Kfir, « Ils m’appellent Gingi », le terme en hébreu désignant un rouquin, une chanson qui sera rendue publique pour son premier anniversaire.
De son côté, la communauté du kibboutz Nir Oz a organisé une fête d’anniversaire typique dans sa crèche, mardi – avec un arc de ballons orange et un gâteau mais une fois encore, sans Kfir, sans Ariel, ce grand fan de Batman, et sans leurs parents.
A la place, la famille et les amis des Bibas ont posté les photos de ce goûter d’anniversaire sur les réseaux sociaux pour rappeler au monde que Kfir, Ariel, Shiri et Yarden ont été brutalement pris en otage dans leur habitation par le Hamas au cours de l’assaut meurtrier commis par le groupe terroriste dans le sud du pays, le 7 octobre. 1 200 personnes avaient été massacrées, des civils en majorité, et 240 avaient été enlevées.
Les images montrant le regard terrorisé de Shiri, agrippée à ses deux enfants qu’elle tient contre sa poitrine, ont fait le tour du monde.
Yarden, de son côté, a été enlevé séparément du reste de sa famille – il aurait été frappé à la tête avec un marteau alors qu’il était emmené à Gaza.
Aucun des membres de la famille Bibas n’a été libéré pendant la trêve d’une semaine qui a eu lieu à la fin du mois de novembre – quand les mères et les enfants qui avaient été kidnappés, le 7 octobre, ont été relâchés. A ce moment-là, le Hamas avait fait savoir que Shira, Ariel et Kfir se trouvaient entre les mains d’une autre faction terroriste. Il avait annoncé, plus tard, que tous les trois avaient été tués dans un bombardement israélien.
Nili Margalit, une otage libérée qui sera restée presque 50 jours dans les geôles du Hamas, a révélé qu’elle se trouvait avec Yarden Bibas quand les terroristes lui avaient dit que son épouse et que ses deux jeunes enfants avaient été tués, lui ordonnant de tourner une vidéo où il blâmait le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour son refus de rapatrier leurs corps sans vie en Israël.
L’armée a estimé, de son côté, que rien n’était venu confirmer les affirmations faites par le Hamas concernant la mort de la mère et de ses jeunes enfants, qualifiant cette information de terrorisme psychologique.
Un état de choc
Alors que Kfir Bibas va fêter le premier anniversaire de sa vie en captivité à Gaza, la famille est en état de choc et de sidération, dit Miller.
« Nous sommes devenus des robots depuis quelques mois », a confié Miller au Times of Israel, mercredi. « Nous faisons tout ce que nous pouvons pour faire avancer les choses parce que nous ne voyons rien avancer. Nous avons attendu, attendu et encore attendu ; nous avons rencontré tout le monde, des acteurs, des célébrités, des intellectuels ; tous nous prennent dans leurs bras et ils écoutent ce que nous avons à dire avec empathie mais nous n’avons pas le sentiment que qui que ce soit fasse quoi que ce soit ».
Miller et Shiri Bibas sont cousins au premier degré. Leurs mères sont sœurs.
La mère et le père de Shiri, Margit Shnaider Silberman et José Luis (Yossi) Silberman, qui avaient tous les deux une soixantaine d’années et qui habitaient Nir Oz, ont été assassinés le 7 octobre alors que les terroristes du Hamas entraient dans le kibboutz.
La rousseur de la chevelure des deux petits garçons vient du père de Shiri, explique Miller. « Cela a sauté une génération », dit-il.
Miller, qui vit à Tel Aviv, avait vu pour la dernière fois sa cousine lors de la fête de Shavouot, à la fin du mois de mai dernier, au kibboutz. Toute la famille s’était réunie là-bas et il y avait, chaque année, « une grande fête » à cette occasion : « C’est la dernière fois que je les ai vus », déclare-t-il.
Lui et son autre cousin germain, Yossi Shnaider, qui vit à Holon, à proximité, étaient allés ensemble à Nir Oz.
« On y allait toujours », indique Shnaider, dont le père est le frère de la mère de Miller et de la mère de Bibas. « C’est très joyeux et agréable pour la fête de Shavouot ».
Depuis le 7 octobre, Miller et Shnaider sont devenus deux visages familiers dans la bataille en faveur de la libération de la famille Bibas et des 136 otages qui se trouvent encore à Gaza.
Miller est à la tribune, le samedi soir, sur la Place des Otages et au cours de tous les autres rassemblements, portant en permanence un tee-shirt orange symbolisant la rousseur des cheveux de ses jeunes petits-cousins, aux côtés de deux autres amis de la famille. Ils scandent souvent « Achshav » (Maintenant!), en réponse à l’appel « Ramenez-les à la maison ! »
La famille immédiate, les frères et sœurs de Shiri et de Yarden, ainsi que les parents de Yarden, se sentent trop vulnérables pour monter sur scène et pour lancer les slogans à l’attention de la foule, dit Miller.
« Je crie, je fais tout ce que je peux – nous en sommes à un stade tellement problématique », explique-t-il. « Il faut trouver un accord pour la libération des otages. C’est ça qu’il faut faire ; il faut sauver ces âmes ».
Au début de la semaine dernière, alors que le Forum des Familles des otages et des portés-disparus marquait le centième jour de captivité des otages par un rassemblement de 24 heures sur la Place des Otages de Tel Aviv, Ofri Bibas, la sœur de Yarden, a mis en cause le gouvernement dans un discours, l’interpellant avec colère : « Les avez-vous donc abandonnés ? »
« Vous n’avez pas le mandat vous permettant de les abandonner ainsi », a-t-elle accusé. « Votre obligation est de les faire revenir ici. Ils sont en train de mourir en captivité. 136 cercueils, ce ne sera jamais une victoire. Écoutez le public ».
Personne n’agit suffisamment pour les faire libérer, déplore Miller. Les gens ont de l’empathie, mais ce n’est pas d’une grande aide.
« Nous sommes invités partout, en Angleterre, au Brésil, en Argentine, en Allemagne », dit-il. « On écoute ce que nous vivons, on compatit véritablement mais après, nos interlocuteurs vont boire un café ».
Shnaider déclare qu’il se demande tous les jours à quoi sert de continuer à crier et à parler.
« Puis je me dis que ce n’est pas le moment de serrer des mains et de chanter des chansons », ajoute-t-il. « C’est le moment de crier, d’exiger qu’ils reviennent. Le problème, c’est que personne ne semble véritablement nous entendre. Nous racontons heur histoire, et les gens semblent oublier. C’est très compliqué. »
« C’est la personne qui tient le levier de commande qui est le décideur », continue Miller, en référence à Netanyahu.
« Nous en sommes au 103e jour des combats, poursuit-il. « A l’exception d’une soldate » – il évoque Ori Megidish, qui a été secourue par les militaires à la fin octobre – « qui avait mis les choses au point et qui a envoyé sa localisation, nous n’avons réussi à secourir aucun otage. Et nous perdons quelqu’un chaque jour qui passe. Les otages ne survivront pas s’il n’y a pas d’accord ».
« Kfir et Ariel ne sont pas des ennemis du Hamas, » renchérit-il. « Le monde est en train de créer une jurisprudence qui autorise le kidnapping de bébés dans leur pays, dans leur habitation ».
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