Le porte-parole de Tsahal dénonce « le terrorisme » des résidents d’implantations
Le député d’extrême droite Simcha Rothman a lui comparé les émeutiers de Turmus Ayya aux manifestants contre la refonte du système judiciaire
Le porte-parole en chef de l’armée israélienne a dénoncé jeudi le saccage commis par les habitants des implantations dans les villes de Turmus Ayya et d’Urif en Cisjordanie, où des centaines de personnes ont terrorisé les résidents des villes en mettant le feu à des habitations, à des voitures et à des champs, et où un Palestinien a trouvé la mort dans des circonstances encore floues.
S’exprimant à la radio de l’armée, le vice-amiral Daniel Hagari a reconnu que Tsahal avait « failli à leur devoir d’empêcher » les émeutes, qualifiant l’attaque de « très grave ».
« C’est un incident qui sème la terreur et entraîne des escalades, et par lequel la population qui n’est pas impliquée est terrorisée et poussée [vers l’extrémisme], tout en empêchant Tsahal de lutter contre le terrorisme dans le cadre de ses activités opérationnelles », a-t-il ajouté.
Pendant ce temps, le député de HaTzionout HaDatit Simcha Rothman, président d’extrême droite de la commission de la Constitution de la Knesset et l’un des principaux partisans de la réforme judiciaire, a comparé les émeutiers violents aux manifestants anti-gouvernement, déclarant à la radio de l’armée que « lorsque vous protestez contre la réforme [judiciaire], vous pouvez appeler à prendre les armes et à être violent, mais lorsque vous protestez contre une ‘affaire insignifiante’ comme l’assassinat de quatre personnes, ce n’est pas acceptable ».
Les manifestations contre les efforts du gouvernement pour limiter le pouvoir du système judiciaire ont été essentiellement pacifiques, bien que certaines aient dégénéré en affrontements limités entre les militants et la police, notamment lors des tentatives de blocage des routes principales par les premiers.
Rothman pourrait avoir fait allusion à certains propos sporadiques tenus par des manifestants suggérant le recours potentiel à la force pour contrer la réforme du système judiciaire. Ainsi, l’éminent avocat David Hodek a déclaré en février que « si on me force à vivre dans une dictature et que je n’ai pas le choix, je n’hésiterai pas à tirer à balles réelles ». Hodek s’est excusé par la suite et la police a ouvert une enquête.
Aucune arrestation n’a été signalée jusqu’à présent à la suite des émeutes de Turmus Ayya au cours desquelles, selon un article de Haaretz, des résidents d’implantations ont mis le feu à une école et tenté de mettre le feu à une mosquée. Des vandales de l’implantation d’Yitzhar ont déclaré à Kan news qu’ils avaient coupé l’électricité dans le village palestinien voisin d’Urif.
Le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne (AP) a déclaré qu’un Palestinien avait été tué et qu’une dizaine d’autres avaient été blessés à Turmus Ayya lors de l’attaque des résidents d’implantations et de l’affrontement qui s’en est suivi avec les troupes et la police israéliennes. Au moins quatre Palestiniens ont été blessés par balles, dont un dans un état grave, a indiqué le ministère.
L’homme qui a été tué est Omar Qattin, 27 ans. Selon les habitants, il était père de deux jeunes enfants et travaillait comme électricien pour la municipalité locale.
On ignore si Qattin est bien la personne qui a été abattue par la police, mais des témoins palestiniens ont déclaré que l’homme tué ne se trouvait pas à proximité des forces israéliennes lorsqu’il a été abattu. On ignore également qui a tiré sur les quatre autres Palestiniens.
De nombreux pays, dont les États-Unis, ont fermement condamné ce massacre.
Les tensions entre Israël et les Palestiniens se sont accrues depuis un an, l’armée menant des raids quasi quotidiens en Cisjordanie, à la suite d’une série d’attentats terroristes meurtriers perpétrés par les Palestiniens.
Depuis le début de l’année, les attaques palestiniennes en Israël et en Cisjordanie ont tué 24 personnes, dont Nachman Mordoff, 17 ans, Elisha Anteman, 17 ans, Harel Masood, 21 ans, et Ofer Fayerman, 64 ans, qui ont été tués mardi.
Selon le Times of Israel, 132 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués durant cette période, la plupart d’entre eux lors d’affrontements avec les forces de sécurité ou lors d’attaques, mais on compte également des civils non impliqués et d’autres dont les circonstances de la mort restent floues.
Mercredi soir, en réponse à l’attaque d’Eli, un nouvel avant-poste de Cisjordanie a été installé à quelques kilomètres à peine de l’implantation.
Des photos fournies par l’organisation de gauche La Paix Maintenant montrent cinq bâtiments faits de murs métalliques préfabriqués érigés sur le site, juste à l’extérieur de l’implantation de Maale Levona, dans le nord de la Cisjordanie, de l’autre côté de la route 60, en face d’Eli.
On aperçoit également sur les photos de lourds bulldozers de terrassement et des machines de forage, ainsi qu’un chemin d’accès non pavé nouvellement creusé menant jusqu’au site.
Tsahal, le ministère de la Défense, l’administration civile et le bureau du ministre des Finances Bezalel Smotrich – qui fait office de ministre supplémentaire au sein du ministère de la Défense et a autorité sur les affaires civiles en Cisjordanie – n’ont pas encore répondu à une demande de commentaire sur le comment une opération de construction illégale de cette envergure a pu être menée sans leur intervention, ni s’ils avaient l’intention de faire évacuer le site.
Par ailleurs, des dizaines, voire des centaines d’habitants des implantations se sont installés dans l’avant-poste illégal d’Evyatar, à plusieurs kilomètres au nord d’Eli, et y organisent événements et activités.