Mahmoud Abbas appelle le Hamas à conclure rapidement un accord de trêve
Le dirigeant de l'AP appelle les États-Unis et les pays arabes à "conclure un accord sur les prisonniers aussi rapidement que possible" ; l'OMS avertit que l'opération à Rafah pourrait provoquer une "catastrophe insondable"

Le dirigeant de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a appelé mercredi le Hamas à conclure « rapidement » un accord de trêve pour éviter une offensive israélienne sur Rafah, au moment où se tiennent des négociations au Caire sur une pause des hostilités dans la bande de Gaza.
« Nous appelons le Hamas à conclure rapidement l’accord sur les prisonniers, pour épargner à notre peuple palestinien une autre catastrophe, non moins dangereuse que la Nakba de 1948, et éviter une attaque de l’occupation contre Rafah qui entraînerait des milliers de victimes et un exode de notre peuple », a dit M. Abbas, cité par l’agence palestinienne Wafa.
La « Nakba » (« Catastrophe », en arabe) est le terme utilisé par les Palestiniens pour désigner l’exode de quelque 760 000 d’entre eux à la création de l’Etat d’Israël en 1948 pendant la guerre d’Indépendance.
M. Abbas et l’Autorité palestinienne qu’il dirige sont accusés par de nombreux Palestiniens d’être restés largement passifs face à la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.
Basés en Cisjordanie, ils ne participent pas aux négociations en cours au Caire, où une délégation du Hamas devrait arriver mercredi selon une source du groupe terroriste islamiste palestinien.
Le communiqué de Wafa ajoute que M. Abbas « a appelé l’administration américaine et les frères arabes à travailler avec diligence pour conclure un accord sur les prisonniers le plus rapidement possible, afin d’épargner au peuple palestinien le fléau de cette guerre dévastatrice », faisant référence aux médiateurs qatari et égyptien.
Depuis mardi, l’Egypte accueille des représentants des Etats-Unis, principal soutien d’Israël, et du Qatar, où est basé le chef du Hamas, pour des pourparlers en vue d’une trêve portant sur une nouvelle libération d’otages emmenés à Gaza le 7 octobre lors d’une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.
On estime que 130 des 253 otages enlevés par le Hamas et ses complices le 7 octobre sont encore à Gaza, mais certains ne sont plus en vie. 105 civils ont été libérés lors d’une trêve d’une semaine fin novembre. Quatre otages avaient été libérées avant cela et une soldate avait été secourue. Les corps de huit otages ont également été récupérés et trois otages ont été tués par erreur par l’armée lors d’un incident tragique en décembre. Deux autres otages ont été secourus grâce à une opération conjointe de l’armée et du Shin Bet. Une autre personne est portée disparue depuis le 7 octobre. L’armée israélienne a confirmé la mort de 29 des personnes toujours détenues par le Hamas et ses complices, sur la base de nouvelles informations et des découvertes obtenues par les troupes opérant à Gaza.

Le chef du Mossad, les services secrets israéliens, David Barnea, a participé aux discussions avec le directeur de la CIA, William Burns, le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, et des responsables égyptiens avant de quitter le Caire, a indiqué mardi soir la télévision AlQahera News, proche du renseignement égyptien.
Les médiateurs travaillent depuis des semaines sur un accord qui verrait le Hamas libérer les derniers otages par étapes en échange d’une trêve. Le Hamas a toutefois refusé tout accord qui ne garantirait pas la fin de la guerre, tandis qu’Israël affirme qu’il est impossible de mettre fin à la guerre avant que le Hamas ne soit totalement vaincu.
M. Abbas a exprimé l’espoir qu’un accord permettrait de sauver la ville gazaouie de Rafah des attaques israéliennes, dont l’Organisation mondiale de la santé a averti mercredi qu’elles provoqueraient une « catastrophe insondable » et rapprocheraient le système de santé de l’enclave du bord de l’effondrement.
« Des activités militaires dans cette zone, très peuplée, constitueraient bien sûr une catastrophe insondable… et aggraveraient encore la catastrophe humanitaire au-delà de toute imagination », a déclaré Richard Peeperkorn, représentant de l’OMS pour la bande de Gaza et la Cisjordanie.
Plus d’un million de Palestiniens sont entassés à Rafah, à l’extrémité sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l’Égypte, où beaucoup vivent dans des camps de tentes et des abris de fortune après avoir fui les opérations israéliennes menées ailleurs dans la bande de Gaza.
Les forces israéliennes affirment vouloir débusquer les terroristes qui se cachent à Rafah et libérer les otages qui y sont détenus après le carnage du Hamas en Israël le 7 octobre – au cours duquel les terroristes ont tué quelque 1 200 personnes, pour la plupart des civils, mais elles n’ont donné aucun détail sur le plan proposé pour évacuer les civils gazaouis.
Les Nations unies ont déclaré qu’une offensive israélienne dans cette région pourrait « conduire à un massacre ».

« Cela alourdira également le fardeau d’un système de santé complètement surchargé et à bout de souffle, augmentera la charge des traumatismes et rapprochera le système de santé du bord de l’effondrement », a déclaré M. Peeperkorn.
Il a indiqué que seulement 40 % des missions de l’OMS dans le nord de la bande de Gaza avaient été autorisées à partir de novembre et que ce chiffre avait considérablement diminué depuis janvier.
Israël a précédemment nié avoir bloqué l’entrée de l’aide.
« Même en l’absence de cessez-le-feu, des couloirs humanitaires doivent exister pour que l’OMS et les Nations unies puissent faire leur travail », a déclaré M. Peeperkorn.