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Le procès Bensoussan divise les activistes anti-racisme

L'un des plus grands experts de l'histoire des juifs dans le monde arabe, a déclaré que "l’antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère"

L'historien français Georges Bensoussan. (Crédit : capture d'écran YouTube)
L'historien français Georges Bensoussan. (Crédit : capture d'écran YouTube)

JTA – Le procès pour propos islamophobes d’un historien français, accusé d’avoir accusé les arabes d’être congénitalement antisémites, divise les juifs français et sème des dissidences au sein de la LICRA.

Tout tourne autour de deux mots : « lait maternel ».

George Bensoussan, l’historien spécialiste des mondes juifs, a utilisé ces deux termes durant une interview à la radio en 2015. Il a cité les travaux d’un sociologue algérien, et a affirmé que « dans les familles arabes, en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l’antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère ».

Bensoussan a ensuite insisté qu’il cherchait a parler métaphoriquement d’un préjugé transmis culturellement. Néanmoins, ses termes ont fait bondir le Comité contre l’islamophobie en France, le CCIF et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, la LICRA. Les deux groupes ont porté plainte séparément pour provocation à la haine raciale.

Le verdict du procès Bensoussan, qui a commencé le mois dernier, devrait définir les limites de la liberté d’expression dans la sphère universitaire, dans un pays où les modérés craignent à la fois l’islam radical et la recrudescence de la xénophobie.

Mais ce procès dresse déjà les activistes anti-racisme les uns contre les autres, et notamment au sein de la Licra. Le philosophe Alain Finkielkraut a démissionné du comité d’honneur de la Licra en signe de protestation contre ce que les médias français appellent « l’Affaire Bensoussan ».

Longtemps frustrés par ce qu’ils considèrent être de la censure politiquement correcte, les juifs français de droite ont réagi avec outrage aux procès intenté à Bensoussan. Ils ont employé des termes encore plus passionnés que la rhétorique hyperbolique de leur média préféré.

Yves Mamou, ancien journaliste pour Le Monde, a décrit ce procès comme « djihad contre la liberté d’expression et contre la vérité », et « la nouvelle Affaire Dreyfus », en référence à l’accusation à tort pour trahison d’un capitaine juif de l’armée française en 1894.

Sammy Ghozlan, fondateur du BNVCA (Bureau national de la vigilance contre l’antisémitisme), a condamné ce procès, qu’il juge « choquant ».

« Je pense que la façon dont la LICRA s’est empêtrée dans ce bourbier de procès contre la vérité est déplorable », a-t-il ajouté dans un entretien avec le JTA.

Ghozlan, commissaire de police à la retraite, a déclaré que les personnes originaires de pays musulmans ces dernières années, sont responsables de la plupart des violents incidents antisémites signalés en France. Au moins 8 personnes ont été tuées depuis 2012, dans le cadre d’attentats djihadiste qui ciblaient des juifs.

Il est mécontent de voir que le procès Bensoussan s’étende vers des cercles centristes, que la LICRA, qui tend vers la gauche, est soumise à la critique de Finkielkraut. L’an dernier, il a reçu la plus haute distinction académique qui soit, en entrant à l’Académie française, le panthéon des grands penseurs.

Le 29 janvier, un membre du groupe pacifiste français JCall, qui s’oppose à la politique israélienne dans les implantations, a annoncé qu’il démissionnait de ses fonctions à la LICRA, après qu’elle a décidé de poursuivre Bensoussan en justice.

Cette mesure a « déshonoré » la LICRA, a déclaré Finkielkraut durant une interview sur RCJ, et l’a accusé d’avoir « opté pour l’inquisition » contre Bensoussan.

« J’invite tous les militants, adhérents, et sympathisants à tirer leurs propres conclusions de cette ignominie qui vient d’être commise ». Finkielkraut a qualifié le procès Bensoussan d’ « évènement grave sur le plan politique, judiciaire et historique ».

Durant l’interview, Finkielkraut a indiqué qu’en 2015, Bensoussan paraphrasait les déclarations du sociologue algérien Smaïn Laacher, un non-juif, qui avait dit que dans les régions musulmans, l’antisémitisme « est dans l’air qu’ils respirent ».

Laacher et Bensoussant ont tous deux eu recours à la métaphore, a soutenu Finkielkraut, et aucun des deux « ne partait de la dimension biologique du phénomène culturellement transmis dont ils parlent ». Cela réfute « l’accusation de provocation à la haine raciale », a-t-il affirmé.

Mais dans une année électorale, avec le Front national en tête des sondages, ce vice de forme a rapidement été éclipsé par les médias, en raison des répercussions à large spectre de ce procès, sur la liberté d’expression et la discrimination.

Ce procès « est un moyen d’évider l’investigation de la pensée et l’expression publique sur l’islam a l’exception de la louange », a déclaré Finkielkraut sur RCJ.

Dans un article d’opinion cinglant dans l’hebdomadaire Marianne, la chroniqueuse Martine Gozlan a qualifié ce procès de « honteux », et explique que « leur objectif, est d’interdire de penser »

C’est une accusation récurrente que portent les défenseurs et les intellectuels français, juifs et non-juifs, qui ont payé le prix public et privé pour avoir parlé haut et fort contre l’islam et en défense d’Israël.

Parmi eux, Michel Houellebecq, qui a reçu des menaces de mort pour avoir écrit un nouvelle critique de l’islam critique ; Bernard-Henri Levy, qui est rejeté par de nombreuses personnes de son cercle de gauche, parce qu’il défend Israël, et Finkielkraut lui-même, qui a été récemment très violemment exclu d’un rassemblement publique, parce qu’il est « sioniste ».

Gozlan a également indiqué que le second plaignant, le CCIF, a été accusé, notamment par la LICRA elle-même, de diffuser de la désinformation antisémite au sujet de Manuel Valls, dont la femme est juive.

Le 2 février, Philippe Karsenty, juif français activiste et adjoint au maire de la ville de Neuilly sur Seine, s’est solidarisé au sentiment de Gozlan dans un article co-écrit avec l’avocat Pierre Lurçat.

« Comment l’association, fondée pour défendre les Juifs, en est venue à prêter main forte au « djihad judiciaire » dirigé contre un intellectuel juif, spécialiste de l’histoire de la Shoah ? », s’interrogent-ils ?

C’était une attaque cinglante contre la LICRA ? un groupe fondé par un journaliste juif en 1926, qui voulait défendre un juif accusé d’avoir tué un nationaliste ukrainien à Paris. L’Ukrainien était responsable de pogroms en Ukraine durant lesquels des proches du juif ont péri.

Alors que la critique grimpe, Alain Jakubowicz, directeur de la LICRA, et également juif, est sorti de son silence. Dans un article d’opinion publié au début du mois, il a accusé Bensoussan de « profiter aux extrémistes » avec ses propos sur l’islam.

Bensoussan aussi est sorti du silence, et a répondu à Jakubowicz dans une lettre ouverte.

Il a retourné l’accusation de Jakubowicz contre lui, et a écrit que la popularité du parti populiste, anti-immigrant qu’est le Front national est alimentée par « le déni de réalité, la stratégie suicidaire de l’aveuglement et du silence ».

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