Israël en guerre - Jour 368

Rechercher

Le producteur de « La Zone d’Intérêt » dénonce le discours de Glazer aux Oscars

Attribuant au Hamas la responsabilité des victimes civiles, Danny Cohen a déclaré être "fondamentalement en désaccord" avec les propos du réalisateur qui, à ses yeux, "détournent l'attention" des mérites du film lauréat

Jonathan Glazer lors de la remise du prix du meilleur film international pour "The Zone of Interest" sur la scène des Oscars, au Dolby Theatre à Hollywood,  à Los Angeles, le 10 mars 2024. (Crédit : Patrick T. Fallon / AFP)
Jonathan Glazer lors de la remise du prix du meilleur film international pour "The Zone of Interest" sur la scène des Oscars, au Dolby Theatre à Hollywood, à Los Angeles, le 10 mars 2024. (Crédit : Patrick T. Fallon / AFP)

JTA — L’un des producteurs juifs d’un film sur la Shoah qui a été primé aux Oscars, « La Zone d’Intérêt », a dit être en désaccord avec le discours prononcé lors de la cérémonie de remise des prix par le réalisateur du long-métrage, Jonathan Glazer. Ce dernier avait très vivement critiqué Israël dans son allocution lors de la remise de son prix. Le mémorial d’Auschwitz a, de son côté, écrit un post, sur les réseaux sociaux qui a pris sa défense.

Ce sont les dernières réactions dans le cadre de la controverse qui a été provoquée par les paroles prononcées, dimanche dernier, par Glazer. Alors qu’il acceptait la récompense du meilleur film international, le réalisateur juif britannique avait déclaré que lui-même et ses producteurs étaient « des hommes qui refusent que leur judéité et que la Shoah soient utilisées par une occupation qui a entraîné un conflit avec un nombre si important de victimes innocentes, qu’il s’agisse des victimes du 7 octobre en Israël ou de la guerre qui est actuellement en cours à Gaza. »

Deux des producteurs du film se tenaient aux côtés de Glazer sur la scène à ce moment-là : James Wilson, qui avait déjà critiqué la guerre opposant Israël au Hamas au moment où il recevait un prix pour le film et Len Blavatnik, Ukrainien pro-israélien dont le porte-parole a refusé tout commentaire sur les propos de Glazer mais qui a rappelé que son employeur était un soutien fervent d’Israël.

Aujourd’hui, c’est encore un producteur du film qui s’est introduit dans la mêlée : Danny Cohen, qui a fait jeudi une apparition dans un podcast pour faire part de son désaccord avec les propos qui ont été tenus aux Oscars et qui ont, selon lui, « détourné l’attention » des mérites du film.

« Je suis tout simplement fondamentalement en désaccord avec Jonathan à ce sujet », a dit Cohen, qui est un ancien cadre de la BBC, aux journalistes Yonit Levi et Jonathan Freedland à l’origine du podcast : « UnHoly: Two Jews on the News. »

« Le soutien que j’apporte à Israël est sans faille », a continué Cohen. Il a déclaré que la guerre qui oppose actuellement Israël au Hamas « est de la responsabilité du Hamas, une organisation terroriste génocidaire qui continue à détenir des otages, à les violenter et qui n’utilise pas ses tunnels pour protéger les civils innocents à Gaza, mais pour se cacher et pour laisser mourir les Palestiniens. »

Danny Cohen (Autorisation)

Le film lui-même, qui a remporté deux Oscars, s’intéresse à la vie – romancée – du commandant du camp nazi d’Auschwitz, Rudolf Höss, et de sa famille, vivant un quotidien normal et sans encombre aux portes du camp de la mort.

Au vu des thématiques abordées, des groupes juifs – notamment l’Anti-Defamation League (ADL) et des organisations réunissant des survivants de la Shoah aux États-Unis – ont fustigé le discours de Glazer, l’accusant d’avoir établi une comparaison inappropriée entre Israël et l’Allemagne nazie. Un ancien conseiller du Premier ministre Benjamin Netanyahu, de son côté, a estimé que le réalisateur était « un Juif souffrant de haine de soi ».

Glazer n’a fait aucun commentaire depuis les Oscars.

Cohen n’est pas allé aussi loin, faisant remarquer que Glazer avait le droit de dire ce qu’il voulait. Il s’est contenté de souligner qu’il ne partageait pas le même point de vue.

« Je pense que la guerre est tragique, qu’elle est atroce et que ces morts, chez les civils, sont atroces, mais j’en attribue toute la responsabilité au Hamas », a déclaré Cohen, qui a précisé que Glazer avait coordonné son discours avec Wilson. « Je pense que toute discussion sur cette guerre qui ne mentionne pas ce fait manque, selon moi, du contexte approprié, un contexte qui devrait être rappelé dans tout débat portant sur ce conflit ».

Pour Cohen, qui a récemment dénoncé « l’antisémitisme systémique » qui, à ses yeux, sévit à la BBC depuis l’attaque du 7 octobre, le discours de Glazer a détourné l’attention de la réussite du film et les propos tenus sont susceptibles d’avoir effrayé ceux qui voyaient dans ce long-métrage un nouvel outil de sensibilisation et d’enseignement de la Shoah – ne serait-ce qu’en raison de la controverse politique suscitée par son réalisateur.

« Le film est un extraordinaire triomphe en matière de réalisation cinématographique », s’est-il exclamé. « C’est l’un des films les plus remarquables depuis des décennies ; c’est l’un des films réellement grands consacrés à la Shoah et il continuera à se présenter comme tel au fil des ans. Et je constate que le débat de cette semaine, ce moment de grande reconnaissance pour ce film, qui a obtenu deux Oscars, n’a pas porté sur le film mais sur le discours. Jon a passé dix ans à faire le film et il a fait quelque chose de remarquable mais les gens parlent davantage, cette semaine, de ce qu’il a pu dire en l’espace de 30 secondes ».

Jonathan Glazer pose avec le prix du meilleur film international pour « The Zone of Interest » dans la salle de presse des Oscars, au Dolby Theatre de Los Angeles, le 10 mars 2024. (Crédit : Jordan Strauss/Invision/AP)

Laszlo Nemes, le réalisateur du film « Le Fils de Saul », lui aussi consacré à la Shoah et salué par la critique, s’en est pris à Glazer.

Il a estimé auprès du Guardian que « La Zone d’Intérêt » était un film important : « Il n’est pas fait de manière habituelle. Il met en doute la grammaire du cinéma. Son réalisateur aurait mieux fait de garder le silence plutôt que de montrer qu’il ne comprend rien à l’Histoire et aux forces qui défont la civilisation, avant ou après la Shoah ».

« S’il avait assumé la responsabilité qui vient avec un film tel que celui-là, il n’aurait pas eu recours à des éléments de langage qui sont disséminés par le biais d’une propagande dont le but est, en fin de compte, d’éradiquer toute présence juive de la Terre ».

« C’est quelque chose de particulièrement troublant à une époque où nous connaissons un niveau de haine antisémite similaire à celui qui régnait avant la Shoah – cette fois-ci, de manière tendance, progressiste », a écrit Nemes. « Aujourd’hui, la seule forme de discrimination qui n’est pas seulement tolérée mais encouragée, c’est l’antisémitisme. »

Le réalisateur juif, né en Hongrie, László Nemes sur le plateau de « Son of Saul » aux côtés de Géza Röhrig. (Crédit : autorisation)

Si Cohen et Nemes ont tous les deux critiqué le discours de Glazer, une autre voix majeure est aussi intervenue dans le débat – en soutien, cette fois-ci, au réalisateur. Jeudi, le directeur du musée et mémorial d’Auschwitz en Pologne, où Glazer avait tourné certaines scènes du film et où il a récemment prononcé une allocution, a posté une publication prenant la défense du réalisateur sur les réseaux sociaux.

« Dans son discours d’acceptation, Jonathan Glazer a simplement émis un message moral universel mettant en garde contre la déshumanisation. Son objectif était de ne pas descendre au niveau du discours politique », a estimé Piotr Cywinski. « Les critiques qui attendaient de sa part un positionnement politique clair ou un film parlant exclusivement du génocide n’ont pas compris ce message en profondeur ».

Cywinski n’a pas évoqué spécifiquement Israël dans sa publication, concluant que ‘La Zone d’Intérêt’ « n’est pas un film sur la Shoah. C’est avant tout une mise en garde grave qui parle d’Humanité et de nature humaine ».

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.