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Le « Projet de résilience juive » du musée Anu revient sur des moments difficiles

Cette nouvelle expo, conçue après le 7 octobre, fait la part belle à un "récit contrasté" qui témoigne des hauts et des bas de l'histoire juive et de la résilience qu'ils induisent

L'exposition du Musée du peuple juif Anu, à Tel Aviv, consacrée au projet de résilience juive. (Roni Caanani/Autorisation)
L'exposition du Musée du peuple juif Anu, à Tel Aviv, consacrée au projet de résilience juive. (Roni Caanani/Autorisation)

Suite à l’attaque du 7 octobre du Hamas sur le sud d’Israël, les personnels du Musée Anu du peuple juif, à Tel Aviv, ont tout de suite su qu’il leur fallait proposer une nouvelle exposition pour parler de ce qui s’était passé et du traumatisme pour les Juifs d’Israël et du monde.

« Il nous a fallu réagir vite », explique par téléphone au Times of Israel Naama Klar, directrice de l’éducation du musée Anu. Une grande partie de l’équipe du musée a été rappelée au titre de la réserve pour se battre contre le Hamas, mais « ceux qui sont restés se sont posé cette question : ‘En quoi l’histoire juive peut-elle nous aider en cette période ?’ », ajoute-t-elle.

L’exposition qui en découle, baptisée Projet de résilience juive, est « ce que nous avons trouvé de mieux à faire à ce jour », poursuit Klar.

Le Musée Anu du peuple juif, institution indépendante située sur le campus de l’Université de Tel Aviv, a ouvert ses portes en 1978 sous le nom de Beit Hatfutsot, musée dédié à l’histoire de la diaspora juive. En 2021, l’apport de 100 millions de dollars permet de donner au musée un nouveau nom – Anu – (« nous » en hébreu) et de lui donner une compétence plus large sur les communautés juives israéliennes et de la diaspora.

Ce changement a pour effet d’intégrer l’idée moderne de « peuple juif » – sorte de renouveau du concept de « Nation d’Israël » – devenue depuis très populaire au sein de la communauté éducative juive. En sa qualité de directrice de l’éducation de l’Anu, Klar supervise l’école internationale Koret pour le peuple juif, dont l’ambition est de connecter « le peuple juif à ses racines et de renforcer son identité juive, au niveau personnel et collectif », explique le site Internet de l’Anu.

Avec ce Projet de résilience juive, l’équipe du musée s’est rendue compte que la résilience – Klar utilise le mot hébreu hossen, repris partout en Israël depuis le 7 octobre – était mal comprise.

Un atelier du projet de résilience juive au Musée Anu du peuple juif à Tel Aviv. (Autorisation)

La résilience n’est associée qu’à la « guérison d’un traumatisme », expose Klar, « mais cela signifie littéralement endurer, prendre un coup, traverser une crise… sans perdre son identité et ses valeurs. »

« Il nous faut trouver de la résilience dans nos cœurs. Nous sommes dans une mauvaise passe, qui pourrait empirer… Les années à venir seront très difficiles et nous devons nous y préparer », dit-elle, en parlant tout à la fois de la situation en Israël et de la résurgence de l’antisémitisme partout ailleurs.

La méthodologie du musée s’inspire des travaux du conseiller du projet, le professeur Marshall Duke, psychologue de l’Université Emory spécialisé dans les questions de résilience familiale et individuelle aux États-Unis suite aux attentats terroristes du 11 septembre.

Au fil de ses recherches, Duke « a découvert que les récits résilients oscillent entre bons et mauvais moments », souligne Klar. Ils ont dans l’idée de « maximiser les bons moments et de vivre les mauvais moments. Quand on est en haut, on sait qu’il y aura des bas, et quand on est en bas, qu’il y aura des hauts. »

À l’opposé, les « récits moins résilients » mettent l’accent sur une vision plus binaire, dit-elle. Elle donne l’exemple du « récit de Tel Aviv », dans un premier temps un « récit ascendant. Partis de rien, nous nous sommes développés, et aujourd’hui nous avons tout. »

« Puis vient la chute. Avant, nous avions tout, et aujourd’hui, nous n’avons plus rien, nous sommes seuls. C’est un peu le récit palestinien aussi », analyse Klar.

Des visiteurs du musée Anu du peuple juif à Tel Aviv. (Autorisation)

Une « histoire contrastée » du peuple juif met l’accent sur « les bons et les mauvais moments et le mouvement qui les lie… Toute cette philosophie nous invite à rappeler aux Juifs ce que c’est que d’être juif, avant même que d’ajouter des histoires contemporaines limitées » basées sur les traumatismes actuels sans perspective, poursuit-elle.

Concrètement, le projet se compose de plusieurs éléments : une conférence/présentation axée sur le 7 octobre, un atelier collectif consacré à la résilience face à la situation actuelle et inspiré des travaux de Duke et enfin une visite du musée composée d’une exposition sur le 7 octobre et d’une formation pour les professionnels juifs.

Il existe également une version dématérialisée de ce projet, susceptible d’être présentée à des publics étrangers, comme l’a fait Klar il y a peu en Argentine avec des enseignants juifs. Compte tenu de la nature sensible de certains documents, certains pans du programme sont réservés aux plus de 16 ans. Certains éléments, en particulier ceux qui touchent directement aux événements du 7 octobre – jour où des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont massacré 1 200 personnes dans le sud d’Israël et ont fait 251 otages dans la bande de Gaza – sont présentés différemment au public israélien, forcément plus proche du traumatisme, ajoute Klar.

La visite du musée comprend le Codex Sassoon, Bible hébraïque de plus de 1 100 ans acquise pour 38 millions de dollars l’an dernier et cédée à Anu pour son exposition permanente au public. Le Codex est arrivé au musée le 5 octobre dernier, mais le 7 octobre a eu raison de l’événement officiel prévu pour sa réception, poursuit Klar.

Le « Codex Sassoon » vendu aux enchères chez Sotheby’s, à New York, le 17 mai 2023. (Crédit : Angela Weiss/AFP)

Le Codex Sassoon, avec ses « histoires et son histoire faites de contrastes », illustre à merveille les idées qui sous-tendent le Projet de résilience juive, indique-t-elle, ajoutant qu’il est « très important que cet artefact soit revenu en Israël, auprès du peuple juif ».

« On entend beaucoup de choses sur la façon dont les traumatismes passent de génération en génération. Je suis intimement persuadée que la résilience elle aussi est intergénérationnelle », souligne Klar, tout en ajoutant que la société israélienne n’en a pas forcément bien conscience.

« En Israël, nous nions la diaspora, nous ne la comprenons pas. Mais tout ce qui est bon et fort nous vient d’elle », affirme-t-elle.

« Il nous faut corriger notre histoire et comprendre que cela fait partie d’une chaîne intergénérationnelle faite de résilience. Une fois que nous le comprenons, nous avons un énorme avantage… qui peut se traduire en outils utiles pour retrouver l’espoir et envisager l’avenir », conclut Klar.

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