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Le Qatar s’affiche en allié indéfectible de la Turquie d’Erdogan

Les deux pays soutiennent les Frères musulmans et veulent le départ du président syrien Bachar al-Assad

Tamim ben Hamad Al-Thani (d) et Recep Tayyip Erdogan, le 2 décembre 2015 à Doha, au Qatar (Crédit : Capture d’écran YouTube)
Tamim ben Hamad Al-Thani (d) et Recep Tayyip Erdogan, le 2 décembre 2015 à Doha, au Qatar (Crédit : Capture d’écran YouTube)

Pendant les heures d’incertitude ayant suivi la tentative de coup d’Etat du 15 juillet en Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan a très vite reçu un appel de soutien d’un leader étranger.

A l’autre bout du fil, l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, lui a apporté un appui indéfectible, a raconté M. Erdogan lui même aux médias turcs.

« C’était un signe important de soutien politique à un moment où la situation en Turquie était encore très incertaine », commente Kristian Coates Ulrichsen, de l’Université Rice. « Et il contrastait fortement avec les déclarations tièdes des capitales occidentales pendant ou après la tentative de coup d’Etat ».

De telles déclarations ont alimenté la suspicion du régime Erdogan à l’égard de certains pays occidentaux. Le président turc s’est en même temps empressé de remercier le Qatar.

La proximité entre le Qatar et la Turquie est ancienne. Les deux pays soutiennent les Frères musulmans et veulent le départ du président syrien Bachar al-Assad. Ils entretiennent en outre de bons rapports économiques et une étroite collaboration militaire.

A l’inverse de ses homologues qui ont fui Doha en ce mois d’août chaud et moite, l’ambassadeur de Turquie Ahmet Demirok a brillé par sa présence.

Après la tentative de putsch, il a tenu une conférence de presse pour rassurer la communauté de 8 000 Turcs vivant au Qatar sur la situation et pour remercier le pays-hôte.

Il a accueilli plus tard dans un grand hôtel de Doha une soirée coorganisée avec la Chambre de commerce turque pour souligner les liens économiques forts entre les deux pays.

« Nous avons une relation très fortes avec le Qatar », déclare M. Demirok à l’AFP. « Nous n’avons pas de contentieux historique, nous avons des similitudes culturelles et la relation entre nos dirigeants est excellente ».

Le « flirt » s’est poursuivi avec le vice-premier ministre turc Omer Faruk Korkmaz qui a tressé des louanges à l’émir du Qatar dans une interview au quotidien Al-Sharq de Doha.

Le 24 août, Doha et Ankara ont signé un accord de jumelage le jour même où une société turque remportait un contrat de deux milliards de dollars pour construire une autoroute à 10 voies dans le nord du Qatar.

Le 27 août, le groupe de télévision BeIN du Qatar annonçait la rachat du bouquet turc Digiturk, en évoquant « la plus grosse acquisition de son histoire ».

Une alliance qui dérange

Au niveau économique, les deux pays profitent d’un partenariat étroit : leurs échanges ont atteint fin 2015 plus de 1,2 milliard de dollars contre 769 millions en 2013, selon des chiffres du gouvernement turc.

Sur le plan politique, le Qatar et la Turquie soutiennent les mêmes groupes en Libye, les Frères musulmans en Egypte et les mêmes rebelles en lutte contre le régime en Syrie.

Leur alliance constitue un contrepoids aux autres puissances régionales, en particulier l’Arabie saoudite et l’Iran, et est vue avec « suspicion » par les Emirats arabes unis, selon M. Ulrichsen.

La Turquie a une base militaire au Qatar qui abrite jusqu’à 3 000 hommes et plus si « besoin est », a déclaré M. Demirok.

« L’axe Qatar-Turquie repose sur un solide terrain d’entente », relève Christopher Davidson, spécialiste du Moyen-Orient à l’Université Durham de Grande-Bretagne. « Les deux pays cultivent l’islam politique à l’intérieur et à l’extérieur pour servir leurs agendas et se voient en partenaires dans la lutte contre les puissances rivales, Ryad ou Téhéran ».

Et même si la base militaire est « symbolique », elle donne « un signal clair à Washington, Téhéran et Ryad qu’Ankara est bien placé pour prendre en charge le rôle (de garant de la sécurité du Qatar) des Etats-Unis dans l’avenir si besoin est », ajoute-t-il.

La question reste posée toutefois sur de possibles failles dans cette relation.

« Il faut garder un oeil » sur l’évolution possible de la position turque sur la Syrie qui semble prête à accepter le maintien au pouvoir du président Assad à court terme, estime M. Davidson.

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