Le roi Felipe VI reçoit le premier ambassadeur de l’État palestinien en Espagne
L'Espagne a adopté depuis le début du conflit à Gaza une position très critique vis-à-vis d'Israël
Le roi d’Espagne Felipe VI a reçu lundi les lettres de créance de Hosni Abdel Wahed, premier ambassadeur en Espagne de « l’État palestinien », après sa reconnaissance par Madrid au mois de mai.
Le chef de l’État espagnol a accueilli Housni Abdel Wahed au palais royal de Madrid pour la cérémonie de remise des lettres de créance, selon des images publiées par la Maison royale sur X.
Hosni Abdel Wahed, qui était chef de la mission diplomatique de la Palestine en Espagne depuis 2022 et jouissait d’un statut similaire à celui d’un ambassadeur, a changé officiellement de rang après la reconnaissance de l’Etat palestinien par Madrid il y a quelques mois.
Le 28 mai, le gouvernement progressiste espagnol, à l’instar de l’Irlande et de la Norvège, a reconnu la Palestine comme un Etat.
Début septembre, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a annoncé que le « premier sommet bilatéral entre l’Espagne et et la Palestine » se tiendrait « d’ici à la fin de l’année ».
L’Espagne a adopté depuis le début du conflit à Gaza une position très critique vis-à-vis d’Israël.
Entrée dans son 12e mois, la guerre a été déclenchée par une attaque du Hamas en Israël qui a fait 1 205 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres officiels israéliens, qui inclut également des otages exécutés en captivité par le Hamas et ses complices.
Sur les 251 personnes enlevées lors de cette attaque, 97 sont toujours retenues dans la bande de Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne.
Géographiquement proche du Maghreb, l’Espagne s’est tournée vers les pays arabes durant la dictature de Franco (1939-1975) afin de contourner son isolement en Occident – une diplomatie dite de « substitution » longtemps cultivée par Madrid, rappelle Juan Tovar, professeur à l’université de Burgos.
Ce n’est qu’en 1986, en outre, que le pays a établi des relations officielles avec Israël. La conséquence de tensions nées de l’opposition de l’Etat hébreu à l’entrée dans l’ONU de l’Espagne au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en raison de sa proximité avec l’Allemagne nazie, rappelle Isaías Barreñada, professeur à l’Université Complutense de Madrid.
Madrid est ensuite allé jusqu’à jouer les médiateurs, accueillant ainsi en 1991 une Conférence de paix, avec pour la première fois l’ensemble des parties arabes en conflit direct avec l’Etat hébreu : Palestiniens, Syriens, Jordaniens et Libanais.
Deux ans après cette conférence, les accords d’Oslo, à travers lesquels Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) se reconnaissaient mutuellement, étaient signés à Washington. Mais globalement, l’Espagne reste perçue par de nombreux acteurs comme pro-arabe.