Le rôle des Casques bleus au Liban « plus important que jamais », selon leur chef
"La cessation des hostilités à Gaza conduirait à la même chose pour ce qui concerne Israël et le Liban," affirme Jean-Pierre Lacroix
Le rôle des forces de maintien de la paix de l’ONU à la frontière israélo-libanaise est « plus important que jamais », a souligné mardi à l’AFP le chef des Casques bleus Jean-Pierre Lacroix, alors que grandissent les craintes d’une escalade militaire au Moyen-Orient.
Dès le début de la guerre à Gaza, le puissant mouvement terroriste du Hezbollah libanais a ouvert un « front de soutien » au Hamas palestinien dans le sud du Liban, échangeant des tirs quotidiens avec Israël depuis le 8 octobre, au lendemain du pogrom mené par son allié et des civils palestiniens.
La communauté internationale est engagée dans une course contre la montre pour éviter une extension régionale du conflit entre Israël et le Hamas, Téhéran et ses alliés ayant promis de riposter aux assassinats du chef politique du Hamas et d’un haut responsable militaire du Hezbollah la semaine dernière, imputés à Israël.
Dans ce contexte hautement inflammable, le rôle de la Force intérimaire des Nations unies au Liban, la FINUL, est aujourd’hui « plus important que jamais », assure le secrétaire général adjoint aux opérations onusiennes de paix.
« C’est le seul canal de liaison entre la partie israélienne et la partie libanaise avec ses composants divers, comme le Hezbollah », a-t-il affirmé.
« C’est fondamental parce que cela nous permet de clarifier et d’éviter des malentendus […] des mauvais calculs, des escalades non contrôlées et non voulues », a précisé le diplomate français.
Les quelque 10 000 soldats de la FINUL basés au sud du Liban peuvent notamment jouer un rôle clé en informant toutes les parties « lorsque, par exemple, il y a des personnes qui sont blessées ou même tuées dans la zone et qu’il faut leur porter secours ou enlever les corps ».
Ils continuent également à effectuer des patrouilles régulières « en liaison avec l’armée libanaise ».
Prise entre deux feux, la FINUL a déjà vu plusieurs de ses membres blessés et des dégâts dans certains de ses camps, selon le responsable onusien.
M. Lacroix a assuré que les Casques bleus restaient sur place pour le moment et que leur présence ne serait reconsidérée que s’il devenait impossible pour eux de mener à bien leur mission ou s’il y avait de « très, très graves menaces » à leur sécurité.
En décembre 2022, un soldat irlandais de la FINUL avait été tué et trois de ses collègues blessés lorsque leur convoi avait été la cible de tirs dans le sud du Liban.
L’attaque menée le 7 octobre contre Israël par le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, a entraîné la mort de 1 197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes.
Jusqu’à présent, les hostilités ont coûté la vie à 26 civils du côté israélien. 18 soldats et réservistes de Tsahal ont aussi été tués. Il y a eu plusieurs attaques qui ont été menées depuis la Syrie, heureusement sans faire de victime.
Pour le responsable onusien, un cessez-le-feu à Gaza est la clé d’une désescalade à la frontière israélo-libanaise.
« Ce que nous souhaitons, c’est une cessation des hostilités aussi bien à Gaza qu’entre le Liban et Israël tout de suite, parce que chaque jour qui passe apporte son lot de victimes, de destructions et de déplacements […] Chaque jour qui passe fait peser un risque absolument terrible d’escalade incontrôlée, de déflagrations dans toute la région », a t-il insisté.
« Probablement après ce qui s’est passé ces derniers jours, les chances de progrès en tout cas à court terme sur la voie d’un accord à Gaza sont faibles », a-t-il déploré, espérant toutefois que « la cessation des hostilités à Gaza conduirait à la même chose pour ce qui concerne Israël et le Liban ».
Une fois le cessez-le-feu en place, les deux parties devront revenir à un « processus de négociation substantiel, réel », pour enfin mettre en œuvre la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU.
Cette résolution, qui avait acté la fin du conflit israélo-libanais de 2006, faisait déjà avant le 7 octobre l’objet de nombreuses violations de la part du Hezbollah qui avait érigé des tentes tout près de la frontière.
M. Lacroix s’est dit confiant dans le renouvellement par le Conseil de sécurité de l’ONU du mandat de la FINUL, qui expire à la fin du mois.