Le Royaume-Uni “déçu” que Netanyahu annule une rencontre prévue avec May
L’ambassadeur adjoint affirme que la résolution 2334 était “suffisamment équilibrée” pour obtenir le soutien de Londres
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
L’ambassadeur adjoint du Royaume-Uni en Israël a exprimé lundi sa « déception » après la publication d’articles annonçant que le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait annulé une rencontre prévue avec son homologue britannique Theresa May pour protester contre le soutien de Londres à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui condamne la construction dans les implantations de Cisjordanie.
Le bureau de Netanyahu a démenti dimanche soir avoir annulé une rencontre avec May le mois prochain en marge du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, affirmant qu’aucun rendez-vous n’avait été pris. Mais l’ambassadeur britannique adjoint à Tel Aviv, Tony Kay, a déclaré au Times of Israël qu’une rencontre était prévue, et que Jérusalem n’avait pas informé Londres qu’il prévoyait de l’annuler.
Kay a exprimé à la radio militaire sa tristesse que les dirigeants ne se contactent pas.
« C’est une déception que le gouvernement d’Israël ait annoncé que le Premier ministre Netanyahu ne voulait pas avoir de conversation avec la Première ministre May », a déclaré Kay.
Kay a déclaré au Times of Israël qu’il espérait que Netanyahu et May se rencontreraient tout de même, à Davos ou ailleurs.

« Davos est une opportunité où sont présents beaucoup de dirigeants mondiaux, et notre Première ministre aura des conversations avec beaucoup de dirigeants étrangers, y compris, je l’espère, avec le Premier ministre Netanyahu, a-t-il déclaré. Nous restons optimistes et espérons qu’une telle conversation prendra place entre les Premiers ministres, que ce soit à Davos ou ailleurs. »
Les médias israéliens ont annoncé dimanche que Netanyahu devait rencontrer May au Forum économique mondial de Davos entre le 17 et le 20 janvier, mais que cela n’aurait pas lieu parce que le Royaume-Uni, aux côtés de 13 autres membres du Conseil de sécurité, avait voté en faveur de la résolution 2334, qui demande l’arrêt de toute activité d’implantation israélienne, et que le Premier ministre a trouvé « honteuse ».
Les Etats-Unis n’ont pas apposé leur veto à cette résolution, et leur abstention a permis le vote de la résolution.
Des responsables proches de Netanyahu ont démenti cette information, affirmant que le Premier ministre avait simplement dit à ses ministres de « moins voyager » dans un futur proche dans les pays qui avaient voté contre Israël, ont déclaré les responsables.
Kay a déclaré que malgré le rejet apparent, il voyait l’opportunité que Londres et Jérusalem restent des partenaires forts.
« Tout ce que je peux dire, c’est que nous accueillons toute opportunité pour développer une relation très forte et diversifiée avec Israël », a déclaré Kay.
« Nous voulons avoir des conversations avec nos homologues israéliens à tous les niveaux pour faire progresser la relation commerciale et d’investissement et la relation technologique que nous avons développées, et nous restons ouvert à une conversation n’importe quand et n’importe où », a-t-il déclaré.
L’ambassadeur britannique en Israël, David Quarrey, est actuellement au Royaume-Uni pour Noël, et rentrera en Israël en janvier. En son absence, c’est Kay, son adjoint, qui a été convoqué dimanche à Jérusalem pour se faire réprimander par la directrice du bureau de l’Europe occidentale du ministère des Affaires étrangères, Rodica Radian-Gordan, et une brève conversation avec le directeur politique du ministère, Alon Ushpiz.
« Les responsables du ministère ont exprimé leur déception et leur scandale devant le vote de la résolution, et ont également parlé de leur opinion, qu’elle [la résolution] compromet la légitimité d’Israël et ignore l’histoire », a déclaré Kay.
La rencontre entre les deux Premiers ministres n’a pas été abordée, a-t-il déclaré, ni aucune des autres répercussions israéliennes.
Ses conversations avec les responsables israéliens ont été une « opportunité utile » pour lui de répéter la position de Londres sur le conflit israélo-palestinien, a-t-il déclaré.
« Le Royaume-Uni reste et restera toujours un ami proche et cher d’Israël », et rejette le boycott ou « tout effort pour délégitimer ou compromettre » l’Etat juif, a-t-il déclaré. Faisant écho aux propos de l’ambassadeur britannique aux Nations unies, Matthew Rycroft, tenus vendredi devant le Conseil de sécurité, Kay a répété l’ « engagement inconditionnel [du gouvernement britannique] à la sécurité d’Israël et à son existence en tant que foyer national juif. »
Parallèlement, le Royaume-Uni considère que les implantations israéliennes situées à l’est des lignes de 1967, y compris dans la Vieille Ville de Jérusalem, sont illégales et sont un obstacle à la paix. De plus, a-t-il ajouté, la résolution 2334 ne condamne pas uniquement les implantations, mais appelle également à un arrêt des violences et des incitations [à la violence].

« Nous avons travaillé dur pour un texte équilibré, et nous pensons que ce texte était suffisamment équilibré pour obtenir un vote favorable du Royaume-Uni », a déclaré Kay.
Kay a déclaré qu’être appelé à Jérusalem pour une réprimande était une conséquence attendue du vote de Londres, mais a ajouté qu’il n’avait été que légèrement dérangé par cette convocation.
« Je suis un diplomate, et quand je suis à l’étranger, je travaille 24h/24 et 7j/7 pour représenter le Royaume-Uni, a-t-il déclaré. J’ai décalé mon dîner de Noël de deux heures, mais quand le ministère a expliqué que j’allais être appelé hier, j’ai évidement dû suivre cette instruction. Je préfèrerais ne pas être appelé le jour de Noël, mais c’était simplement deux heures dans la matinée, donc ce n’est pas un gros problème. »
May, Première ministre conservatrice du Royaume-Uni, est connue comme une amie fervente d’Israël. Il y a deux semaines, elle avait rendu hommage au pays, affirmant qu’il était un « phare de tolérance ».
Elle avait déclaré que les relations britanniques avec Israël étaient « cruciales », promis de porter les relations commerciales bilatérales à de nouveaux sommets, et décrit la déclaration Balfour de 1917, qui expose le soutien de Londres à un foyer national juif en Palestine, comme « l’une des lettres les plus importantes de l’Histoire ».
Dans un message de Hanoukka diffusé la semaine dernière, May avait promis de se tenir aux côtés de la communauté juive et de lutter contre les préjugés de tous types.

Dimanche après-midi, Netanyahu a appelé l’ambassadeur américain Dan Shapiro pour qu’il « clarifie » la position des Etats-Unis, qui n’ont pas apposé leur veto pendant le vote de vendredi.
Netanyahu, qui a publiquement accusé le président américain Barack Obama d’avoir « piégé » Israël aux Nations unies avec cette résolution « honteuse », aurait dit dimanche à ses collègues que la lutte diplomatique n’était pas encore terminée. Le Premier ministre craint que, dans ses derniers jours, l’administration Obama ne cherche à obtenir une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui consacrerait les paramètres suggérés par le secrétaire d’Etat américain John Kerry, a annoncé la Deuxième chaîne dimanche soir. Cette information n’a pas été confirmée.
Dimanche, Netanyahu a ordonné que le ministère des Affaires étrangères convoque les ambassadeurs des états qui ont soutenu la résolution pour une réprimande. Dix diplomates ont été appelés le matin de Noël pour une remontrance des directeurs régionaux respectifs du ministère, a déclaré Emmanuel Nahshon, le porte-parole des Affaires étrangères.
Netanyahu a également répété son intention de cesser le financement de différentes agences des Nations unies, et de prendre des mesures « supplémentaires » pour punir les états qui ont soutenu la résolution. Il a déclaré avoir ordonné qu’un rapport du ministère des Affaires étrangères réévaluant toute la relation d’Israël avec les Nations unies soit remis au cabinet sous 30 jours.

Samedi, Netanyahu, qui est aussi ministre des Affaires étrangères, a annulé la visite en Israël du Premier ministre ukrainien, Volodymyr Groysman, après le vote du pays.
Il a également ordonné toute une série de mesures punitives contre la Nouvelle-Zélande et le Sénégal, deux des quatre pays qui ont présenté la résolution. Netanyahu a rappelé les ambassadeurs de ces deux pays à Jérusalem pour des consultations.
Il a annulé la visite prévue du ministre sénégalais des Affaires étrangères, et a ordonné au ministère des Affaires étrangères d’annuler tous les programmes d’aide au pays africain. Il a également ordonné l’annulation des visites en Israël des ambassadeurs non résidents du Sénégal et de Nouvelle-Zélande.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.