Le salon européen de l’alyah pour les professionnels de la santé aimerait palier le manque de médecins en Israël
Des centaines de personnes ont participé à la première édition de MedEx à Paris, alors qu'elles envisagent de quitter la France dans un contexte d'antisémitisme sans précédent
PARIS – Au milieu de la toute première édition sur l’immigration en Israël – ou alyah – destinée aux professionnels de la santé en Europe, le Dr. Jacob Haviv, directeur-général du centre hospitalier Herzog basé à Jérusalem, a qualifié l’arrangement de « gagnant-gagnant ».
Haviv et des représentants de tous les grands hôpitaux et établissements médicaux d’Israël se sont rendus à Paris le week-end dernier pour rencontrer des professionnels de la santé français qui envisageaient de faire leur alyah.
« Je suis ici pour répondre à l’énorme besoin de mon hôpital et de mes patients, mais aussi pour aider les Juifs qui veulent immigrer », a déclaré Haviv en souriant. « Je fais de mon mieux pour les aider, même s’ils ne viennent pas dans mon hôpital. »
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L’événement, qui a eu lieu dimanche dernier, faisait partie de la série d’expositions MedEx organisées par Nefesh B’Nefesh pour aider à accélérer le processus d’alyah pour les professionnels de la santé, qui nécessitent souvent plus d’attention que le candidat moyen à l’immigration en raison des procédures d’équivalence des diplômes qui peuvent s’avérer très complexes.
Lors du MedEx de Paris, 400 participants se sont rassemblés pour faire du speed-dating professionnel, explorer des opportunités et en apprendre davantage sur la façon de naviguer dans la bureaucratie israélienne.
« Je suis venue ici pour en savoir plus sur les possibilités d’emploi et les équivalences. Je suis déjà venue plusieurs fois en Israël pour des vacances ou pour voir de la famille, mais la prochaine fois sera différente. Ce sera le début d’une nouvelle vie », a déclaré une doctoresse qui a demandé à rester anonyme.
Israël cherche également à pallier la grave pénurie de main-d’œuvre dans le secteur médical. Le ministère de la Santé israélien a récemment publié un rapport qui fixe le nombre de médecins à 3,4 pour 1 000 habitants à la fin de 2022, soit moins que la moyenne de l’OCDE (3,7).
« De nombreux médecins russes sont venus en Israël dans les années 80 et 90, mais ils sont aujourd’hui à la retraite. La population a également augmenté. Les besoins sont donc énormes », explique Marc Rosenberg, vice-président des partenariats avec la Diaspora chez Nefesh B’Nefesh, une organisation semi-gouvernementale visant à faciliter l’immigration en Israël, principalement en provenance d’Amérique du Nord.
« Nous savons que nous avons un problème avec les médecins en Israël », a déclaré Avichaï Kahana, directeur-général du ministre de l’Immigration et de l’Intégration, qui était présent à l’événement. « En 2026, il y aura une grave pénurie de médecins, c’est pourquoi nous avons lancé ce projet spécial avec les ministères de la Santé, de l’Immigration et de l’Intégration et Nefesh B’Nefesh pour faire venir plus de 2 000 médecins en cinq ans. »
Il a ajouté qu’étant donné le grand enthousiasme des participants, des événements similaires pourraient être organisés à l’avenir.
Essayer d’adoucir l’atterrissage
L’événement a également été l’occasion de mieux préparer les candidats potentiels à la réalité post-immigration. La langue reste un défi majeur pour les olim hadashim – ou nouveaux arrivants -, qui ont besoin de compétences en hébreu pour s’intégrer dans leur nouvelle société.
« Nous avons des cas de personnes qui ont fait leur alyah pendant quelques mois et qui ont ensuite abandonné. Il ne faut pas le cacher, c’est aussi une réalité », a déclaré Julie Dziesietnik, de Qualita Hub de l’emploi, une organisation qui aide les immigrants francophones.
L’immigration peut s’avérer encore plus difficile pour les conjoints des professionnels de la santé qui souhaitent s’installer, a souligné Dziesietnik.
« Nous essayons d’abord de savoir si leur profession est exportable ou non. Ensuite, très souvent, nous les réorientons, nous faisons un bilan de compétences et nous trouvons une profession qui peut fonctionner sur le marché israélien », dit-elle. « Tout n’est pas facile, et la pression financière joue également un rôle. »
Un autre problème est la réputation peu reluisante que le secteur médical israélien a auprès de nombreux étrangers – une réputation que la Dr. Yaël Saal, de la caisse de santé Leumit, estime ne pas être entièrement méritée.
« Je connais la réputation des médecins israéliens, notamment le fait qu’ils ne gagnent pas beaucoup d’argent », a noté Saal, qui a fait le voyage en France pour rassurer les candidats. « Il y a beaucoup de suppositions et d’idées préconçues parmi les médecins. Je voulais essayer de corriger ces fausses idées et être en mesure de dire que nous avons besoin de médecins et qu’ils pourront travailler et s’épanouir professionnellement et personnellement. »
De nombreux participants ont déclaré au Times of Israel que l’une des principales raisons de leur désir de faire leur alyah était le climat de peur qui règne en France et qui s’est intensifié depuis l’assaut barbare mené par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, au cours duquel près de 1 200 personnes ont été massacrées dans le sud d’Israël et 253 autres ont été enlevées et emmenées dans la bande de Gaza.
« La guerre a ravivé ce désir de faire l’alyah, mais nous voulons surtout partir en raison du climat d’antisémitisme qui existe en France, en particulier à Paris », a déclaré Ronen, 31 ans, un médecin originaire de la banlieue parisienne qui envisage de sauter le pas avec son épouse. « C’est le pays qui est dans nos cœurs – nous n’allons pas nous mentir ; il n’y a pas un Juif dans le monde qui n’ait pas de lien avec Israël. »
Soins urgents
La recherche de spécialistes de la santé mentale est peut-être la plus urgente – et elle l’est d’autant plus depuis le début de la guerre.
« Le plus grand défi actuel est celui de la santé mentale, qui devient énorme. Nous avons ouvert une clinique spéciale pour les soldats, mais nous avons également besoin de personnes capables d’aider ceux qui les aident », a expliqué Haviv, ajoutant que s’il le pouvait, il embaucherait immédiatement cinq psychiatres et vingt psychologues.
Une psychiatre marseillaise de 48 ans, qui s’est rendue à Paris spécialement pour cet événement MedEx, pourrait être l’un d’entre eux.
« Savoir qu’il y a une pénurie est d’un côté rassurant parce qu’on se dit qu’on aura du travail, mais d’un autre côté, imaginer un hôpital où il y a très peu de médecins et où l’on va déborder de travail n’est pas l’idéal », a déclaré la médecin, qui a préféré garder l’anonymat, mais a souligné qu’elle souhaitait immigrer en Israël dans les mois à venir. « Il faut peser le pour et le contre pour éviter une charge de travail insensée. »
L’événement a également rassemblé des jeunes, dont beaucoup ont souligné le stress mental qu’ils subissent depuis les atrocités du 7 octobre, alors que les niveaux d’antisémitisme déjà élevés continuent d’augmenter en France, imposant un climat de peur parmi les Juifs du pays.
Anaëlle, 24 ans, étudiante en médecine dentaire, n’a même pas encore terminé ses études qu’elle envisage déjà de partir.
« Avec tout ce qui se passe, je ne veux pas rester ici. Je me suis toujours sentie plus en sécurité en Israël que partout ailleurs dans le monde, même en temps de guerre », a-t-elle affirmé.
Une forte présence policière était visible lors de l’événement, afin d’éviter des perturbations telles que celles qui se sont produites lors du dernier événement sur l’alyah en décembre dernier à Lyon, lorsque des dizaines de manifestants anti-Israël se sont heurtés à la police à l’extérieur du site, bloquant temporairement les participants.
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