Le scénario catastrophe de Michael Oren entre Israël et l’Iran
Une erreur mineure de Jérusalem pourrait entraîner une guerre dévastatrice, avec des tirs de roquettes écrasant sa défense, écrit l'ancien député Koulanou
L’ancien ambassadeur aux Etats-Unis et ancien député Koulanou Michael Oren a décrit à l’aide de détails glaçants comment un conflit entre Israël et l’Iran pourrait facilement se déclencher et se transformer en un embrasement massif, dévastant l’Etat juif et les autres pays de la région.
Israël se prépare déjà à un conflit avec le régime islamique et a mené des centaines de frappes contre des cibles liées à l’Iran au Liban, en Syrie et en Irak. Une simple erreur de calcul lors de ces frappes serait susceptible d’entraîner des ripostes de l’Iran, a averti Oran dans une chronique publiée dans le journal The Atlantic, lundi.
Un bombardement de l’armée israélienne pourrait, par inadvertance, toucher une cible sensible ou un responsable israélien pourrait sortir du rang et dire quelque chose d’embarrassant pour l’Iran suite à une attaque, a expliqué Oren.
L’Iran pourrait alors répondre par une frappe, à l’aide de missiles de croisière, contre une cible critique, comme le siège de l’armée israélienne de Tel Aviv, déclenchant des représailles massives contre le Hezbollah à Beyrouth ou au sud-Liban.
Les roquettes pourraient alors pleuvoir sur Israël, à un taux pouvant atteindre les 4 000 par jour. Le système de défense antimissiles du Dôme de fer serait débordé par les projectiles s’abattant sur des cibles civiles et militaires dans tout le pays, a dit Oren, qui a servi à Washington de 2009 à 2013.

De plus, des missiles iraniens de précision pourraient faire des ravages, le système de défense de la Fronde de David – à même de les stopper – n’ayant pas été testé dans un contexte de combat et une seule interception coûtant un million.
Des raids menés à proximité de l’aéroport international Ben Gurion pourraient mettre ce dernier à l’arrêt et les ports du pays pourraient être fermés, coupant l’Etat juif de l’extérieur. Les cyber-attaques iraniennes pourraient parvenir à venir à bout du réseau d’électricité.
Les terroristes, sur le terrain, pourraient frapper les communautés frontalières. L’économie cesserait alors de fonctionner, les hôpitaux seraient débordés et les dommages commis dans les usines et les raffineries pourraient entraîner la propagation de produits chimiques toxiques dans l’environnement.
L’armée devrait alors affronter des attaquants sur les frontières que partage Israël avec le Liban et Gaza tandis que des missiles à longue-portée seraient lancés sur le territoire depuis la Syrie, l’Irak, le Yémen et l’Iran – certains hors de portée de l’armée de l’air israélienne, qui serait également obligée de lutter contre les défenses antiaériennes russes en Syrie.
L’infanterie israélienne devrait s’engager dans des combats urbains au Liban et à Gaza et ses forces spéciales devraient être envoyées à grande distance des frontières avec la Syrie et l’Irak, ses missiles bombardant l’Iran, a encore écrit Oren.

mai exercice militaire, sur le plateau du Golan (Crédit : AFP PHOTO / JALAA MAREY)
La réponse israélienne ferait de nombreuses victimes civiles, entraînant des accusations de crimes de guerre tandis que les mouvements de protestation, en Cisjordanie, donneraient lieu à une réponse dure de la part des soldats sur le terrain.
La réaction américaine serait un facteur déterminant – en ce qui concerne l’approvisionnement en munitions, le soutien légal et le soutien apporté, après la guerre, dans les négociations de cessez-le-feu, de retraits, d’échanges de prisonniers et d’accords de paix.
Dans l’histoire, les Etats-Unis ont offert ces trois piliers de soutien à Israël lorsque l’Etat juif en avait besoin, a écrit Oren et cela pourrait être encore le cas.
Il est difficile de dire si Washington interviendrait au niveau militaire pour aider Jérusalem, a-t-il ajouté.
Israël a une relation forte avec l’administration Trump et bénéficierait probablement d’un appui significatif si nécessaire, a poursuivi Oren, même si la politique mise en oeuvre par l’actuelle administration américaine complique la situation.
« En 1973, l’Egypte et la Syrie avaient connu un président préoccupé par une procédure d’impeachment et ils en avaient conclu que l’Etat juif était vulnérable. Dans la guerre qui avait suivi, Israël avait dominé – mais à un prix insupportable. La prochaine guerre pourrait s’avérer encore plus coûteuse », a écrit Oren.