Le sénateur Roger Karoutchi défend Israël devant le ministre Jean-Noël Barrot
Le président du groupe d’amitié France-Israël au Sénat a interpellé le gouvernement sur sa politique au Proche-Orient, et critiqué l'annonce d'Emmanuel Macron sur les livraisons d'armes à Israël
Le sénateur Les Républicains (LR) Roger Karoutchi a profité de la session des questions au gouvernement pour interpeller celui-ci sur la politique diplomatique de la France vis-à-vis d’Israël.
« Il y a trois jours, l’Élysée a publié un communiqué réaffirmant l’amitié indéfectible de la France à l’égard d’Israël. Pourriez-vous nous expliquer cette formule ? », a demandé le parlementaire à Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, le 9 octobre.
La question du président du groupe d’amitié France-Israël au Sénat intervient quatre jours après une déclaration d’Emmanuel Macron dans laquelle il se prononçait pour l’arrêt des livraisons d’armes utilisées par Israël dans le conflit à Gaza. Cette annonce a été faite seulement deux jours avant les commémorations du pogrom du 7 octobre, où plus de 1 300 Israéliens ont perdu la vie.
Face à lui, le chef de la diplomatie française a énuméré les soutiens apportés par la France à l’État hébreu : « Lorsque le Hamas a perpétré contre Israël le pire massacre antisémite de notre histoire depuis la Shoah, la France a sanctionné les responsables du Hamas. Lorsque l’Iran prend pour cible ou déclenche une attaque balistique d’envergure contre Israël, la France mobilise ses moyens militaires pour y faire face, comme ce fut le cas en avril ou tout récemment au mois d’octobre », a rappelé Jean-Noël Barrot.
Israël : « La France est attachée de manière indéfectible à la sécurité d’Israël, et ce ne sont pas que des mots, ce sont des actes », assure @jnbarrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. #QAG pic.twitter.com/9npWWcJUx4
— Public Sénat (@publicsenat) October 9, 2024
Le ministre a poursuivi : « L’Iran menace la sécurité d’Israël en développant son programme nucléaire. C’est encore la France qui est en première ligne des efforts internationaux pour faire échec à ce programme nucléaire iranien », avant de tempérer.
« Ce que nous considérons aujourd’hui, c’est que la force seule ne peut suffire à garantir la sécurité d’Israël et des Israéliens, et que le recours à la force doit désormais céder la place au dialogue et à la diplomatie. C’est pourquoi la France, comme la plupart des pays du monde, appelle aujourd’hui à un cessez-le-feu, pour que la force laisse place à la diplomatie et au dialogue, à Gaza comme au Liban. Lorsqu’on appelle à un cessez-le-feu, on ne peut pas en même temps fournir des armes offensives aux belligérants, quels qu’ils soient. La position de la France est constante sur ce sujet : c’est une question de cohérence. La France reste fidèle à sa position, celle d’être aux côtés d’Israël et attachée à sa sécurité », a déclaré Barrot.
Visiblement peu convaincu, le sénateur a protesté : « Monsieur le Ministre, être amis, c’est se dire les vérités. C’est dire comment la France envisage l’avenir de Gaza ou du Liban. Mais ce n’est sûrement pas, deux jours avant la commémoration du 7 octobre, dire à Israël qu’il n’aura plus d’armes. »
« Surtout quand la France n’en livre pas, mais continue à en livrer à certains pays comme le Qatar », a précisé Karoutchi.
Le parlementaire a également rappelé : « Depuis le 8 octobre de l’année dernière, le Hezbollah bombarde quotidiennement les villes du nord d’Israël, et cela dans une indifférence quasi générale. C’est inacceptable. Quel pays au monde accepterait que ses villes soient bombardées tous les jours sans qu’on lui dise de ne surtout pas réagir ? » Une critique à peine voilée contre le président de la République. Le 19 septembre, Emmanuel Macron avait adressé un message au peuple libanais pour lui apporter son soutien « fraternel » après l’opération des « bipeurs », sans mentionner une seule fois le Hezbollah. Depuis, le chef de l’État réitère régulièrement ses appels au cessez-le-feu à Gaza et au Liban.
Libanaises, Libanais, mes chers amis.
Dans la confusion, dans le chagrin, l'espoir est une denrée rare. Dans cette confusion, dans ce chagrin, la France se tient à vos côtés. pic.twitter.com/r2uIbnzItU
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) September 19, 2024
Il a ajouté qu’Israël « regarde beaucoup la France ». « Faites en sorte que les Israéliens retrouvent l’adresse de la France », a-t-il affirmé.
Depuis le 7 octobre, Roger Karoutchi a manifesté un soutien indéfectible à Israël. Il s’est d’ailleurs présenté au Sénat en arborant le ruban jaune instauré par le Forum des familles pour demander le retour des otages israéliens toujours captifs dans la bande de Gaza.
En mai, il avait déjà interpellé le gouvernement sur le soutien de la France à la Cour pénale internationale, après que son procureur, Karim Khan, a réclamé des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien, le ministre israélien de la Défense, ainsi que contre trois dirigeants du Hamas.
« Monsieur le ministre. À force d’en même temps, plus personne ne vous entend. À l’ONU – alors c’est vrai que cette organisation, le “machin” comme disait de Gaulle, a beaucoup évolué : il y a un comité des droits de l’Homme présidé par l’Iran, un comité des droits de la femme présidé par l’Arabie saoudite, un comité de décolonisation dont le rapporteur est le représentant de la Syrie de Bachar Al-Assad, ce comité qui demande régulièrement, d’ailleurs, l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie… Le secrétaire général a demandé une minute de silence pour le boucher de Téhéran [Ebrahim Raïssi]. Ma foi, l’ambassadeur de France y a participé volontiers, visiblement », avait déploré le sénateur.