Le sergent Gali Shakotaï, 21 ans : L’enfant du désert « à la curiosité inépuisable »
Il a été tué le 7 octobre alors qu'il luttait contre le Hamas à l'avant-poste militaire de Sufa
Le sergent Gali Roy Shakotaï, 21 ans, un soldat de la brigade Nahal qui était originaire de Tzofar, dans le sud d’Israël, a été tué le 7 octobre alors qu’il se battait contre les hommes armés du Hamas à l’avant-poste militaire de Sufa, aux abords de Gaza.
Son oncle, Moti Shakotaï, a expliqué au micro de la radio militaire que Gali venait de terminer son tour de garde, à quatre heures du matin, et de s’endormir quand l’attaque avait commencé : « Il n’a pas pris le temps de passer son uniforme, mais il a toutefois pris son casque, sa veste et ses chaussures et il est parti combattre ». Moti a raconté que Gali était parvenu à secourir certains de ses camarades qui avaient été blessés et qu’il les avait amenés dans un entrepôt, à l’abri des regards, avant de retourner sur la ligne de front où il a été tué.
Il a été inhumé le 12 octobre au cimetière de Tzofar, une petite ville du sud du pays, qui est située le long de la frontière avec la Jordanie. Il laisse derrière lui ses parents, Osher et Reuven (Rubi), et une fratrie, Noam, Shiraz et Talia. Il était l’aîné.
Avant de rejoindre l’armée, Gali avait fait un an de service national, travaillant avec des jeunes en difficulté qui avaient du mal à évoluer au sein de la société traditionnelle. Selon sa famille, il avait adoré grandir dans le désert, explorant le secteur en VTT et se familiarisant avec cette terre qui était la sienne. Lorsqu’il avait intégré les rangs de Tsahal, il avait fait des pieds et des mains pour entrer dans une unité de combat.
Le sergent Roy Elias, un ami d’enfance, est tombé au champ d’honneur dans le sud de Gaza, le 23 décembre, et il a été enterré près de Gali.
La sœur d’Elias, Hadar, a confié au site d’information Ynet que quand son frère avait appris le décès de Gali, le 7 octobre, « la première chose qu’a dit Roy a été : ‘Mais qu’est-ce que je vais devenir sans lui ?. »
« Il m’avait écrit sur WhatsApp : ‘Je n’en peux plus, je le vois partout où je vais’. Il était véritablement bouleversé, il n’arrêtait pas d’aller sur sa tombe », a-t-elle ajouté.
La tante de Gali, Isabel Shakotaï, a écrit sur Facebook un hommage, évoquant « notre Gali, avec tes grands yeux rieurs, remplis de gentillesse, qui étaient comme une fenêtre ouverte sur ton cœur énorme qui était rempli de bonté, seulement de bonté. Tu laisses un vide énorme dans nos cœurs, toi, notre héros, notre héros bien-aimé. Mais ne sois pas inquiet, nous saurons remplir ce vide par tous les beaux souvenirs que tu laisses derrière toi et que personne ne pourra jamais nous prendre ».
Un éloge funèbre qui a été lu lors de son enterrement au nom de la communauté de Tzofar a aussi évoqué « un jeune homme rempli d’amour. Un petit garçon et un adolescent au regard brillant qui parvenait à inspirer la confiance et la joie de vivre pure chez tous les enfants et chez tous les adultes qu’il rencontrait. Jusqu’à son dernier jour, Gali a choisi d’agir pour le compte des autres. Il avait cette capacité de rendre les gens heureux, de les faire rire et de tendre une main sensible et chaleureuse à tous les amis qui avaient besoin de lui ».
Gali, continuait le texte, était « un enfant du désert qui adorait ce désert que surplombait le jardin de sa maison. A chaque occasion et à chaque rencontre avec des amis, il choisissait d’aller à l’extérieur, parfois sur son VTT qui faisait du bruit dans le désert et parfois avec des amis, et ils emportaient du vin et la cafetière, ils s’asseyaient – ils adoraient cette vie dans les espaces interminables dans lesquels ils avaient grandi ».
Le cousin de Gali, Aviv, s’est pour sa part souvenu sur Facebook du « Gali de l’Arava et de la nature, de celui qui aimait les animaux et qui avait des connaissances encyclopédiques. Gali qui adorait s’amuser, qui testait toutes les limites, qui créait à partir de rien – peu importe où se porte mon regard dans le jardin de Rubi et d’Osher, j’aperçois quelque chose que Gali avait fabriqué, ou trouvé et réparé ».
Aviv a ajouté que « je lui demandais tout le temps qu’il m’emmène me promener en VTT et qu’il me montre les endroits secrets et sympas de l’Arava. Je le demandais à Gali, qui était épuisé, qui venait de revenir de l’armée ou du service national – mais qui avait toujours la force de s’occuper d’un cousin qui lui demandait une faveur. Tu répondais oui parce que ton cœur énorme te le dictait. Tu donnais à tout le monde l’impression d’être spécial, d’être important à tes yeux ».
Alors que les hommages et les témoignages se multipliaient, a raconté Aviv, « je me suis dit que tu étais encore tellement vivant : Comment était-ce possible pour quelqu’un qui vient tout juste de mourir ? Tu as donné au monde ton émotion et toute ton énergie, ta curiosité inépuisable qui t’a fait vivre un nombre d’expériences qu’il faut habituellement toute une vie pour vivre – c’est en tout cas ce dont je veux me convaincre moi-même ».