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'Je n'aurais jamais pu faire ce que j'ai fait sans Keith'

Le Sir juif méconnu derrière la révolution Thatchériste britannique

Né il y a 100 ans dans la haute société, Sir Keith Joseph a formé un étrange tandem politique avec Thatcher. Le duo a changé la politique du Royaume-Uni pour toujours

Margaret Thatcher, Premier ministre conservateur britannique, entre pour la première fois au 10 Downing St. (Getty Images)
Margaret Thatcher, Premier ministre conservateur britannique, entre pour la première fois au 10 Downing St. (Getty Images)

LONDRES — Pour Margaret Thatcher, il était très simplement le « plus grand homme de l’Angleterre ». Et tandis que la propension à l’hyperbole de feu la Première ministre pouvait prendre le dessus sur elle à certaines occasions, Sir Keith Joseph a été toutefois l’une des personnalités les plus significatives de l’histoire politique britannique moderne.

Né il y a 100 ans cette année, Joseph a été le mentor de Thatcher, son gourou idéologique et son âme sœur politique. Sans lui, la « révolution de Thatcher » des années 1980 – qui avait cherché à réduire drastiquement les impôts, à réprimer les syndicats surpuissants et à privatiser les industries d’Etat non profitables – aurait pu ne jamais avoir lieu.

Et bien sûr, cette expérimentation menée dans l’économie de libre-échange lancée par le gouvernement Thatcher lorsqu’elle a pris ses fonctions au mois de mai 1979 est allée bien au-delà des rives de la Grande-Bretagne. Imité par des admirateurs, injurié par des détracteurs dans le monde entier, le « Thatchérisme » a été le résultat du travail d’un grand nombre – mais personne n’aura œuvré en sa faveur davantage que Joseph.

C’était une dette que Thatcher reconnaissait pleinement. Dans le premier volume de ses mémoires – qui étaient consacrées à Sir Joseph – l’ancienne Première ministre avait écrit tout simplement : « Je n’aurais jamais pu devenir cheffe de l’opposition ou réaliser ce que j’ai fait lorsque j’étais Première ministre sans Keith ».

De la part d’une femme qui n’avait pas pour habitude de partager le mérite de ses accomplissements lorsqu’elle était à la tête de son gouvernement, de tels hommages étaient rares.

Joseph était néanmoins le plus improbable des révolutionnaires et son alliance avec Thatcher l’avait été tout autant.

Né dans une famille juive anglaise favorisée et bien établie, le père de Joseph n’était pas simplement un entrepreneur à succès, il était aussi parvenu à suffisamment s’élever dans la sphère politique londonienne pour devenir lord-maire de Londres (à ne pas confondre avec la fonction de maire) en 1942.

La famille ne s’était d’ailleurs pas confinée à la politique municipale : Des parents proches — Isidore Salmon et Louis Gluckstein — étaient devenus membres du Parlement dans les années 1930 et 1940.

Si Joseph n’était pas un révolutionnaire de naissance, il ne l’était pas non plus de tempérament. Sir Alfred Sherman, un Juif qui devait tenir un rôle important dans le parcours politique de Joseph comme dans l’ascension au pouvoir de Thatcher devait évoquer plus tard dans ses écrits la « tendance à faiblir sous la pression » de son allié. Il manquait également d’un élément crucial de la panoplie révolutionnaire – la confiance absolue dans sa cause.

21 juin 1979: Le Premier ministre britannique Margaret Thatcher siège avec son nouveau cabinet au n° 10 Downing Street à Londres. (Getty Images)

Pour le journaliste David Lipsey, Joseph a montré « un sens très juif de la culpabilité personnelle qui l’a rendu dur envers lui-même jusqu’à l’absurde ».

Ces traits ne sont pas communément associés à la Dame de fer. Que ce soit lors de ses batailles contre les Argentins dans l’Atlantique sud, contre les mineurs du nord de l’Angleterre ou les fonctionnaires à Whitehall, Thatcher aura goûté aux conflits. Et Joseph s’est écarté de son chemin pour les éviter.

Mais ces deux personnalités ne différaient pas seulement en cela. Thatcher était la fille d’un épicier et était issue du bas de la classe moyenne, d’un foyer méthodiste et provincial. Joseph était originaire de la classe supérieure, juive et métropolitaine.

La future Première ministre avait porté un intérêt précoce à la politique, se pressant de rejoindre l’Association des conservateurs de l’Université d’Oxford, se délectant lors de sa première conférence du parti conservateur et arrachant son premier siège parlementaire à l’âge de 24 ans seulement.

En contraste, Joseph avait passé ses années d’université à jouer au cricket – Il « s’intéressait à de nombreux sujets mais pas nécessairement politiques de manière identifiable », avait suggéré un observateur qui l’avait rencontré peu de temps après la guerre – et il n’avait pas cherché à entrer à la Chambre des communes avant l’âge de 37 ans.

Malgré cette multitude de différences, Joseph et Thatcher partageaient toutefois un attribut commun. En effet, comme je l’affirme dans le livre que j’ai récemment publié : Margaret Thatcher : Honorary Jew, cette perception d’elle-même allait former un élément important dans le lien entretenu par la Première ministre avec la communauté juive britannique.

A Oxford, elle avait subi le snobisme des personnalités éduquées à l’école publique qui dominaient l’Association des conservateurs, tandis que les libéraux intellectuels de l’université lui montraient un dédain similaire.

« Nous nous divertissions beaucoup durant les week-end », s’était souvenu plus tard le principal de son collège, « mais elle n’était pas invitée. Elle n’avait rien pour apporter sa contribution, voyez-vous ».

L’université d’Oxford. Illustration. (Crédit : Shutterstock)

Lorsqu’elle s’est mise en quête d’un siège parlementaire sûr, Thatcher, qui était alors une toute jeune mère, a dû affronter des rejets répétés.

Même une fois qu’elle est entrée au Parlement, avait écrit Thatcher dans ses mémoires, aux yeux de l’establishment ultra-favorisé qui dominait le parti conservateur, elle avait été « offensante à de nombreux niveaux » – à cause de sa classe sociale, de son sexe et de son respect pour les « valeurs et vertus de la classe moyenne anglaise ».

L’ascension rapide de Joseph à travers les rangs des Tories, six années après avoir été élu comme député au début de l’année 1956 alors qu’il était membre du cabinet de MacMillan, avait suggéré qu’aucun pareil obstacle ne se trouvait au travers de sa route. Le jeune ministre fringant avait même été qualifié de « Jack Kennedy Tory ».

Néanmoins Joseph avait profondément conscience du fait que, comme il devait le dire plus tard, un Juif devait pour réussir « allumer les quatre cylindres ». Son éducation pouvait avoir été immensément privilégiée, mais elle contenait également ses défis à relever.

A l’école primaire, dans le privé, Joseph avait subi un harcèlement verbal antisémite. Adolescent, il avait vu son père subir une campagne électorale vicieuse sous forme de chasse aux Juifs de la part d’un opposant politique. Et même si la famille Joseph n’avait jamais connu les manifestations de haine anti-juive les plus violentes parfois expérimentées par les Juifs de la classe ouvrière de l’est de Londres pendant les années 1930, elle avait néanmoins eu conscience du drame européen qui se préparait.

Un grand nombre de ses membres, par exemple, avaient choisi d’angliciser leurs noms (le père de Joseph, Samuel, avait ainsi changé son nom de Gluckstein à George).

Oswald Mosley marche devant la milice des Chemises noires en train de saluer vers 1936. (Crédit : CC-SA 4.0/ Felipe cuesta)

Le parti Conservateur de l’époque avait aussi une longue réputation – méritée – d’être hostile aux Juifs, et a tenté de fermer la porte à une immigration juive à grande échelle en Grande-Bretagne au début du 20e siècle. Sans être systématique, des exemples d’antisémitisme conservateur, souvent exprimés dans une forme de snobisme à peine codifié, n’étaient pas difficiles à trouver.

Ainsi, en dépit des changements socio-économiques qui auraient plus tard déplacé les allégeances politiques juives vers la droite – l’antisémitisme dans le parti a persisté. Cela était évident dans la réponse de l’un de ceux qui ont interviewé Joseph sur son inscription sur la liste des candidats du parti.

« En tant que Juif », a-t-il commenté, « je suppose qu’il n’est pas l’homme de chaque circonscription et, par conséquent, son placement aurait besoin de soins. »

Joseph n’ignorait pas les rumeurs locales contre le choix d’un Juif pour représenter le parti quand il a cherché avec succès la sélection à Leeds Nord-Est, une circonscription dans le nord de l’Angleterre qui avait elle-même une population juive assez importante.

Joseph n’ignorait pas non plus le fait que, pour ses 14 premières années passées au Parlement, il était l’un des deux seuls juifs à s’asseoir sur les bancs conservateurs à la Chambre des communes (en 1966, il y avait 38 députés travaillistes juifs) et quand il fut promu ministre du Logement et des Gouvernements locaux en 1962, il devint le premier membre juif d’un cabinet conservateur en plus de vingt ans.

Au sein du parti parlementaire, Joseph était populaire, mais considéré, écrivait un observateur, comme « un outsider ». Son éclat intellectuel, sa richesse et sa judeïté se combinent pour le rendre « lamentablement exotique ».

Mais Thatcher aussi était une « outsider » et les deux devaient bientôt se rapprocher.

Ils se sont rencontrés pour la première fois peu de temps avant son entrée au Parlement en 1959 quand Joseph est venu et a parlé en son nom à Finchley.

La rencontre a été opportune : Thatcher était épouvantée d’avoir découvert après son élection que les principaux conservateurs locaux s’étaient impliqués dans un scandale impliquant des allégations d’antisémitisme au club de golf de Finchley. Une fois arrivée au Parlement, Joseph l’aida à rédiger son premier projet de loi d’initiative parlementaire par l’intermédiaire des Communes.

L’ancien Premier ministre britannique Edward Heath. (CC-SA-Allan Warren)

Cinq ans plus tard, alors que les Conservateurs n’étaient plus au pouvoir, Thatcher se retrouva à travailler pour Joseph sur l’avant-garde des Tories. Elle le considérait comme « un ami, pas seulement un collègue supérieur, que j’aimais », mais aussi « beaucoup … le partenaire principal ».

Ce n’était pas toujours comme cela que la relation était perçue par les autres.

« La plupart de ses collègues auraient rechigné à être corrigés par une jeune femme autoritaire qui n’avait été au Parlement que pendant cinq ans. Il s’en délectait », se souvient un chercheur du parti Conservateur qui travaillait étroitement avec eux.

Avec la défaite du gouvernement travailliste aux élections générales de 1970, le nouveau Premier ministre, Ted Heath, nomma Joseph et Thatcher à son cabinet. Les Conservateurs avaient été élus sur une promesse visant à rompre avec la politique de consensus pratiquée par les gouvernements britanniques de gauche et de droite pendant les années d’après-guerre et s’étaient engagés à réduire les dépenses et les impôts et à couper les ailes des syndicats.

Cependant, deux ans plus tard, alors que le chômage augmentait et que le puissant syndicat des mineurs menaçait de faire grève qui aurait pu faire tomber le gouvernement, Heath exécuta un revirement spectaculaire. Il revint sur certaines des restrictions imposées aux syndicats, abandonna les politiques d’économie de marché et commença à injecter de l’argent dans l’économie pour stimuler la croissance.

Le pari échoua : l’année suivante, l’inflation ayant explosé, les mineurs se sont mis en grève pour réclamer des salaires plus élevés. Heath décida de rester sur ses positions et convoqua une élection destinée à renforcer son autorité. Un électorat non impressionné éjecta les Tories du pouvoir.

Alors qu’ils étaient restés publiquement loyaux envers lui, Thatcher et Joseph furent tous deux consternés par le revirement de Heath et le désastre politique et économique qui s’ensuivit. Libérés du fardeau du gouvernement et de la responsabilité collective du Cabinet, ils avaient maintenant l’occasion de le dire.

Mais, dans ce qui allait devenir une bataille de plus en plus mouvementée pour l’âme du parti conservateur – et, en fin de compte, pour son leadership – ce sera Joseph, pas la Thatcher naturellement plus combative, qui allait d’abord prendre les coups.

Il sera attaqué par Sir Alfred Sherman. « Vous et Keith êtes juifs, » fit remarquer Thatcher à Sherman, « mais votre judéité est très différente. »

Le photographe Harry Borden a pris cette photographie emblématique de l’ancien Premier ministre britannique Margaret Thatcher alors qu’il était en mission pour le Time magazine en 2006. (Harry Borden/via JTA)

En fait, les deux hommes étaient différents en tout points, bien que le biographe de Thatcher, Charles Moore, ait suggéré que, son commentaire était le reflet du fait qu’ « elle a lié la judéité de [Sherman] avec celle de Joseph dans le cadre de leur vertu combinée ».

Produit d’une famille de la classe ouvrière de l’Est, à l’âge de 17 ans, Sherman était devenu un communiste et a rejoint la lutte contre le fascisme en Espagne. Après la Seconde Guerre mondiale, il a souffert du communisme et a été expulsé du parti. Il devait bientôt découvrir un nouvel idéal dont il deviendrait un défenseur tout aussi passionné.

Sur le terrain peu prometteur de l’Israël socialiste des années 1950, où il était allé travailler comme conseiller économique, Sherman est devenu un fervent partisan de l’économie de marché.

À son retour en Grande-Bretagne, Sherman entra au journal du parti conservateur, le Daily Telegraph, et rencontra Joseph. Les deux hommes restèrent en contact, et Sherman, un littéraire expérimenté, aida de temps à autre la star montante des Tories dans ses discours.

Mais Joseph paya le prix pour l’aide de Sherman. « Brillant, drôle et terriblement grossier », selon les mots de celui qui a travaillé étroitement avec lui dans les années 1970, Sherman haranguait sans relâche Joseph pour les échecs du gouvernement de Heath dont il avait été membre.

« Keith, le problème, c’est que tu es d’accord avec moi, mais tu n’as pas le courage de le dire, » lui dit Sherman, lui intimant : « Tu dois faire quelque chose à propos de l’état du pays. »

Encouragé à agir, et avec Sherman lui écrivant des slogans accrocheurs, Joseph devait prononcer une série de discours qui déchiquetaient non seulement le bilan du parti au pouvoir, mais toute la direction du conservatisme d’après-guerre.

Pour un journaliste, Joseph ne ressemblait à rien de moins qu’à « un prophète descendu de la montagne … Il y avait un écho de l’Ancien Testament à ses cris de malheur … [comme il] a battu sa coulpe pour sa part dans la trahison de l’arche de l’alliance conservatrice. »

« Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », déclarait Joseph dans sa première salve en juin 1974, « nous avons eu trop de socialisme ». Les Conservateurs, qui étaient au gouvernement pendant la moitié de cette période, avaient essayé et avaient échoué à « faire du travail de semi-socialisme », a-t-il dit. Le moment était venu de rompre radicalement avec le passé.

Joseph expliqua dans un discours deux mois plus tard ce que cela pouvait signifier. Le moment n’était guère propice. À la furie de Heath, son ancien collègue ministériel avait refusé d’adoucir ses propos malgré le fait que le pays était sur le point de retourner aux urnes lors d’une élection générale déclenchée par un gouvernement travailliste confiant de pouvoir renforcer sa position ténue au Parlement.

Encore une fois, Joseph ne dégaine pas. Il a attaqué le dossier économique de Heath, suggérant que son abandon de « politiques monétaires saines », déclenché par une peur injustifiée du chômage, avait conduit à l’inflation galopante dont le pays souffrait encore.

Sa préconisation – réduire les dépenses et accepter que la file des sans emploi pourrait augmenter temporairement – a marqué un tournant dans la politique britannique moderne.

Ce fut donc le moment où le consensus d’après-guerre – la conviction, partagée par les travaillistes et les conservateurs, selon laquelle la priorité absolue du gouvernement devrait être d’éviter un taux de chômage élevé, a commencé à s’effriter.

Le discours, que Thatcher a écrit plus tard, était l’un des « très rares … [qui] a fondamentalement affecté la façon de penser d’une génération politique. » Cela donnerait aussi le principe fondateur de son poste de Premier ministre, et d’où, elle était déterminée, il n’y aurait pas de revirement à la Heath.

Là où Joseph allait, Thatcher suivait « presque invisiblement », comme l’a décrit un journaliste. Ses déclarations publiques ont peut-être été plus modérées que les siennes, mais elle avait jalonné son avenir politique sur la cause de Joseph, acceptant de devenir la vice-présidente du nouveau groupe de réflexion qu’il avait décidé de lancer.

La défaite des Conservateurs lors des élections d’octobre 1974 mit en péril la position de Heath. Thatcher n’avait aucune intention d’essayer de le renverser elle-même, croyant plutôt que « Keith devait être notre candidat ».

Margaret Thatcher et Ronald Reagan en 1986 à Camp David. (Domaine public)

Cependant, un discours désastreux de Joseph sur la pauvreté dans lequel, se référant à des taux de naissance supposés élevés chez les mères pauvres, il a suggéré que « notre stock humain est menacé », devait saboter sa candidature potentielle.

Au milieu d’un tumulte médiatique, Thatcher est montée sur le ring et a annoncé qu’elle défierait Heath. C’était sans aucun doute un geste courageux.

« J’étais vraiment choquée », se souvint-elle vers la fin de sa vie, car Joseph « était vraiment le chef ».

La mauvaise performance de Heath lors des élections et son impopularité parmi les députés conservateurs ont assuré la victoire de Thatcher en janvier 1975. Comme le soutenait à juste titre Sherman, cependant, le rôle de Joseph avait été déterminant.

« Sans Keith, la position de Heath n’aurait pas été ébranlée, et Margaret ne serait pas devenue leader », a déclaré Sherman.

Bien que livrée dans son propre style, plutôt plus populiste, la campagne de Thatcher contre Heath avait fait écho à l’accusation de son mentor : que les électeurs voulaient voir plus d’harmonie entre les deux principaux partis, beaucoup étant convaincus que, plutôt que d’essayer de faire reculer le socialisme, les conservateurs offraient simplement une pâle copie des travaillistes.

A présent leader de l’opposition, Thatcher, avec le soutien indéfectible de Joseph, tenta de changer la direction du parti conservateur. Elle l’a accusé de mener une « bataille d’idées » – une bataille contre les travaillistes et leurs adversaires encore puissants au sein du parti conservateur. Joseph décrivit plus tard la tâche que Sherman et lui-même avaient entreprise en transformant les « croyances, sentiments, instincts et intuitions de Thatcher en idées, stratégies et politiques ».

Joseph était à la fois prolifique et prophétique. Aidé et encouragé par Sherman, il produisit des notes de service, des discours, des articles, des brochures et des livres.

Par exemple, en avril 1975, une note du Cabinet fantôme exhortait un futur gouvernement conservateur à s’éloigner de la « voie du consensus » et à s’aligner sur les « valeurs de la classe moyenne des banlieues » en réduisant les impôts et les dépenses, freiner l’immigration et les syndicats, et soutenir les dépenses de défense et les mesures de protection de la famille.

Margaret Thatcher passant en revue les troupes des Bermudes, le 12 avril 1990. (Domaine public White House Photo Office)

Thatcher était ravie; beaucoup de ses collègues plus libéraux étaient consternés.

« Ce document étonnant », a estimé Moore, « fournit les principaux éléments de ce qui a été appelé Thatcherism, à la fois dans la politique spécifique et en termes psychologiques généraux. »

Les discours de Joseph dans les quatre années précédant la victoire de Thatcher en 1979 étaient pareillement prophétiques, contenant, notait un écrivain, « tout ce qui était caractéristique de la philosophie économique et politique du Thatchérisme ».

Joseph était, cependant, beaucoup plus que la « mouche du coche intellectuelle de Thatcher … exempt de nécessités douloureuses comme la prise de décision » comme certains critiques contemporains ont accusé. Il était la cible de nombreuses critiques qui auraient pu viser la cheffe des conservateurs. En dépit de son aversion pour le conflit, c’était un rôle dont il ne s’est jamais défendu.

« Je suis toujours prêt à relever toute attaque qui vous est faite et à prendre votre défense », écrit-il à une occasion.

En outre, comme un Daniel des temps modernes, il est allé prêché la cause du libre-échange dans la cage aux lions des universités britanniques. Intrigué par le chahut et les fréquentes tentatives des étudiants d’extrême-gauche pour l’empêcher de parler, Joseph a prononcé plus de 150 discours sur les campus vantant ce qu’il appelait « la morale du capitalisme ».

« Tout ce qui marche avec les intellectuels », comme Thatcher l’a dit plus tard, a été crucial pour ses succès ultérieurs et a rétabli la « confiance en soi intellectuelle » de la droite.

Pour cela, et pour la « loyauté indéfectible » de Joseph en tant que membre de son cabinet dans les années 1980, Thatcher en sera pour toujours reconnaissante.

C’est un « homme adorable », a-t-elle dit à un fonctionnaire (ce n’est pas le genre de terme qu’elle utilisait pour désigner d’autres membres de son gouvernement), alors qu’elle ordonnait à un autre ministre de « s’occuper de Keith … il a besoin de quelqu’un pour le protéger ». Joseph, à son tour, devait avouer joyeusement : « Je rayonne dès que je la vois ».

Après avoir quitté le cabinet, il n’a pas publié ses mémoires avec des révélations et n’a jamais émis une critique publique, ni même en privé, du Premier ministre. Il a été irrité et brisé par la façon dont le cabinet l’a effectivement évincée en 1990, et a défendu Thatcher jusqu’au bout, il devait mourir quatre ans plus tard.

Leur relation, qui a changé le cours de l’histoire britannique, était d’égal à égal. Chacun a complété, respecté et fait confiance implicitement à l’autre. Comme Joseph le dira plus tard, Thatcher avait un « instinct et un flair » politiques qui lui manquaient.

Il était le pionnier – « le penseur autorisé à explorer les terres inconnues », comme l’a plus tard nommé un membre du cabinet Thatcher – mais elle a toujours déterminé le rythme, déployant des antennes politiques qui l’ont vue gagner trois victoires électorales générales et qui n’ont fait que fléchir vers la fin de ses 11 ans à Downing Street.

L’écrivain Robert Philpot est l’auteur de The Honorary Jew: How Britain’s Jews Helped Shape Margaret Thatcher and Her Beliefs [Le Juif Honoraire : Comment les Juifs britanniques ont contribué à façonner Margaret Thatcher et ses croyances]. Il est l’ancien éditeur d’un magazine centriste indépendant, Progress, et en est maintenant un contributeur. Ses articles ont été publiés dans The Jewish Chronicle, le Sunday Times, le Guardian, le Commentary and History Today. Auparavant, il a été conseiller spécial du bureau d’Irlande du Nord et au bureau du Cabinet.

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