Israël en guerre - Jour 468

Rechercher

Le sol de la grande synagogue de Vilnius, témoin des persécutions nazies et soviétiques

Les archéologues ont retrouvé l'un des piliers effondrés de la synagogue à proximité ; ce lieu de prières du XVIIe siècle, au cœur de la métropole juive, a été pillé par les Allemands et rasé par les Soviétiques

Le sol décoré de la grande synagogue de Vilnius, découvert lors d'une fouille archéologique en Lituanie, sur une photo publiée le 25 juillet 2024. (Crédit : Autorité des antiquités d'Israël)
Le sol décoré de la grande synagogue de Vilnius, découvert lors d'une fouille archéologique en Lituanie, sur une photo publiée le 25 juillet 2024. (Crédit : Autorité des antiquités d'Israël)

Des archéologues ont découvert des parties du sol de la grande synagogue de Vilnius, en Lituanie, qui témoignent de l’ampleur des destructions qu’a endurées cette synagogue du XVIIe siècle sous le joug des nazis puis des soviétiques au siècle dernier, a déclaré jeudi l’Autorité des antiquités d’Israël (IAA).

Ces découvertes, datées des XVIIe et XVIIIe siècles, comptent notamment des parties de la section féminine de la synagogue, d’énormes bassins destinés à stocker l’eau et ainsi assurer la pureté des bains rituels, ou mikvé, un immense pilier, aujourd’hui effondré mais qui se trouvait à l’origine non loin de la bimah, l’estrade destinée à la lecture de la Torah, a précisé l’IAA par voie de communiqué.

« La richesse architecturale et la vitalité de nos découvertes – sans oublier ces imposantes colonnes abattues au plus fort des destructions infligées par les nazis puis les soviétiques – témoignent de l’histoire tragique d’une communauté qui a vécu ici et qui a aujourd’hui disparu », ont déclaré les directeurs des fouilles, Jon Seligman et Justinas Rakas.

Ces fouilles, conduites sous la direction de l’IAA, de l’Association d’archéologie lituanienne, de la Good Will Foundation et de la communauté juive lituanienne, sont les cinquièmes menées depuis 2015 à la grande synagogue de Vilnius, le cœur vibrant de l’une des communautés juives les plus importantes du début de l’ère moderne. De précédentes fouilles avaient permis de mettre à jour la bimah et l’arche sainte de la synagogue.

Ces toutes dernières découvertes nous enseignent que le sol de la synagogue était, à l’origine, orné de fleurs rouges, blanches et noires.

La synagogue a été incendiée au moment de l’occupation nazie de la Lituanie, entre 1941 et 1944, puis rasée par les autorités soviétiques qui ont dirigé la Lituanie entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’année 1990.

Reconstitution de l’aspect extérieur de la Grande Synagogue de Vilnius, sur une image publiée le 25 juillet 2024. (Crédit : UAB Inlusion Netforms)

À son apogée, la grande synagogue se trouvait au cœur d’un ensemble d’institutions communautaires, connu sous le nom de Shulhoyf, composé de synagogues plus modestes, d’un bâtiment destiné au conseil communautaire, de mikvés, de maisons d’étude et d’une bibliothèque, sans oublier la maison du rabbin Eliyahu de Vilna – Vilnius en yiddish –, plus connu sous le nom de Gaon de Vilna.

L’illustre Gaon – littéralement « génie », titre dévolu aux chefs de yeshivot babyloniennes classiques – est la première figure emblématique de la communauté juive européenne du XVIIIe siècle. Homme d’une érudition sans pareil, tant sur le plan scientifique que talmudique ou kabbalistique, le Gaon a fait de Vilnius un centre d’apprentissage juif de tout premier plan, qui lui a valu le surnom de « Jérusalem de Lituanie ».

C’est la rigueur intellectuelle du Gaon qui a donné naissance au concept de yeshiva européenne moderne. Il a également été le fer de lance de la traduction en hébreu de textes scientifiques classiques, comme les Éléments d’Euclide.

Le Gaon a par ailleurs été l’un des premiers artisans de la réaction au mouvement hassidique alors naissant, auquel ses disciples et lui-même reprochaient de ne pas étudier sérieusement la Torah. Nombre de disciples du Gaon se sont rendus en Terre d’Israël pour y faire contre-poids à l’omniprésence du mouvement hassidique.

Représentation artistique du Gaon de Vilna. (Domaine public)

Au XIXe siècle, Vilnius a été incorporée à la Russie impériale. Elle faisait alors partie de la zone de peuplement, cette partie de l’empire à l’intérieur de laquelle les Juifs étaient autorisés à s’installer.

Après la Première Guerre mondiale, la ville a brièvement été la capitale de la Lituanie, avant que les soviétiques ne conquièrent certaines parties d’une république récemment devenue indépendante. Opposés aux soviétiques, les soldats polonais sont entrés dans la ville où ils ont perpétré le premier pogrom de son histoire moderne.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, Vilnius a été conquise par les Allemands lors de leur offensive en Russie en 1941. Les Juifs de la ville – dont le nombre était estimé à 55 000 sur un total de 200 000 habitants – ont été enfermés dans un ghetto, dont les derniers habitants ont été déportés vers les camps de travail ou de la mort en 1943. C’est alors que les nazis ont pillé et incendié la grande synagogue.

Reconstitution par l’image des imposants piliers de la grande synagogue de Vilnius, publiée le 25 juillet 2024. (Crédit : UAB Inlusion Netforms)

Vilnius a été libérée par l’Armée rouge en 1944. L’aversion du régime communiste envers la religion a lourdement pesé sur les Juifs soviétiques. La vision soviétique du judaïsme, nourrie par des siècles d’accusations de crimes rituels de la part des Russes et teintée d’opposition à un sionisme vu comme « réactionnaire », a rendu quasiment impossible la pratique de la religion.

Sous l’ère soviétique, la grande synagogue de Vilnius, comme la quasi-totalité des quelque 5 000 synagogues du pays, a été fermée. Elle a ensuite été démolie au milieu des années 1950 et une école a été construite sur ses ruines.

« Face à la montée de l’antisémitisme et aux tentatives de tromperies et de négations, il y a une vérité indéniable, aussi simple que tragique, qui nous parle de cette communauté magnifique détruite du seul fait de la haine des Juifs : plus jamais ça », a conclu Eli Escusido, directeur de l’IAA.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.