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Le Soudan confirme avoir voulu, par l’accord, être retiré de la liste terroriste

Pour Khartoum, l'accord est une aubaine économique, qui inclura des aides ; des officiels soudanais et israéliens se réuniront pour évoquer la coopération commerciale et agricole

Des partisans de la démocratie au Soudan célèbrent un accord final de partage du pouvoir avec le conseil militaire au pouvoir, le 17 août 2019, dans la capitale, Khartoum. (Photo AP)
Des partisans de la démocratie au Soudan célèbrent un accord final de partage du pouvoir avec le conseil militaire au pouvoir, le 17 août 2019, dans la capitale, Khartoum. (Photo AP)

Le Soudan a confirmé, dimanche, avoir accepté de normaliser les liens avec Israël en échange de son retrait de la liste noire américaine des Etats parrains du terrorisme, reconnaissant pour la toute première fois l’existence d’un lien entre l’accord et le retrait de la liste – ce qu’il n’avait cessé de démentir.

Un communiqué émis par le cabinet du gouvernement de transition de Khartoum a mis en exergue les avantages économiques variés de l’accord, qui incluent une aide désespérément nécessaire et un accès aux institutions financières globales qui étaient jusqu’à présent inaccessibles en raison de l’inscription du Soudan sur la liste noire.

« Le retrait du Soudan de la liste terroriste permet au pays de travailler avec les institutions financières internationales et de bénéficier pleinement des subventions au développement et de l’aide internationale », a noté un communiqué du cabinet, selon l’agence de presse officielle soudanaise.

Le Conseil des ministres a aussi souligné que l’accord permettrait au pays de rentrer à nouveau dans le système bancaire international, a continué le communiqué.

Les ministres ont précisé avoir accepté de s’entretenir avec Israël au sujet de la normalisation des liens entre les deux pays après une année « de négociations dures » avec les Etats-Unis, précisant que Washington avait insisté sur le fait que le pays serait ôté de la liste noire s’il acceptait de communiquer avec Israël, un positionnement rejeté par Khartoum.

De gauche à droite : le président du conseil de transition soudanais, le général Abdel Fattah al-Burhan, aux abords de la capitale de Khartoum, le 30 octobre 2019 ; le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, à Washington, le 28 janvier 2020 ; et le Premier ministre soudanais, Abdullah Hamduk, dans la capitale de Khartoum, le 26 juillet 2020. (Crédit : ASHRAF SHAZLY et Sarah Silbiger / sources variées / AFP)

« Le gouvernement pense que les Soudanais ont le droit de prendre des décisions, qui n’ont pas encore été terminées, concernant les relations avec Israël à travers ses institutions constitutionnelles », a indiqué le communiqué.

Tout accord de normalisation devra être confirmé par un parlement de transition qui doit encore être formé.

Vendredi, le président américain Donald Trump a annoncé que le Soudan commencerait à normaliser ses liens avec l’Etat juif. Il a précisé que des accords seraient conclus concernant l’agriculture, le commerce, l’aviation et les migrations, sans fournir davantage de détails sur le calendrier des réunions.

Le président Donald Trump parle au téléphone avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu au sujet d’un accord de paix Soudan-Israël, dans le bureau ovale, le 23 octobre 2020 à Washington. (Win McNamee/Getty Images/AFP)

Cet accord de normalisation est survenu plusieurs jours après que Trump a fait savoir qu’il allait retirer le Soudan de la liste des Etats parrains du terrorisme. Ce retrait donnera au Soudan la possibilité d’accéder aux prêts et à l’aide internationale.

Le Soudan se bat pour tenter de faire revivre son économie exsangue et de sauver sa transition vers la démocratie, suite à un soulèvement populaire qui, l’année dernière, a amené les militaires à renverser l’autocrate de longue date Omar al-Bashir.

Des responsables israéliens et soudanais se rencontreront au cours des prochaines semaines pour évoquer des accords de coopération qui serviront « les intérêts mutuels de nos deux peuples », a commenté dimanche le ministère des Affaires étrangères du Soudan.

Ofir Gendelman, porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a écrit sur Twitter, dimanche, qu’Israël allait « immédiatement envoyer 5 millions de dollars de blé à nos nouveaux amis » du Soudan.

L’économie soudanaise subit les sanctions américaines et une mauvaise gestion depuis des décennies, sous l’autorité d’al-Bashir. Le gouvernement de transition combat un déficit budgétaire énorme et d’importantes pénuries de produits de base, comme le carburant, le pain et les médicaments. L’inflation annuelle s’est élevée, le mois dernier, à plus de 200 %, avec les prix du pain et autres produits de première nécessité qui ont grimpé en flèche, selon les chiffres officiels.

Des employés débarquent des sacs de céréales du programme alimentaire des Nations unies (WFP) à Minkaman, au Soudan du Sud, le 26 juin 2014. (Crédit : AP Photo/Matthew Abbott)

Le ministère des Affaires étrangères du Soudan a expliqué, dimanche, que les Etats-Unis travailleraient avec leurs partenaires internationaux à soulager la dette étrangère du pays, qui dépasse les 60 milliards de dollars. Les Etats-Unis et Israël aideront également le Soudan à « consolider sa démocratie, à renforcer sa sécurité alimentaire… et à combattre le terrorisme », a-t-il expliqué.

Le Soudan a accepté de classer le mouvement du Hezbollah comme organisation terroriste – quelque chose qu’Israël demande depuis longtemps à ses voisins et à d’autres pays de la communauté internationale, a expliqué un haut-responsable américain, la semaine dernière.

Le Hezbollah a condamné l’accord conclu entre les deux pays, dimanche, disant qu’il avait été réalisé « en échange d’un prix misérable et insignifiant » et qu’il entraînerait la chute du gouvernement de transition.

Siddig Tower, membre du conseil souverain – il en compte onze – qui dirige actuellement le Soudan, a critiqué la normalisation avec Israël dans des propos qui ont été diffusés par la chaîne Al-Jazeera, dimanche.

Tower a déclaré que le général Abdel-Fattah Burhan, chef du Conseil souverain, et le Premier ministre Abdalla Hamdok avaient pris la décision « sans consultations avec le Conseil souverain ou avec le cabinet ».

Le Soudan est le troisième Etat arabe à signaler sa volonté de normaliser les liens avec l’Etat juif, cette année, dans le cadre d’accords négociés par la Maison Blanche après les Emirats arabes unis et le Bahreïn.

Les Palestiniens ont qualifié de « trahison » ces accords de normalisation.

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