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Le suspect dans l’affaire Douma refuse de témoigner en raison d’une « injustice »

L'avocat d'Amiram Ben-Uliel affirme que son client renonce à parler parce que le tribunal a refusé de révoquer ses aveux concernant l'incendie mortel obtenus sous la torture

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Amiram Ben-Uliel a été inculpé le 3 janvier 2016, pour les assassinats de 3 membres de la famille Dawabsha à Douma. (Autorisation)
Amiram Ben-Uliel a été inculpé le 3 janvier 2016, pour les assassinats de 3 membres de la famille Dawabsha à Douma. (Autorisation)

Le principal suspect dans un attentat terroriste perpétré en 2015 dans le village de Douma, en Cisjordanie, qui a tué trois membres d’une famille palestinienne, a renoncé à son droit de témoigner devant le tribunal mercredi, déclarant dans un communiqué lu par son avocat qu’il ne collaborerait pas à cette « injustice » dans le cadre des débats.

« C’est l’expression du sentiment d’injustice qui lui a été fait lors de l’audience préliminaire au cours de laquelle le tribunal n’a rejeté que certains de ses aveux », a déclaré l’avocat d’Amiram Ben-Uliel, Yitzhak Bam, à propos de la décision du tribunal de district de Lod en juillet dernier dans laquelle plusieurs des aveux faits par son client ont été infirmés car ils avaient été obtenus par des enquêteurs du Shin Bet, qui avaient utilisé des méthodes dites « améliorées ».

Toutefois, le tribunal a statué à l’époque que les autres aveux de culpabilité, qui n’avaient pas été faits sous la contrainte, pouvaient être utilisés dans l’affaire contre lui, même s’ils avaient été faits après avoir été torturé.

Selon l’acte d’accusation, Ben-Uliel et un adolescent complice avaient l’intention de mener une attaque contre des Palestiniens pour se venger d’une fusillade survenue quelques jours auparavant, au cours de laquelle le civil israélien Malachy Rosenfeld avait été tué.

Lorsque le jeune complice ne s’est pas présenté au point de rendez-vous en juillet 2015, Ben-Uliel a décidé de mener l’attaque de son propre chef, indique le procès-verbal. Il est entré dans le village de Douma et a tagué des graffitis en hébreu sur une maison, puis a lancé des cocktails Molotov à travers les fenêtres de deux maisons. Le premier bâtiment était vide, mais dans le second dormait les membres de la famille Dawabsha. Ali Saad Dawabsha, 18 mois, a été brûlé à mort avec ses parents, Riham et Saad, et Ahmad, 4 ans, a été grièvement blessé.

Le mois dernier, l’État a conclu un accord avec le jeune complice. Le jeune homme de 19 ans, dont le nom est interdit de publication car il était mineur au moment de l’attaque, a admis avoir planifié l’incendie d’une maison palestinienne dans le nord de la Cisjordanie il y a quatre ans. Toutefois, l’acte d’accusation à son encontre a été modifié de manière à ne pas mentionner le tout-petit Ali Saad Dawabsha et ses parents, Riham et Saad, ce qui lui a permis d’échapper à la condamnation pour avoir planifié le meurtre des trois Palestiniens tués dans l’attentat.

Le ministère public a demandé que le jeune suspect soit condamné à cinq ans et demi de prison. Le temps que l’adolescent avait déjà passé derrière les barreaux – environ deux ans et demi – serait déduit de la peine.

Un avocat représentant la famille Dawabsha a déclaré mercredi à des journalistes à l’extérieur de la salle d’audience que la décision de Ben-Uliel de ne pas témoigner avait été planifiée à l’avance et s’inscrit dans un effort visant à délégitimer la procédure actuelle alors que la défense se prépare à faire appel devant la Cour suprême contre la décision du tribunal inférieur lors de l’audience préliminaire.

Suite à la déclaration de l’avocat du suspect, l’accusation a demandé à l’épouse de Ben-Uliel, Oriyan, et à sa belle-mère Nechama Nizri de témoigner.

Lors de l’interrogatoire de Nizri, l’avocate de l’accusation Yael Atzmon a cherché à prouver qu’elle était au courant de l’implication de Ben-Uliel dans l’attaque de Douma avant d’en être informée.

Atzmon a fait écouter un enregistrement d’une conversation téléphonique que Nizri avait eue avec Oriyan immédiatement après l’arrestation de Ben-Uliel.

« Beaucoup de policiers sont venus, l’ont tabassé et lui ont sauté dessus », a déclaré Oriyan.

Saad et Riham Dawabsha, avec leur bébé Ali. Tous les trois sont morts lorsque leur maison dans le village de Douma, en Cisjordanie, a été incendiée par des extrémistes juifs présumés, le 31 juillet 2015 (Crédit : capture d’écran Deuxième chaîne)

« Que Dieu les brûle [les policiers]… Il y a eu un développement dans l’enquête sur l’attentat terroriste juif, et je fais le lien entre ces choses », a répondu Nizri, faisant ostensiblement référence aux progrès que le Shin Bet avait réalisés dans son enquête sur les meurtres des Dawabsha.

Expliquant l’enregistrement au tribunal mercredi, Nizri a déclaré qu’elle n’avait pas laissé entendre que Ben-Uliel avait été impliqué dans l’incendie de Douma, mais que le Shin Bet avait arrêté son gendre à tort pour ce crime.

En outre, elle a affirmé qu’elle n’avait pas fait référence à l’attaque de Douma lorsqu’elle a parlé de « terrorisme juif », mais plutôt à des incidents généraux de crimes haineux contre des Palestiniens. Nizri a affirmé que la bombe incendiaire avait été perpétrée par des voisins des Dawabsha à la suite d’un conflit interne.

Appelée à la barre après sa mère, Oriyan a témoigné que Ben-Uliel était avec elle toute la nuit où le crime avait eu lieu.

« Je me souviens de ce qu’Amiram a fait cette nuit-là à partir de 22h30. Il ne lui serait jamais arrivé de rentrer si tard, il ne nous aurait pas laissés seuls. Nous avons un bébé de sept mois », a-t-elle dit. « Il ne l’a pas fait. Ce n’était pas lui, c’est sûr. Il y a une injustice en cours ici. »

Par la suite, l’autre avocat de Ben-Uliel, Asher Ohayon, a déclaré à la cour qu’il avait l’intention de présenter un avis juridique en faisant valoir que les graffitis en hébreu trouvés sur place ne l’étaient pas de la main de son client.

Une étoile de David et le mot « Revanche » en hébreu sont peints à la bombe sur les murs d’une maison palestinienne qui a été incendiée dans le village palestinien de Douma, près de Naplouse, le 31 juillet 2015 (Crédit : Zacharia Sadeh / Rabbis for Human Rights)

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