Le test de grossesse salivaire désormais disponible en Israël
Après le Royaume-Uni, l’Irlande et la Suède en 2023, la société israélienne Salignostics commercialise Salistick en Israël avec un oeil sur le marché américain
Grâce à ce nouveau dispositif développé en Israël, plus besoin d’uriner sur un bâtonnet pour savoir si on est ou non enceinte – la salive suffit.
Disponible au Royaume-Uni, en Irlande et en Suède depuis la mi-2023, le premier test salivaire de grossesse à faire soi-même est apparu ce mois-ci dans les rayonnages de Super-Pharm, la plus grande chaîne de pharmacies et para en Israël. Le test rapide, appelé Salistick, est disponible depuis peu en Norvège.
Salignostics, la société de Jérusalem à l’origine de Salistick, pense que les femmes délaisseront bientôt les tests urinaires classiques pour passer au test salivaire.
« L’étude de marché que nous avons menée et les retours de nos clientes nous ont permis de constater que Salistick présentait trois avantages principaux par rapport aux tests urinaires », explique Guy Krief, à
la fois cofondateur de l’entreprise, directeur général adjoint et directeur du développement commercial.
« Déjà, il est beaucoup plus facile d’utilisation. Ensuite, on peut le faire en toute sécurité et en toute liberté, où l’on veut, quand on veut. Pas besoin de se rendre dans un endroit précis ou d’attendre l’envie d’uriner. Enfin, on peut faire le test en compagnie d’autres personnes », dit-il.
Dans la publicité vidéo informant les Israéliens de la sortie de Salistick chez Super-Pharm, on voit une femme (interprétée par l’actrice Alina Levy) qui a très envie de savoir si elle est enceinte. Après avoir découvert l’existence de Salistick, elle parcourt les allées du magasin, le test à la bouche. Elle a le résultat – positif – au bout de quelques minutes et en informe son mari, qui vient de la rejoindre après avoir garé la voiture.
Krief explique au Times of Israël la technologie à l’oeuvre dans son Salistick, à savoir celle du flux latéral, qui identifie les biomarqueurs présents dans le sang, l’urine, la salive ou les sécrétions vaginales. Utilisés à des fins cliniques et de santé publique, les tests à flux latéral sont désormais simples à fabriquer et à utiliser depuis leur forte diffusion lors de la pandémie de COVID-19.
« Salistick utilise la même technologie que celle utilisée dans les tests COVID rapides ou les tests de grossesse urinaires à domicile », précise Krief.
Ce qui distingue Salistick, c’est la technologie unique qui lui permet de détecter l’hormone gonadotrophine chorionique humaine (hCG) dans la salive avec une précision de l’ordre de 96 %.
La gonadotrophine chorionique humaine, connue sous le nom d’ « hormone de grossesse », est produite par le placenta : c’est elle qui contribue à l’épaississement des parois utérines lorsqu’un ovule fécondé se transforme en embryon, puis en fœtus. À son niveau le plus élevé à la fin du premier trimestre de grossesse, elle peut être détectée dès le 10ème ou 11ème jour suivant la conception.
Jusqu’à présent, l’hCG était détectée dans le sang et l’urine. Avec Salistick, elle peut l’être dans la salive dès le 1er jour d’absence de règles.
« Notre technologie analyse la salive pour détecter l’hCG. Il nous a fallu trouver la manière de traiter la salive pour surmonter les obstacles à la détection de ce biomarqueur. Notre dispositif transforme la salive en un liquide valide, compatible avec le test à flux latéral », ajoute Krief.
Krief se dit convaincu que la salive va devenir « l’étalon et le Saint Graal du diagnostic ». Il concède qu’il a été difficile de trouver comment utiliser la salive et obtenir le résultat escompté.
« Il n’y avait jusqu’à présent pas de test de grossesse salivaire dans le commerce car il n’est pas facile de faire de la salive une base diagnostique fiable. Par exemple, si je vous prends de la salive maintenant, ce ne sera pas la même qu’il y a deux heures. C’est un fluide corporel très évolutif. Il a une viscosité différente et des concentrations différentes en protéines, sel et sucres », explique Krief.
« Il n’est pas facile d’établir un test diagnostic fiable avec ce type de caractéristiques. Et ce n’est qu’un des nombreux problèmes auxquels nous avons été confrontés. Mais une fois réglé ce problème, il est possible d’identifier les biomarqueurs voulus », ajoute-t-il.
Selon Krief, la salive est plus facile à recueillir que le sang ou l’urine pour les tests, en plus d’être ce qu’il qualifie de « reflet du corps ».
« Il y a un certain consensus au sein de la communauté scientifique sur ce point. La salive est considérée comme le deuxième liquide corporel le plus important après le sang. Il a beaucoup de ressemblances avec le sang. La salive compte plus de 5 000 protéines et est la porte d’entrée de l’organisme en termes d’infections virales et bactériennes. Si vous avez une maladie infectieuse, votre salive le dira », explique-t-il.
Salignostics est sur le point d’étoffer encore son offre. En plus de son test de grossesse, elle propose déjà un test COVID salivaire rapide appelé SaliCov. Le laboratoire travaille en ce moment à la mise au point d’un vaccin pour les infections à streptocoques, de façon à éviter d’avoir à faire un prélèvement de gorge – procédure peu agréable – pour confirmer l’origine du mal de gorge.
Selon le magazine Time, Salistick est l’une des 200 inventions de 2023.
Aux États-Unis, Salignostics est en cours de délivrance de l’autorisation pour son nouveau produit par la Food and Drug Administration. Elle a lancé Salistick en premier au Royaume-Uni, en Irlande et en Suède en raison de l’existence d’une volonté de la part des détaillants et des clients d’y tester de nouveaux produits, et elle entend désormais poser le pied aux États-Unis.
Pour faire passer les capacités de production de Salistick, installé dans le nord d’Israël, au niveau requis pour espérer percer sur le plus grand marché du monde, il lui faudra trouver un partenaire important.
« Nous sommes en train de positionner le produit aux États-Unis », conclut Krief.