« Le Zéro et l’Infini » retraduit, pour la première fois depuis l’allemand
Rédigé en France en 1939 et 1940, le manuscrit d'Arthur Koestler était considéré comme perdu depuis la fuite de l'auteur juif germanophone de Hongrie, face à l'invasion allemande
Le célèbre roman d’Arthur Koestler, Le Zéro et l’Infini, dénonciation des purges staliniennes, va être traduit pour la première fois depuis sa langue originale, l’allemand, ont annoncé mercredi les éditions Calmann-Lévy.
La nouvelle édition doit paraître le 7 septembre.
L’auteur, juif germanophone de Hongrie et communiste, avait publié ce livre initialement à Londres en 1940 sous le titre « Darkness at Noon » (« Obscurité à midi »).
Le texte anglais était une traduction par la compagne de Koestler à cette époque, la Britannique Delphine Hardy, d’un manuscrit allemand connu sous le titre de Sonnenfinsternis (« Éclipse solaire »).
Rédigé en France en 1939 et 1940, le manuscrit allemand était considéré comme perdu depuis la fuite de Koestler face à l’invasion allemande en mai 1940, et l’échec du projet d’une édition allemande en Suisse.
En français, Calmann-Lévy a publié en 1945 la version connue jusqu’ici, traduite depuis l’anglais.
Mais « en 2015, une copie carbone de ce texte, en allemand, a été retrouvée dans les archives du grand éditeur [suisse] Emil Oprecht », a indiqué l’éditeur.
C’est un étudiant allemand, Matthias Wessel, qui en faisant des recherches sur Koestler l’avait trouvé avec le titre Rubaschow, nom du protagoniste soviétique du roman, le dignitaire communiste Roubachof.
Le traducteur français est Olivier Mannoni, qui a traduit aussi Sigmund Freud, Stefan Zweig, Franz Kafka et Adolf Hitler (sous le titre Historiciser le mal, une édition critique de Mein Kampf).
Le Zéro et l’Infini a été republié en version originale en allemand et retraduit vers l’anglais en 2019.
La réapparition du texte d’origine a permis de voir que le texte de Delphine Hardy, obligée de travailler dans l’urgence, et sans formation de traductrice, comportait de nombreuses inexactitudes malgré ses qualités littéraires.
Koestler, qui écrivit ensuite en anglais et devint Britannique, ne réédita jamais le succès de ce livre, devenu un classique de l’antitotalitarisme.