L’écrivain arrêté en Espagne inquiet du “bras long” du pouvoir turc
Dogan Akhanli avait été arrêté samedi en Espagne à la demande d'Ankara, et a été remis en liberté dimanche après des protestations de Berlin, mais ne peut quitter l'Espagne
L’écrivain allemand d’origine turc et détracteur d’Ankara Dogan Akhanli a regretté lundi, après son arrestation en Espagne, que le gouvernement turc puisse exercer son influence sur les autorités espagnoles.
« Je ne peux pas imaginer, en tant que citoyen allemand, être livré à un pays non-membre de l’UE. Mais je suis inquiet, je ne m’attendais pas à ce que le bras du gouvernement turc soit assez long pour aller jusqu’en Espagne », a-t-il dit dans un entretien publié sur le site internet de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, accusant Ankara « de vouloir le réduire au silence ».
Assurant avoir voyagé à de nombreuses reprises en Europe sans jamais avoir été inquiété, l’écrivain juge ainsi « étrange » son arrestation dans son hôtel samedi à Grenade, dans le sud de l’Espagne. Il a finalement été libéré sous conditions le lendemain.
« On a fait ça souvent ces dernières années [voyager et rester à l’hôtel, ndlr] en France, en Italie, au Portugal, aux Pays-Bas, et jamais rien ne s’est passé. Pourquoi justement maintenant en Espagne ? Étrange, non ? », dit-il.
A ce titre, il évoque ainsi le cas d’un « journaliste suédois qui a des racines en Turquie » actuellement en détention en Espagne car « la Turquie demande son extradition ».
Selon Stockholm, un journaliste turco-suédois, Hamza Yalcin, est détenu en Espagne à la demande d’Ankara.
Il a été arrêté le 3 août à l’aéroport de Barcelone-El Prat en vertu d’un mandat d’arrêt de la Turquie. Selon la presse turque, il est accusée d’insulte au chef de l’Etat Recep Tayyip Erdogan et de « propagande » pour un « groupe terroriste ».
Les détracteurs du pouvoir turc ont dénoncé à maintes reprises le recours à ce type d’accusations pour museler l’opposition.
Akhanli avait été arrêté samedi en Espagne à la demande d’Ankara, par des policiers espagnols opérant sur mandat d’Interpol. Il a été remis en liberté dimanche après des protestations de Berlin mais ne peut quitter l’Espagne.
La chancelière Angela Merkel a accusé dimanche la Turquie d’avoir abusé d’Interpol dans cette affaire, alors que les deux pays ont vu leurs relations se tendre considérablement, en particulier depuis un an et le putsch raté en Turquie et la répression qui a suivi.
L’écrivain Dogan Akhanli, qui a notamment écrit une trilogie évoquant le génocide des Arméniens de 1915-1917, a indiqué que la Turquie l’accuse d’être membre d’une organisation « terroriste » et veut aussi le rejuger dans une affaire de vol à main armé pour laquelle il avait été innocenté par le passé.