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L’ecstasy, amortisseur des horreurs du 7 octobre ?

Bien que les Israéliens soient toujours bouleversés par le pogrom perpétré par le Hamas, l'ingestion de drogues pourrait contribuer à atténuer des traumatismes

Une photo aérienne montrant le site abandonné du Festival Supernova, près du kibboutz Reïm, dans le désert du Negev, qui a été attaqué par des terroristes du Hamas, le 10 octobre 2023. (Crédit : Jack Guez/AFP)
Une photo aérienne montrant le site abandonné du Festival Supernova, près du kibboutz Reïm, dans le désert du Negev, qui a été attaqué par des terroristes du Hamas, le 10 octobre 2023. (Crédit : Jack Guez/AFP)

Rescapé du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, Shye Klein-Weinstein se souvient des horreurs qu’il a vues, et pour certaines filmées, au festival de musique Nova – et d’y avoir pris de l’ecstasy.

Bien qu’il soit visiblement toujours bouleversé par le massacre où près de 400 personnes ont perdu la vie, l’ingestion de cette drogue pourrait avoir contribué à atténuer le traumatisme de ce photographe de 28 ans, comme l’étayent les résultats intermédiaires d’une étude israélienne.

« Je suis venu à Nova avec mon cousin et plusieurs amis […] C’était mon premier festival de musique », se remémore ce Canadien, immigré en Israël quatre mois avant le 7 octobre.

À l’arrivée, « on a tous mis un peu de MDMA dans une bouteille d’eau de deux litres, et on a pris une demi ou un quart de pilule d’ecstasy chacun », confie-t-il à l’AFP.

Des chercheurs de l’université de Haïfa ont suivi 657 survivants parmi les quelque 4 000 festivaliers, certains ayant consommé des substances, d’autres pas.

Leur étude suggère que les personnes sous l’influence de la MDMA – principe actif de l’ecstasy – présentaient « des résultats intermédiaires significativement meilleurs que celles ayant consommé d’autres substances ou aucune substance du tout ».

Un extrait d’une vidéo publiée sur Telegram le 9 octobre 2023 montre un terroriste palestinien armé marchant autour du festival de musique Supernova, avec un corps derrière lui, près du kibboutz Reïm, dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël. (Crédit : ANONYMOUS/AFP)

Plus précisément, ces sujets affichent plus d’interactions sociales et une meilleure qualité de sommeil juste après le traumatisme, entraînant des niveaux réduits de détresse psychologique et des symptômes de stress post-traumatique (TSPT) moins graves.

« Découverte vraiment unique »

« C’est une découverte vraiment unique – elle n’a jamais été signalée auparavant, car elle n’a jamais été étudiée auparavant », un tel cadre, d’un évènement traumatique de masse, étant très rare, souligne Roee Admon, un des chercheurs à l’origine de l’étude.

Bien que la recherche sur les traumatismes soit déjà riche, l’attaque contre un rassemblement comme Nova a ouvert une nouvelle fenêtre sur leurs effets sous l’influence de substances psychotropes, explique-t-il.

« Nous ne savons rien sur la réponse au traumatisme lorsque les gens, pendant l’attaque ou l’événement traumatique, sont sous l’influence de substances spécifiques comme le cannabis, l’alcool et les psychédéliques comme le LSD et la MDMA », dit-il.

A priori, « j’aurais l’impression que si quelque chose comme ça m’arrivait, je voudrais autant que possible être maître de moi, préservé de toute influence externe ou de substances », ajoute-t-il. « Mais ce n’est pas ce que nous avons constaté, et c’est ce qui nous a beaucoup surpris. »

Si la MDMA, dont la consommation est illégale en Israël, pourrait avoir apporté une légère protection psychologique, le niveau global de TSPT parmi les rescapés de Nova reste extrêmement élevé, insiste toutefois le chercheur.

De plus, note-t-il, l’étude, récemment acceptée pour publication par le World Psychiatry journal, est teintée par un « biais de survie », aucun enseignement ne pouvant être tiré de ceux qui ont péri.

Un suspect en train de voler une caravane sur les lieux du massacre du festival de musique de Reim, sur les images des caméras de sécurité publiées par la police le 22 octobre 2023 (Crédit : Capture d’écran/Police israélienne)

« Drogue de l’amour »

Rencontré par l’AFP au mémorial dressé sur le site du festival à Réïm, dans le sud d’Israël, Shye Klein-Weinstein confie toujours lutter avec le traumatisme et suivre une thérapie.

La MDMA pourrait toutefois avoir quelque peu atténué ses symptômes, dit-il, tout en se gardant bien de suggérer que cette substance puisse l’avoir « sauvé ou protégé ».

« Je ne connais personne qui aurait survécu parce qu’il avait pris de la MDMA », souligne-t-il. « Nous étions tous aussi vulnérables les uns que les autres, tous dans la même situation. »

Mais, ajoute-il, l’ecstasy est connue comme « la drogue de l’amour. Ça donne juste envie de prendre ses amis dans ses bras, de rire et de sourire ». « Quand tout cela s’est produit, j’ai remarqué que je n’avais pas vraiment peur pour moi-même », se souvient-il.

« Ma seule inquiétude, c’était de ne pas pouvoir aider mes amis ou qu’il leur arrive quelque chose et que je sois totalement inutile, incapable de faire quoi que ce soit. C’était un sentiment horrible de ne pas maîtriser la situation. »

Psychologue spécialisée dans les traumatismes et responsable de la division Résilience de l’organisation de secouristes Zaka, Vered Atzmon-Meshulam dit ne pas être surprise des résultats intermédiaires de l’étude.

« Cette recherche est très importante pour continuer à développer des réponses adaptées aux traumatismes extrêmes », explique-t-elle à l’AFP.

« Nous devons passer à l’étape suivante, qui inclut des traitements utilisant des psychédéliques pour guérir réellement et à grande échelle. Pas seulement pour les personnes qui étaient à Nova, mais pour toutes celles qui souffrent de stress post-traumatique », ajoute-t-elle.

En 2023, l’Australie est devenue le premier pays à légaliser la MDMA pour traiter le TSPT.

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