Législatives : Des syndicats d’Ouest-France dénoncent des « amalgames », la direction se défend
Le 23 juin, "un nouvel édito a encore manié amalgames réducteurs et considérations choquantes [...] nous, journalistes d'Ouest-France, considérons que ce texte ne nous représente pas"

Les syndicats de journalistes SNJ et CFDT du journal Ouest-France critiquent un éditorial publié dimanche par leur titre qui selon eux renvoie dos-à-dos le Rassemblement national (RN) et le Nouveau Front populaire (NFP), la direction réaffirmant de son côté son « engagement non partisan ».
Dimanche 23 juin, « un nouvel édito a encore manié amalgames réducteurs et considérations choquantes […] nous, journalistes d’Ouest-France, considérons que ce texte ne nous représente pas », écrit l’intersyndicale SNJ-CFDT dans un communiqué publié mercredi soir sur les réseaux sociaux.
« Le lecteur comprendra que ce texte appelle à voter pour la majorité présidentielle. Afficher ainsi sa préférence, à la veille d’un premier tour d’une élection aussi cruciale, ne correspond pas à la tradition d’Ouest-France », dénoncent-ils après un éditorial de Jeanne-Emmanuelle Hutin, directrice de la recherche éditoriale d’Ouest-France et fille du défunt patron du journal.
Cet éditorial et d’autres déjà publiés minimisent « la menace du Rassemblement national, en la comparant à celle que pourrait constituer le Nouveau Front populaire », estiment-ils, jugeant « dangereux de placer sur le même plan » la coalition de gauche avec ce parti d’extrême droite.
« S’il ne clarifiait pas sa position aujourd’hui sur cette question, notre journal aurait une responsabilité dans la potentielle accession du RN au pouvoir », concluent-ils.
La direction et la rédaction en chef d’Ouest-France ont réagi jeudi en rappelant l’engagement historique du titre contre le racisme ainsi que « ses prises de position de longue date en désaccord avec celles du Front national puis du RN. »
« Laisser entendre que les récents éditoriaux publiés feraient l’amalgame entre le RN et le NFP est inexact », insistent-elles dans un communiqué, ajoutant que Ouest-France « ne peut taire les dérives anti-démocratiques, racistes, antisémites, d’où qu’elles viennent ».
« Ouest-France a choisi son camp : démocrate et humaniste. Son engagement est éthique et non partisan », assure le texte.
Intitulé « Demain, on rase gratis ! », l’éditorial de Hutin fustigeait notamment « les promesses démagogiques » dans le domaine social et leur impact sur les comptes publics.
Selon elle, ces promesses « laisseront place à une grande déception qui risque d’engendrer la violence, si prégnante dans cette campagne ».
« L’extrême gauche a investi des candidats activant l’antisémitisme et la violence. Et du côté de l’extrême droite, ‘le migrant sans papiers’ devient le bouc émissaire de tous nos maux », écrivait l’éditorialiste.
La veille, un édito signé de Laurent Marchand, l’un des rédacteurs en chef, estimait que « l’idée selon laquelle il y aurait une symétrie entre les extrêmes est contestable », mettant en garde contre « une possible victoire d’une droite radicale, europhobe, russophile et hostile à certains droits fondamentaux ».