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Législatives tchèques : la peur des migrants dans un pays sans migrants

La République tchèque, avec à sa tête un président ouvertement anti-musulman, n'a jusqu'à présent accepté que douze réfugiés, alors que l'UE lui a demandé d'en accueillir 1 600

Milos Zeman, président tchèque, aumémorial Yad Vashem de Jérusalem, en 2013. (Crédit : Isaac Harari/Flash90)
Milos Zeman, président tchèque, aumémorial Yad Vashem de Jérusalem, en 2013. (Crédit : Isaac Harari/Flash90)

Des migrants portant burkas et hijabs s’en prennent à une retraitée tchèque, donnent un coup de pied à son déambulateur et la laissent étalée par terre, se ruant vers un bâtiment avec le panneau « Prestations sociales ».

Le clip de campagne du « Bloc contre l’Islamisation », un parti d’extrême-droite, poursuit : « C’est à vous de choisir : faut-il donner de l’argent à nos enfants et aux retraités ou aux musulmans et aux Africains? »

Le Bloc contre l’Islamisation est l’une des 31 formations politiques en lice pour les législatives tchèques de vendredi et samedi.

Il est loin d’être seul à exploiter ce thème. A l’instar du Front National en France, de Geert Wilders aux Pays-Bas, de l’AfD en Allemagne et du Parti de la liberté en Autriche, plusieurs partis tchèques misent sur les peurs provoquées par un afflux record de migrants en Europe.

Du coup, la migration est devenue le sujet clé de la campagne tchèque, malgré la quasi-absence de migrants et de réfugiés, qui préfèrent se diriger vers l’Allemagne ou la Suède.

La République tchèque, avec à sa tête un président ouvertement anti-musulman, n’a jusqu’à présent accepté que douze réfugiés, alors que l’UE lui a demandé d’en accueillir 1 600, dans le cadre de son système de répartition.

‘Rien contre les Chinois’

Bon nombre de partis tchèques exploitent la peur du terrorisme, la menace islamiste et la crainte de voir disparaître la prospérité économique pour en tirer un profit politique.

« Cela n’a pas grand-chose à voir avec la réalité, parce qu’il n’y a vraiment pas de migrants ici », dit l’analyste Jiri Pehe, interrogé par l’AFP.

Selon un sondage réalisé en avril par l’institut CVVM de l’Académie tchèque des Sciences, quelque 60% des Tchèques sont hostiles à l’accueil des migrants, alors que 3% seulement y sont favorables.

Prague a protesté vigoureusement contre le programme de répartition de réfugiés avancé par l’UE, comme l’ont fait ses voisins polonais, hongrois et slovaque.

« Nous avons besoin d’un barrage contre l’idéologie haineuse de l’islam », affirme Tomas Erlich, un Praguois décidé à voter pour le parti anti-migrants « Liberté et démocratie directe » (SPD), de l’homme d’affaires né à Tokyo Tomio Okamura.

L’islam « est incompatible avec la démocratie, la législation et les valeurs européennes. L’expérience qu’en a faite l’Occident le démontre clairement », insiste M. Erlich.

Il nie pourtant être xénophobe, car il n’a « rien contre les Chinois et les Vietnamiens, intelligents et travaillant incroyablement dur ».

Le SPD serait crédité de 7,3% des suffrages selon CVVM, soit au-dessus du seuil d’éligibilité de 5% pour entrer à la chambre basse de 200 sièges.

Parfois taxé de « Trump tchèque » par la presse populaire, l’homme d’affaires milliardaire Andrej Babis, dont le mouvement populiste ANO est pressenti vainqueur des législatives avec 30,9% des voix selon CVVM, ne cache pas non plus son hostilité à l’accueil des migrants.

‘Commerce de la peur’

« Il n’y a presque pas d’immigrants chez nous, le pays traverse une bonne période du point de vue économique, et pourtant il y a du mécontentement voire de la colère chez les gens », constate l’analyste Josef Mlejnek de l’Université Charles de Prague, interrogé par l’AFP.

« Je me demande moi-même quelles en sont les raisons. Je pense à une combinaison de frustrations personnelles et d’un problème général, dit-il. Par exemple Babis répète que la corruption est partout et les gens commencent à le prendre à cœur ».

Le taux de chômage en République tchèque ne s’élevait qu’à 3,8% en septembre, son niveau le plus bas depuis 1998, alors que la banque centrale tablait sur une croissance de 3,6% à la fin de l’exercice 2017.

Et pourtant, « la scène politique tchèque a dégénéré en commerce de la peur », estime M. Pehe.

Pour le président Milos Zeman, la vague migratoire est une « invasion organisée » et les musulmans sont « impossibles à intégrer ».

Le parti social-démocrate CSSD du Premier ministre sortant Bohuslav Sobotka, crédité de 13,1% d’intention de vote, promet lui d’arrêter « la migration illégale ».

Le premier parti de droite tchèque, ODS, veut quant à lui évincer de l’espace Schengen les pays qui se montrent incapables de protéger leurs propres frontières.

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