L’Égypte et les Émirats prêts à faire partie de la force de sécurité d’après-guerre à Gaza
Antony Blinken informe ses homologues que Le Caire et Abou Dhabi acceptent sous conditions, les États-Unis cherchant d'autres alliés régionaux
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

WASHINGTON – L’Égypte et les Émirats arabes unis se sont déclarés prêts à participer à une force de sécurité d’après-guerre à Gaza, a indiqué le Secrétaire d’État américain Antony Blinken à ses homologues lors de sa récente visite dans la région, comme l’ont confié mardi au Times of Israel trois responsables au fait de la question.
Les États-Unis sont à la recherche d’alliés arabes pour cette initiative, alors qu’ils s’apprêtent à présenter leur vision de la gestion de la bande de Gaza après la guerre, malgré les difficultés rencontrées pour parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Lors de ses visites au Qatar, en Égypte, en Israël et en Jordanie il y a quinze jours, Blinken a dit à ses interlocuteurs que les États-Unis avaient progressé sur la question, en recevant le soutien du Caire et d’Abou Dhabi pour la création d’une force qui travaillerait aux côtés d’officiers palestiniens locaux, selon un responsable arabe, un responsable américain et une troisième source au fait de la question.
Les responsables ont déclaré que l’Égypte et les Émirats avaient néanmoins posé des conditions à leur participation, exigeant notamment que l’initiative soit liée à un processus visant à établir un futur État palestinien – un objectif que le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est juré de bloquer.
La troisième source au fait du dossier a précisé que l’Égypte exigeait également le retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza – une condition susceptible d’entrer en conflit avec la promesse de Netanyahu de maintenir un contrôle sécuritaire global de la bande de Gaza après la guerre, avec la possibilité d’y revenir si nécessaire pour empêcher la résurgence du Hamas.
Les Émirats ont quant à eux exigé la participation des États-Unis à la force de sécurité de la bande de Gaza après la guerre, a déclaré un responsable arabe.

Blinken a indiqué à ses homologues que les États-Unis contribueraient à la mise en place et à la formation de la force de sécurité et veilleraient à ce qu’elle ait un mandat temporaire, afin de la remplacer par la suite par un organe entièrement palestinien, a expliqué la troisième source, ajoutant que l’objectif final était de voir l’Autorité palestinienne (AP) reprendre le contrôle de la bande de Gaza. La réunification de la bande de Gaza et de la Cisjordanie sous une seule entité gouvernementale est considérée comme une étape essentielle vers une solution à deux États.
Le Secrétaire d’État a précisé que les États-Unis ne fourniraient pas de troupes, selon la source.
Lors d’une conférence de presse tenue le 12 juin à Doha, Blinken a déclaré que les États-Unis et leurs partenaires dévoileraient bientôt leurs plans pour la gestion de la bande de Gaza de l’après-guerre. « Dans les semaines à venir, nous présenterons des propositions pour les éléments clés de l’après-guerre – une planification qui comprendra des idées concrètes sur la manière de gérer la gouvernance, la sécurité et la reconstruction. »
Les responsables qui ont parlé au Times of Israel ont indiqué que les États-Unis travaillaient sur trois propositions pour chacune de ces questions, ajoutant que Washington espérait que l’Arabie saoudite mènerait les efforts de reconstruction.
Pour ce qui est de la gouvernance, Blinken aurait confié en privé à ses homologues que l’objectif était d’établir un gouvernement de transition à Gaza, qui collaborerait étroitement avec les pays de la région, selon les responsables.
Cela fait des mois que Blinken est en contact avec un groupe composé d’homologues de l’Arabie saoudite, des Émirats, du Qatar, de la Jordanie, de l’Égypte et de l’AP. Il a également appelé le Maroc, le Bahreïn, la Turquie, l’Indonésie et d’autres pays dans le but de galvaniser un large soutien international en faveur de la stabilisation de Gaza après la guerre.
Lors de la conférence de presse à Doha, le secrétaire d’État a reconnu que la poursuite ou non de la guerre dépendait du Hamas, mais il a insisté sur le fait que le groupe terroriste « ne peut pas et ne sera pas autorisé à décider de l’avenir de cette région ».

Les États-Unis ont également exhorté Israël à élaborer ses propres plans d’après-guerre, prévenant que sans cela, Israël occuperait en permanence la bande de Gaza ce qui pourrait déclencher une période de chaos au cours de laquelle le Hamas qui permettrait au hamas de reprendre le contrôle de la région.
Depuis des mois, Netanyahu refuse de tenir des discussions de haut niveau sur la question de l’après-guerre dans la bande de Gaza, ne souhaitant pas être confronté à ses partenaires de la coalition d’extrême droite qui appellent à une occupation israélienne de la bande de Gaza et au rétablissement des implantations dans cette région.
Le président du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a invoqué le fait que Netanyahu avait esquivé la question pour expliquer sa décision de se retirer du gouvernement de guerre.
Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, n’a pas suivi Gantz, mais il a lui aussi critiqué la conduite du Premier ministre sur cette question.

Gallant a expliqué aux journalistes mardi qu’il avait discuté de ses propres plans pour le « jour d’après » lors de ses réunions cette semaine avec de hauts responsables américains à Washington, affirmant que Gaza devrait être gérée par une combinaison de « Palestiniens locaux », de partenaires régionaux et des États-Unis, tout en reconnaissant qu’il s’agirait d’un « processus long et complexe ».
En réponse à cette information, un porte-parole du département d’État a indiqué au Times of Israel que « nous poursuivons les discussions avec l’AP, les principaux partenaires et les Israéliens sur la question des plans d’après-guerre pour Gaza, notamment en ce qui concerne la gouvernance, la sécurité et la reconstruction ».
« Un programme d’après-guerre pour Gaza sera essentiel pour mettre un terme durable au conflit, mais aussi pour transformer la fin de la guerre en une paix juste et durable, et utiliser cette paix comme base pour construire une région mieux intégrée, plus stable et plus prospère », a ajouté le porte-parole.
L’ambassade d’Égypte n’a pas répondu à une demande de commentaire.