L’Egypte ratifie une loi interdisant aux militaires une carrière politique
Jusqu'à présent, les membres de l'armée étaient autorisés à mener une carrière politique, à condition seulement d'abandonner leur métier ou d'être déjà à la retraite
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a ratifié mercredi une loi interdisant les militaires d’active et à la retraite d’être candidats à la Présidence ou au Parlement sans l’accord de l’armée.
Ce changement législatif intervient alors que les Egyptiens ont largement voté l’année dernière lors d’un référendum en faveur d’amendements constitutionnels qui permettront potentiellement au président Sissi, lui-même un ancien maréchal élu en 2014, puis réélu en 2018, de rester au pouvoir jusqu’en 2030.
« Les officiers d’active et ceux dont le service au sein des forces armées a pris fin ne sont pas autorisés à être candidats lors d’élections à la Présidence, au Parlement ou aux conseils locaux sans l’accord du Conseil suprême des Forces Armées (CSFA) », a écrit le quotidien de langue anglaise The Egyptian Gazette.
Jusqu’à présent, les membres de l’armée étaient autorisés à mener une carrière politique, à condition seulement d’abandonner leur métier ou d’être déjà à la retraite.
Les militaires en exercice, eux, étaient officiellement tenus au devoir de réserve et interdits d’avoir une quelconque activité politique.
Le CSFA, entité puissante au sommet de l’armée, est dirigé par M. Sissi depuis 2014.
Mis à part une brève parenthèse à la suite du soulèvement populaire de janvier-février 2011 qui a chassé le président Hosni Moubarak, l’Egypte est dirigée depuis 1952 par des militaires.
L’armée, dépeinte comme la protectrice du peuple, est omniprésente dans la société et son rôle s’est accentué ces dernières années dans l’économie égyptienne.
L’actuel président est arrivé au pouvoir en 2013 après avoir destitué Mohamed Morsi, l’unique chef d’Etat égyptien civil et élu démocratiquement.
Lors de l’élection présidentielle de 2018, les adversaires les plus sérieux de M. Sissi avaient été soit arrêtés, soit découragés. L’ancien chef d’état-major Sami Anan avait été notamment arrêté après avoir annoncé sa candidature. Il avait été libéré fin 2019 après plus d’un an et demi en détention.