Israël en guerre - Jour 535

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L’Égypte renforce sa répression à l’encontre de militants pro-Gaza

Malgré ses critiques officielles d'Israël, le Caire reste peu enclin à l'idée autoriser les manifestations pro-palestiniennes

Les forces de sécurité libanaises bloquent la route menant à l'ambassade égyptienne à Beyrouth pendant une manifestation contre la fermeture du poste-frontière de Rafah, entre l'Égypte et la bande de Gaza, le 19 février 2024. (Crédit : Anwar Amro/AFP)
Les forces de sécurité libanaises bloquent la route menant à l'ambassade égyptienne à Beyrouth pendant une manifestation contre la fermeture du poste-frontière de Rafah, entre l'Égypte et la bande de Gaza, le 19 février 2024. (Crédit : Anwar Amro/AFP)

LE CAIRE – L’Égypte a placé en détention plusieurs étudiants qui tentaient de défendre les intérêts des Palestiniens – le signal le plus récent de l’opposition du pays à l’idée d’offrir un espace à l’activisme dans un contexte de guerre à Gaza, et ce, malgré les nombreuses critiques officielles du régime égyptien à l’égard de son allié israélien.

Des étudiants figurent parmi des dizaines de personnes qui ont été arrêtées en lien avec le mouvement de protestation dénonçant la campagne militaire israélienne. Certains activistes avaient déjà été placés en détention au mois d’octobre lorsque les rassemblements autorisés par le gouvernement avaient débordé et qu’ils s’étaient propagés à des sites interdits, notamment à la place Tahrir, au Caire.

Selon les analystes, les autorités égyptiennes craignent que les mouvements de protestation entraînés par le conflit israélo-palestinien ne viennent attiser les dissensions politiques dans le pays, des dissensions qui s’étaient éteintes suite à une large campagne de répression qui avait duré plus d’une décennie.

L’organisation Initiative égyptienne des droits personnels (EIPR), un groupe indépendant dont le siège est au Caire, estime qu’au moins 125 personnes ont été arrêtées depuis le début de la guerre à Gaza, au mois d’octobre. 95 d’entre elles sont en détention préventive, accusées notamment d’appartenir à des groupes interdits ou d’avoir aidé à propager des informations mensongères.

Trois étudiants ont été arrêtés au début du mois après avoir tenté de créer un groupe appelé Étudiants pour la Palestine, fait savoir Nabeh El Ganadi, avocat spécialisé dans la défense des droits de l’Homme qui représente deux des jeunes gens. Parmi eux, il y a Ziad Bassiouny, étudiant de 22 ans dans un institut consacré aux arts de Gizeh.

Environ 40 membres des forces de sécurité ont été déployés pour aller arrêter Bassiouny dans son appartement aux premières heures de la matinée, le 9 mai, dit sa mère, Fayza Hendawy, à Reuters.

« Ils ont pointé leurs armes à feu sur nous de manière à ce qu’aucun d’entre nous ne puisse bouger », se rappelle-t-elle, évoquant ce raid nocturne.

Les étudiants « n’ont pas appelé à manifester ou quoi que ce soit de cet ordre », confie-t-elle. « Ce n’est pas un groupe politique ; ce ne sont que des étudiants qui appellent les autres étudiants égyptiens à défendre la Palestine et à afficher ouvertement leur soutien, comme cela arrive dans les autres universités du globe ».

Les services officiels d’information égyptiens n’ont pas répondu à une demande de commentaire transmise par Reuters et aucun responsable du ministère de l’Intérieur n’avait pu être contacté au moment de la rédaction de cet article.

Des chars de l’armée égyptienne déployés près du côté égyptien du poste-frontière de Rafah avec la bande de Gaza, le 23 mars 2024. (Crédit : Khaled Desouki/AFP)

Les officiels égyptiens ont ouvertement fait part de leur soutien aux droits des Palestiniens dans le contexte de la guerre et ils ont critiqué avec force la campagne militaire menée par Israël. « Ce qui est sidérant, c’est que c’est leur positionnement officiel », s’étonne Hendawy.

Les groupes de défense des droits de l’Homme affirment pour leur part que des dizaines de milliers de personnes, issues de tout le spectre politique égyptien, ont été arrêtées pour dissension depuis 2013 – lorsque le chef de l’armée de l’époque, Abdel Fattah el-Sissi, avait pris la tête des forces qui avaient finalement écarté du pouvoir le président du pays, Mohamed Mursi, qui appartenait au mouvement des Frères musulmans et qui avait été librement élu après des agitations interminables qui avaient eu lieu dans le cadre du « printemps arabe ».

Le Hamas, le groupe terroriste au pouvoir à Gaza, est une ramification des Frères musulmans et l’Égypte a aidé Israël à imposer des restrictions sécuritaires à Gaza après la prise de contrôle du territoire par le Hamas, en 2007.

Les partisans de Sissi, qui est président depuis 2014, déclarent que cette répression était nécessaire pour stabiliser l’Égypte et que le système judiciaire est indépendant dans le pays. Les responsables indiquent qu’ils ont pris des initiatives visant à protéger les droits et à élargir la participation politique, même si les critiques estiment que ces mesures sont largement cosmétiques.

Les mouvements de protestation publics sont illégaux, de manière générale.

Dix-neuf activistes ont été arrêtés, à la fin du mois d’avril, après avoir participé à un rassemblement aux abords du bureau des Nations unies, au Caire, où ils voulaient afficher leur solidarité avec les femmes de Gaza et au Soudan. Ils ont finalement été libérés sous caution, a fait savoir l’EIPR. Au début du mois, les forces de sécurité ont appréhendé des gens qui participaient à un mouvement de protestation, au centre de la capitale, qui avait donné lieu à des slogans critiquant al-Sissi.

Ganadi, l’avocat spécialiste des droits de l’Homme, a indiqué que ces arrestations entraient dans le cadre d’un modèle plus large mis en place par les autorités qui s’efforcent de bloquer les mouvements organisés, notamment de la part des syndicats de travailleurs et des associations étudiantes.

« Personne ne fait rien mais pourrait le faire – ainsi, dans la mesure où ils font quelque chose, pourquoi ne pas les arrêter et pourquoi ne pas leur demander des comptes ? », explique-t-il.

Le conflit actuel à Gaza avait commencé le 7 octobre, quand le Hamas avait commis un massacre dans le sud d’Israël, tuant près de 1 200 personnes, des civils en majorité, et enlevant 252 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza.

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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