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L’EI confirme la mort de son chef al-Baghdadi et annonce un successeur

Le nouveau porte-parole de l'organisation jihadiste a appelé à venger cette mort, menacé spécifiquement les Etats-Unis de représailles et qualifié Trump de "vieil homme insensé"

Abou Bakr al-Baghdadi prononçant un sermon à la mosquée al-Nuri de Mossoul en Irak lors de sa supposée première apparition publique, le 5 juillet 2014. (AP Photo/Militant video, File)
Abou Bakr al-Baghdadi prononçant un sermon à la mosquée al-Nuri de Mossoul en Irak lors de sa supposée première apparition publique, le 5 juillet 2014. (AP Photo/Militant video, File)

L’organisation terroriste Etat islamique (EI) a confirmé jeudi la mort de son chef Abou Bakr al-Baghdadi, cinq jours après l’annonce de son décès par Donald Trump dans une opération américaine en Syrie, et nommé son successeur en menaçant les Etats-Unis de représailles.

« Ô musulmans, Ô moujahidines, soldats de l’EI (…), nous pleurons le commandeur des croyants Abou Bakr al-Baghdadi », déclare Abou Hamza Al-Qourachi, présenté comme le nouveau porte-parole de l’organisation extrémiste, dans un message audio posté sur l’application Telegram.

Le groupe jihadiste a également confirmé la mort, dans un autre raid, de son ancien porte-parole, Abou al-Hassan al-Mouhajir, bras droit d’Abou Bakr al-Baghdadi.

L’EI a ajouté que le « Majlis al-choura (l’assemblée consultative en arabe, NDLR) » avait prêté allégeance à Abou Ibrahim al-Hachemi al-Qourachi en tant que « commandeur des croyants » et nouveau « calife des musulmans ».

Ce nom avait rarement été mentionné parmi les potentiels successeurs de Baghdadi, dont la mort a été rapportée à de multiples reprises ces dernières années.

« Juge de l’EI »

« Nous ne savons pas grand-chose de lui, sauf qu’il est le principal juge de l’EI et qu’il dirige l’Autorité de la charia (loi islamique) », a indiqué à l’AFP Hicham al-Hachemi, un expert irakien de l’EI.

Le président américain Donald Trump parle aux journalistes alors qu’il part de la Maison-Blanche de Washington pour se rendre en Floride, le 3 octobre 2019. (Crédit : Jim Watson/AFP)

C’est le président américain Donald Trump qui avait annoncé dimanche, depuis la Maison Blanche, la mort d’Abou Bakr al-Baghdadi, considéré comme responsable de multiples exactions et atrocités en Irak et en Syrie et d’attentats sanglants.

Mercredi, le Pentagone a diffusé plusieurs photos et extraits vidéos où l’on voit notamment une dizaine de soldats approcher, dans la nuit de samedi à dimanche, de l’enceinte du complexe où était caché le chef jihadiste dans le village de Baricha, dans le nord-ouest de la Syrie.

Acculé par les forces américaines, le chef de l’EI s’est fait exploser avec sa « veste » chargée d’explosifs alors qu’il s’était réfugié dans un tunnel creusé pour sa protection. « Il est mort comme un chien », a affirmé Donald Trump.

Dans son enregistrement audio d’une durée de sept minutes, le nouveau porte-parole de l’organisation jihadiste a appelé à venger cette mort, en menaçant spécifiquement les Etats-Unis de représailles et en qualifiant son président de « vieil homme insensé ».

« Ne te réjouis pas Amérique (…) », est-il dit. « Il est venu celui qui te fera oublier les horreurs » d’Abou Bakr al-Baghdadi et « les coupes amères (…) dont le goût te paraîtra doux », a ajouté l’organisation en référence à son nouveau chef.

Depuis qu’il s’était autoproclamé, en 2014, « calife » d’un territoire qui a compté jusqu’à sept millions d’habitants, à cheval entre l’Irak et la Syrie, Abou Bakr al-Baghdadi était devenu l’homme le plus recherché au monde.

Sa mort a été annoncée plusieurs fois, mais toutes les tentatives pour éliminer cet Irakien de 48 ans avaient jusqu’à présent échoué, tant l’imam vivait dans l’ombre.

« On s’attend à tout »

Son successeur hérite d’un mouvement jihadiste qui a dû, après la chute de son « califat » en mars et d’autres défaites militaires, se dissoudre en une multitude de cellules clandestines en Syrie et en Irak, avec des communications difficiles dans des pays en plein chaos.

Le nouveau chef jihadiste pourrait être amené à commander quelque 14 000 combattants dispersés en Syrie et en Irak et se rapprocher du chef actuel d’Al-Qaïda, l’Egyptien Ayman al-Zawahiri, a affirmé mercredi Russ Travers, directeur par intérim du National Counterterrorism Center, l’organisme qui supervise la lutte antiterroriste aux Etats-Unis.

Un drapeau de l’Etat islamique dans une tente après que les FDS soutenues par les Etats-Unis ont pris le contrôle de Baghouz,en Syrie, le 23 mars 2019. (Crédit : AP/Maya Alleruzzo)

Dans le message audio diffusé jeudi, le porte-parole de l’EI a par ailleurs fait référence à l’appel de l’ex-chef du groupe jihadiste en faveur de la libération des détenus de l’EI dans des prisons et des camps contrôlés par les forces kurdes.

Celles-ci affirment détenir environ 12000 jihadistes présumés de l’EI, dont plus de 2 000 étrangers en provenance de plus de 50 pays.

Les forces kurdes en Syrie, partenaires de Washington durant les années de lutte contre l’EI, ont dit craindre des représailles du groupe après la mort d’Abou Bakr al-Baghdadi.

« On s’attend à tout, y compris des attaques contre les prisons », a déclaré Mazloum Abdi, commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), en référence aux centres tenus par les Kurdes qui abritent des milliers de jihadistes.

Le corps du chef de l’EI a été immergé en mer, selon un responsable du Pentagone, une décision visant à éviter qu’une éventuelle tombe ne devienne un lieu de pèlerinage.

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