Les 4 otages retrouvés reposent en Israël, 7 mois après avoir été tués par le Hamas
Des Israéliens en deuil ont rendu hommage à Shani Louk, Amit Buskila, Itzik Gelerenter et Ron Benjamin
Des funérailles ont eu lieu dimanche pour trois des quatre otages dont les corps ont été récupérés par les troupes de l’armée israélienne ce week-end dans la bande de Gaza, plus de sept mois après qu’ils ont été assassinés. Celles du quatrième ont eu lieu lundi.
Shani Louk a été enterrée à Srigim, Amit Buskila à Kiryat Gat, Itzik Gelernter au kibboutz Palmahim, et Ron Benjamin également au kibboutz Palmahim lundi.
Les quatre otages ont été assassinés le 7 octobre et leurs corps enlevés à Gaza par des terroristes palestiniens du Hamas, selon Tsahal. La mort de Shani avait été confirmée par l’armée en octobre, mais le sort des trois autres otages était inconnu jusqu’à ce week-end. Shani, Amit et Itzik s’étaient rendus ce jour-là au Festival de musique Supernova, tandis que Ron était parti faire une balade à vélo tôt ce matin-là.
Dans la petite ville de Srigim, au sud de Beit Shemesh, les proches ont rendu hommage à Shani, 22 ans, qui possédait la double nationalité allemande et israélienne et qui était devenue une icône des massacres perpétrés par le Hamas après qu’une vidéo, diffusée le 7 octobre et attribuée au groupe terroriste palestinien, a montré son corps à l’arrière d’un pick-up blanc, les cheveux couverts de sang. Elle a été encerclée par des terroristes armés et exhibée à travers la bande de Gaza.
Lors des funérailles, sa mère, Ricarda, a déclaré : « Je ne croyais pas qu’ils seraient en mesure de ramener son corps, et ce fut un soulagement lorsque l’armée nous a informés qu’ils avaient trouvé son corps et qu’il était
entier. »
Shani a passé la majeure partie de sa vie dans le moshav, a expliqué Ricarda, où elle profitait de la nature, apprenait à danser et à coudre ses vêtements, et développait son style vestimentaire unique. Adolescente, elle se sentait différente des autres. Elle a étudié l’art à Jérusalem et le graphisme à Jaffa, avant d’apprendre le tatouage. L’année précédant sa mort, elle a beaucoup voyagé à l’étranger, participant à de nombreux festivals.
Selon sa mère, « elle a dit un jour ‘qu’il n’y a pas de mauvaises personnes, il n’y a que des personnes pour qui les choses sont mauvaises’ ». Ses amis qui ont assisté aux funérailles portaient des tee-shirts avec l’inscription « Quand nous dansons, nous prions », et l’un d’entre eux a déclaré au Times of Israel : « C’est ce que Shani disait toujours. »
Shani avait participé à la rave-party avec son petit ami, Orión Hernández Radoux, un ressortissant franco-mexicain qui serait actuellement retenu en otage dans la bande de Gaza.
Nissim, le père de Shani, a déclaré aux personnes endeuillées qu’il regrettait de ne pas avoir pu protéger Shani, qui avait assuré à ses parents que la fête serait bien sécurisée.
« Nous ne connaissions pas l’ampleur du danger », a-t-il déclaré. Pendant des milliers d’années, le peuple juif a su se battre et défendre la petite Terre d’Israël, a-t-il poursuivi.
« Nous avons tout fait pour parvenir à la paix, mais cette époque est désormais révolue », a-t-il ajouté. « Nos dirigeants répètent les mêmes erreurs, sans apprendre. [Albert] Einstein a dit un jour que seul un fou fait la même chose encore et encore, et s’attend à ce que le résultat soit différent à chaque fois. Si nous continuons à commettre les mêmes erreurs que ces dernières décennies, nous risquons de perdre notre pays. »
Le président Isaac Herzog a envoyé un message à l’occasion des funérailles, s’excusant de ne pouvoir être présent et soulignant que le père de Nissim Louk, Amram – ancien chef du Conseil local de Beit Shemesh – avait été proche de son propre père, Chaïm Herzog, ancien président d’Israël. Après avoir rendu visite à la famille, il a déclaré avoir découvert une jeune femme pleine de vie et de créativité, drôle, entourée d’amis et toujours au centre des événements.
Les éloges funèbres se sont terminés par une chanson intitulée « Home », dont Shani était l’auteure et qui comprenait les paroles « I don’t want war » (Je ne veux pas de guerre).
Lors des funérailles d’Amit à Kiryat Gat, des milliers de personnes sont venues rendre hommage à la jeune styliste de mode, assassinée par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre.
La mère d’Amit, Ilana Buskila, a pleuré lors des funérailles : « J’ai prié pour que les tourments que j’ai vécus se terminent différemment. »
« J’ai eu la chance de t’avoir pendant 28 ans », a-t-elle poursuivi. « Tu m’as enveloppée d’amour, tu as été ma source d’inspiration […] Tu es entrée dans le cœur du peuple d’Israël. »
Son père, Meïr, a souligné « le nombre de personnes qui sont venues à tes funérailles et non à ton mariage […] Amit, ma fille, tu as payé de ta vie le prix de l’État d’Israël », a-t-il déploré. « Tu es maintenant dans un monde meilleur, et tu nous as laissés brisés. »
Le frère d’Amit, Shiel, a déclaré qu’elle était « la lumière, le soleil, elle avait du courage et de la bravoure, j’étais fier de ta force, ma petite sœur bien-aimée […] Tu rêvais de conquérir le monde, mais maintenant ton lit est fait et vide. Le miroir de ta chambre ne verra pas ton visage. Les casseroles de la cuisine ne sentiront pas la chaleur de tes mains. Tu as été tuée parce que tu étais Juive ».
La famille Gelernter a demandé que les médias ne couvrent pas les funérailles d’Itzik.
S’adressant à la radio de l’armée dimanche matin, le frère d’Itzik, Itay Gelernter, a déclaré que « nous avons compris, en vérité, que nous pouvons être réconfortés par [le fait] que nous avons une tombe, nous avons un endroit où pleurer, un endroit où nous pouvons nous effondrer ».
« Nous sommes reconnaissants d’avoir eu l’occasion de faire nos adieux comme il faut. C’est la première fois que je dis ‘bonjour’ depuis le 7 octobre, le jour des funérailles de mon père, parce que le manque de renseignements [à son sujet] a été un poids trop lourd à porter et avec lequel il faut vivre », a déclaré dimanche à la radio 103FM sa fille, Yarden Pivko.
Yarden a décrit son père comme « une personne souriante, pleine d’esprit, avec un sens de l’humour, le premier père à se présenter lorsqu’on l’appelait, un grand-père merveilleux – autant il était macho, fort et dur, autant avec mes filles, il était comme du beurre. Toute sa tendresse ressortait. C’était une personne merveilleuse, un bon ami, il aimait totalement la vie ».
Ron Benjamin, qui laisse derrière lui son épouse et deux filles, a lui été entouré de centaines de personnes lors de son enterrement lundi – notamment du ministre Chili Tropper.
« Rien ne nous avait séparés jusqu’à présent. Nous avons accumulé des expériences qui ont laissé une belle trace jusqu’à ce que tout se termine ce maudit Shabbat », a déclaré sa femme, Ayelet.
« Tu étais le meilleur père du monde. J’avais gagné à la loterie. Je ne peux pas croire que notre histoire se termine ainsi. Je me suis battue de toutes mes forces pendant sept mois pour te ramener, j’imaginais déjà notre rencontre passionnée à l’hôpital, le câlin que je te ferais, que nous serions à nouveau ensemble », a dit sa fille Shay.
Avec le rapatriement des corps des quatre otages vendredi, on estime que 124 personnes enlevées par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, la mort de 37 d’entre elles ayant été confirmée par les autorités israéliennes.