Israël en guerre - Jour 428

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Les alliés avaient connaissance de la Shoah dès 1942

Le Royaume-Uni, les Etats-Unis et la Russie savaient pour les millions de personnes massacrées par l'Allemagne nazie, mais ont peu agi pour accueillir des réfugiés ou mettre un terme aux tueries, selon un nouveau livre

Prisonniers à Auschwitz-Birkenau à la Liberation, en janvier 1945 (Crédit : Wikimedia Commons)
Prisonniers à Auschwitz-Birkenau à la Liberation, en janvier 1945 (Crédit : Wikimedia Commons)

Des documents récemment rendus publics montrent que les forces alliées ont eu connaissance de l’ampleur de l’Holocauste près de deux ans environ avant la date officielle, mais qu’elles ont peu fait pour mettre un terme aux massacres ou pour secourir les victimes.

Ces dossiers des Nations unies indiquent que les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Russie savaient déjà au mois de décembre 1942 que deux millions de Juifs avaient été assassinés et que des millions encore risquaient la mort, a rapporté le journal britannique The Independent mardi.

Malgré cela, les alliés n’ont pas accepté d’accueillir des réfugiés et ne sont pas passés à l’action pour empêcher le génocide.

« Les grandes puissances ont commenté [les tueries massives de Juifs] deux ans et demi avant ce qui est supposé en général par les historiens », a déclaré à The Independent Dan Plesch, auteur du nouveau livre “Human Rights After Hitler ».

Dan Plesch, Directeur du Centre d'études internationales et de diplomatie au SOAS, à l'université de Londres et auteur de "Human Rights After Hitler," en août 2012 (Capture d'écran : Youtube)
Dan Plesch, Directeur du Centre d’études internationales et de diplomatie au SOAS, à l’université de Londres et auteur de « Human Rights After Hitler, » en août 2012 (Capture d’écran : Youtube)

En décembre 1942 déjà, le secrétaire d’état aux Affaires étrangères britanniques Anthony Eden avait indiqué au Parlement, dans une déclaration faite au nom des gouvernements anglais, américain et soviétique, que les nazis étaient en train d’exterminer les Juifs. Eden avait indiqué qu’une déclaration identique était faite au même moment à Moscou et à Washington.

« Les autorités allemandes, non contentes de retirer aux individus de race juive les droits de l’Homme les plus élémentaires dans tous les territoires où s’étend dorénavant leur gouvernance barbare, sont en train de réaliser sur le terrain l’intention souvent répétée d’Hitler d’exterminer le peuple juif », avait-il expliqué.

Plesch, un chercheur de l’université de Londres, indique que les alliés avaient sans doute appris l’ampleur des actions menées par l’Allemagne nazie « lorsqu’ils ont découvert les camps de concentration, mais ils ont fait ce commentaire public en décembre 1942 ».

Ce document montre qu'en 1944, la commission des crimes de guerre des Nations Unies avait cherché à inculper d'éminents nazis (UNWCC)
Ce document montre qu’en 1944, la commission des crimes de guerre des Nations Unies avait cherché à inculper d’éminents nazis (UNWCC)

Plesch accuse les forces alliées d’avoir fait peu de choses pour venir au secours des Juifs.

En mars 1943, sur la base de rapports en provenance d’Europe, l’archevêque de Canterbury William Temple, chef de l’église d’Angleterre, avait supplié le gouvernement britannique d’accepter les réfugiés Juifs courant le risque d’être massacrés.

« Au vu des massacres et de la famine qui touchent les Juifs et d’autres dans les pays ennemis ou occupés par l’ennemi », avait écrit Temple dans un courrier destiné à la Chambre des Lords, le gouvernement doit offrir « son plein soutien à des mesures immédiates, à l’échelle la plus large et la plus généreuse… pour aider et apporter un asile temporaire aux personnes risquant d’être massacrées et qui sont parvenues à quitter les pays ennemis et occupés par l’ennemi ».

Le Premier ministre britannique Winston Churchill, à gauche, et le secrétaire d'état aux Affaires étrangères Anthony Eden en 1943. (Domaine public)
Le Premier ministre britannique Winston Churchill, à gauche, et le secrétaire d’état aux Affaires étrangères Anthony Eden en 1943. (Domaine public)

Et pourtant, Viscount Cranborne, ministre au sein du cabinet de guerre du Premier ministre Winston Churchill, avait répondu à cette supplique : »Les nobles Lords ne doivent pas envisager cela comme une question juive ». Il avait ajouté que le Royaume Uni n’était pas en mesure d’accepter un grand nombre de réfugiés, et que tandis que le gouvernement regrettait la situation, il devait se privilégier en premier lieu du bien-être de ses citoyens.

Le livre de Plesch se base sur des archives de la Commission chargée des crimes de guerre à l’ONU – aujourd’hui disparue – qui sont restées scellées pendant 70 ans. Il indique que c’est grâce à l’intervention de l’ancienne ambassadrice américaine Samantha Powers qu’il a pu accéder aux dossiers.

Il y a d’autres preuves attestant que les alliés connaissaient l’ampleur de la Shoah dès 1942. Par exemple, le mémorial de l’Holocauste de Yad Vashem établit dans un rapport envoyé aux Nations Unies que « au cours de l’année 1942, des informations portant sur un plan nazi d’extermination de tous les Juifs – comprenant des détails sur les méthodes, les chiffres et les sites – est parvenu jusqu’aux alliés et aux dirigeants restés neutres de la part de nombreuses sources ».

Toutefois, Plesch ajoute que cette nouvelle recherche vient « enfoncer le clou dans le cercueil » des arguments avancés par les négationnistes de la Shoah.

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