Les ambassades israéliennes fermées en raison d’un mouvement de grève
Les ministères des Affaires étrangères et de la Défense joignent leur force dans un conflit de longue date avec celui des Finances ; aucun service consulaire assuré à l'étranger
Les ambassades et consulats israéliens du monde entier ont fermé leurs portes mercredi matin, les diplomates et attachés militaires s’étant mis en grève pour protester contre un conflit de longue date avec le Trésor concernant les budgets nécessaires pour couvrir les dépenses des diplomates.
Cette initiative, coordonnée par le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Défense et le syndicat de la Histadrout surviendrait après un recul du Trésor sur des accords précédemment conclus. Le ministère des Finances avait ainsi fait savoir qu’il obligerait les ambassadeurs à rembourser les milliers de dollars qui leur avaient été alloués pour couvrir les dépenses qu’ils avaient avancées.
La fermeture des représentations israélienne a débuté mercredi à une heure du matin, heure israélienne.
« En raison de la décision prise par le ministère israélien des Finances de contrevenir aux accords qui avaient été conclus et signés par le directeur-général du ministère des Finances, le 21 juillet 2019, et d’appliquer une procédure à sens unique qui vient altérer un protocole en place depuis plusieurs décennies, nous nous trouvons dans l’obligation de fermer l’ambassade », peut-on lire dans des communiqués publiés sur les sites internet de diverses missions israéliennes.
« Aucun service consulaire ne sera assuré et personne ne sera autorisé à entrer dans l’ambassade/consulat », indique le communiqué.
Ces fermetures devraient affecter les Israéliens actuellement à l’étranger et ayant besoin d’une assistance consulaire – passeports perdus, urgences médicales et autres.
Le mouvement de grève du ministère de la Défense est pour sa part susceptible de nuire à la coopération en termes de défense avec les autres pays comme à l’exportation d’armements.
Ce conflit porte sur le traitement des frais que sont amenés à engager les diplomates et les envoyés du ministère de la Défense, un budget qui est censé couvrir une vaste gamme de dépenses – de l’organisation d’événements au sein des résidences des ambassadeurs jusqu’aux coûts de transport.
Le ministère des Finances veut changer la manière dont il rembourse ces coûts et les taxes imposées sur les dépenses, ce qui frapperait les diplomates et attachés de manière significative. Cela fait longtemps que ces derniers déplorent la faiblesse de leurs salaires.
Il veut maintenant imposer le nouveau système de façon rétroactive, ce qui contraindrait les envoyés à rembourser des milliers de dollars.
« Les diplomates israéliens s’engagent, à tous les instants, à se battre pour mettre en valeur la force et la résilience d’Israël. Malheureusement, la décision prise par le ministère des Finances ne nous laisse pas d’autre choix que d’entreprendre une action dans la mesure où ce sont les intérêts vitaux de l’Etat d’Israël qui sont touchés », ajoute le communiqué.
« Nous espérons que cette crise sera résolue dans les meilleurs délais ».
Cela fait longtemps que les diplomates israéliens se plaignent de maigres salaires et de conditions de travail médiocres. Des actions syndicales sont organisées, habituellement suivies par une grève générale – avec des résultats mitigés.
Au mois de janvier 2011, ils avaient déjoué la visite prévue en Israël du président russe de l’époque, Dmitry Medvedev, mais les succès sont restés rares pour le syndicat des travailleurs du ministère de la Défense.
Trois ans plus tard, après des semaines d’actions syndicales – notamment la cessation de tous les contacts avec les gouvernements étrangers et la suspension de tous les services consulaires à la disposition des Israéliens dans le monde – le siège du ministère de Jérusalem et 103 ambassades et consulats, à l’international, avaient baissé le rideau pour la toute première fois de l’histoire de l’Etat juif.
Au mois de novembre 2014, les représentants du syndicat de la Histadrout avaient signé un accord avec les responsables du ministère des Finances prévoyant une hausse des salaires des diplomates israéliens, ce qui avait ostensiblement semblé mettre un terme au long combat du syndicat.
Les diplomates clament néanmoins que cinq ans après la signature de cette convention, ses termes n’ont pas encore été pleinement mis en vigueur.
Au-delà des salaires, le ministère lui-même a dû faire face à des réductions budgétaires massives.
Au mois de septembre, le ministère des Affaires étrangères avait annoncé qu’il était dans l’obligation de geler la plus grande partie de ses activités diplomatiques, dans le monde entier, en raison d’un manque de fonds.
Il avait expliqué que cette instruction lui avait été donnée par le comptable-général du ministère des Finances en raison du « déficit grave » de son budget.
Parmi les activités suspendues, les voyages des diplomates à l’étranger, l’élaboration de nouveaux traités et initiatives diplomatiques, l’accueil des délégations de diplomates et journalistes étrangers à Jérusalem et les travaux de rénovation et de maintenance au siège du ministère, entre autres.
Au cours des 20 dernières années, les budgets de tous les ministères ont été multipliés par deux – à l’exception de celui du ministère des Affaires étrangères qui a été réduit et qui s’élève actuellement à la somme dérisoire de 1,3 milliard de shekels par an.
Israël maintient actuellement 69 ambassades, 23 consulats et cinq missions spéciales, en comptant son représentant aux Nations unies.
Au mois de mai, un rapport établi par le contrôleur d’Etat, Yosef Shapira, avait estimé que certains ambassadeurs et leurs personnels vivaient dans des conditions déplorables lorsqu’ils étaient en poste à l’étranger. Le rapport avait indiqué qu’un grand nombre des 250 biens immobiliers environ et résidences des employés à la charge du ministère des Affaires étrangères étaient délabrés.
Raphael Ahren a contribué à cet article.