Les animaux sauvés par Tsahal à Gaza alimentent les accusations de « pillage » lancées par les pro-Palestiniens
Certains activistes anti-Israël s'appuient sur la question des animaux domestiques ramenés en Israël pour soutenir leur narratif portant sur "l'immoralité" qui serait celle des soldats
Le chien que Matan Roza avait sorti de Gaza paraissait, de prime abord, être l’un de ces nombreux chiens qui errent dans l’enclave que ce soit en temps de guerre, comme aujourd’hui, ou en temps de paix.
Mais alors qu’il croisait son chemin pour la deuxième fois, Roza, père de quatre enfants et originaire de Maale Levona, a remarqué que le chien n’avait pas peur des hommes – ce qui est pourtant le cas de nombreux autres chiens à Gaza. Il obéissait aux ordres en hébreu, dit Roza, et les autres réservistes de son unité ont finalement réalisé qu’ils avaient en face d’eux un Malinois de pure race, une race également connue sous le nom de berger belge, dont les chiots coûtent des centaines de dollars à l’achat, au sein de l’État juif.
« Je me suis dit que la probabilité que le chien appartienne à un Arabe était très faible », raconte Roza au Times of Israel au cours d’un entretien téléphonique, la semaine dernière, depuis l’intérieur de Gaza, où il sert dans une unité de réserve de mécanique automobile. « Je l’ai appelé pour qu’il entre dans le Hummer et on est partis », continue Roza en parlant du chien qui n’avait ni tatouage, ni puce électronique.
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Le chien, que Roza a ensuite donné gratuitement en passant des annonces sur les réseaux sociaux, est l’un de ces nombreux animaux – beaucoup de chiens et de chats, au moins un perroquet et trois chevaux – que les troupes ont ramenés en Israël avec elles, leur faisant quitter Gaza, depuis le début de l’offensive terrestre israélienne, au mois d’octobre dernier.
S’il s’agit d’un simple geste de bonté et de bienveillance aux yeux de certains, cette question des animaux ramenés en Israël entraîne également des accusations de vol, voire de pillage – des actes qui sont interdits par le droit humanitaire et par la Convention de Genève.
Alors qu’Israël doit répondre de l’accusation beaucoup plus grave de génocide devant la Cour internationale de Justice – une mise en cause qu’Israël et ses alliés ont catégoriquement rejetée – certains activistes anti-israéliens se focalisent sur cette problématique des animaux ramenés en Israël, affirmant qu’elle est une nouvelle preuve venant soutenir leur narratif faisant état d’une conduite « immorale » de la part des soldats israéliens dans la bande de Gaza. D’autres, qui soutiennent Israël, estiment pour leur part que ces soins apportés aux animaux sont bien la preuve du contraire.
« Ils pillent. Ils volent les animaux de compagnie, ils volent les bijoux. Ils postent même des vidéos où ils sont en train de le faire », déclare dans une vidéo récente Richard Medhurst, un journaliste britannico-syrien. Medhurst, fervent pro-palestinien qui compte plus de 370 000 abonnés sur X, montre un soldat israélien portant un chaton dans les bras et il dit : « C’est très probablement le chat de quelqu’un ».
Dans sa vidéo diffusée sur la plateforme Odysee et intitulée « Le pillage, par Israël, des animaux domestiques et des bijoux à Gaza », Medhurst reconnaît qu’il y a de nombreux animaux errants à Gaza mais qu’en l’occurrence, le chaton semble appartenir à quelqu’un. « Regardez son état », dit-il.
Le Middle East Monitor, une importante agence de presse pro-palestinienne dont le siège est à Londres, a publié une vidéo, le mois dernier, sur sa page Facebook – elle compte 1,2 million d’abonnés – qui montrait, selon le groupe, « des soldats israéliens, dans le nord de Gaza, en train de voler nombre de chameaux et autres ânes aux villageois du coin ».
La vidéo, avec en arrière-plan un paysage montagneux, aride, semble avoir été prise dans le désert du Neguev, sur le territoire israélien. Avec une référence pince-sans-rire à la pénurie d’équipements que connaîtrait l’armée israélienne dans le cadre de la guerre actuelle, elle montre un soldat sur le dos d’un chameau qui dit : « Aux Israéliens, merci pour tous vos dons de matériels ! Voyez les progrès que nous avons pu faire, nous sommes partis à dos d’âne et aujourd’hui, nous sommes à dos de chameau ».
Roee Shpernik, fondateur de l’association à but non-lucratif de défense animale Glass Walls, déclare que les accusations de vol lancées contre les troupes israéliennes « sont insensées ». Gaza, indique-t-il, « est un territoire du tiers-monde où la vie des animaux ne représente pas grand-chose, à quelques rares exceptions. Les animaux amenés en Israël sont secourus. Personne ne les vole ».
Shpernik, 39 ans, a mis en place une cellule de crise qui se concentre sur le sauvetage des animaux à Gaza et dans la zone frontalière de la bande, sur le territoire israélien, qui a été évacuée. Il s’occupe principalement des chiens : « Les plus petits et les chiens de race qui sont ‘probablement israéliens’ et qui sont remarqués à Gaza sont sauvés par les réservistes, explique-t-il. Mais ils ne sont pas les seuls à franchir la frontière.
« Les chiens de Gaza, des meutes entières de chiens sauvages, de chiens errants, entrent en Israël dans la mesure où la frontière est ouverte pour les mouvements de troupes. Les réservistes ramènent un grand nombre d’autres chiens. Ce sont des milliers de chiens qui ont perdu leur foyer en Israël. C’est une catastrophe », estime Shpernik dont la conjointe est Tal Gilboa, consultante au Bureau du Premier ministre sur la question du bien-être animal et dont le neveu Guy Gilboa-Dalal figure parmi les 136 otages qui se trouveraient encore dans les geôles du Hamas, à Gaza.
Et pourtant, certains animaux ramenés de l’enclave côtière sur le territoire israélien pourraient avoir une valeur financière importante.
Le mois dernier, un soldat, Shaï Rabi, a ramené trois chevaux de Gaza avec la permission de son commandant, a-t-il confirmé auprès du Times of Israel. Rabi a refusé de répondre aux autres questions qui ont été posées par le Times of Israel.
Avi Tzur, propriétaire de l’usine de fabrication d’aliments pour chevaux Shiluveybar, qui avait donné des granulés à Rabi pour nourrir les trois équidés, dit pour sa part que les chevaux « semblent avoir été volés en Israël », s’appuyant sur leur état, sur l’état de leurs pieds et sur d’autres indications.
« Ce n’est pas que c’est important. Ils étaient maigres, ils avaient faim, ils étaient négligés. Ils seraient morts s’ils étaient restés là-bas », ajoute-t-il. Rabi a amené les équidés depuis Gaza City jusqu’au kibboutz Zikim, à environ sept kilomètres de distance. Entrepreneur dans le secteur de la construction, il a ensuite fait transporter les chevaux de Zikim jusqu’à Kfar Baruch, la localité où il vit et qui est située à proximité d’Afula, note Tzur.
Répondant à une demande soumise par le Times of Israel sur ces accusations de vol d’animaux et autres, l’unité du porte-parole de Tsahal a indiqué qu’elle avait ouvert une enquête sur l’incident impliquant Shaï Rabi. Elle n’avait pas répondu à nos demandes ultérieures de commentaire au moment de l’écriture de cet article.
Le mois dernier, l’armée a confirmé avoir reçu plusieurs plaintes concernant des pillages effectués par les troupes israéliennes à Gaza, annonçant que des investigations avaient été lancées par la police militaire dans trois incidents de ce type. Une déclaration qui ne mentionnait pas l’objet précis de ces vols.
Ben Ozeri, activiste dans la défense du bien-être animal, qui a aidé à prendre soin d’animaux qui ont été ramenés de Gaza, rejette lui aussi l’accusation de vol. « Je ne suis pas juriste mais si le choix doit être ‘de voler’ un cheval ou n’importe quel autre animal pour le sauver ou de le laisser mourir lentement, de manière horrible, alors je suis favorable au ‘vol’, » dit-il.
S’agissant de voler des animaux, ajoute-t-il, « les Palestiniens et pas seulement le Hamas l’ont commis à grande échelle le 7 octobre ». Ozeri indique avoir vu au moins une centaine de vidéos téléchargées sur les réseaux sociaux par des Palestiniens montrant les Gazaouis en train d’emmener des animaux volés au sein de l’État juif dans la bande de Gaza en date du 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes avaient envahi Israël et qu’ils avaient assassiné près de 1 200 personnes, des civils en majorité dont la plus jeune avait 10 mois, kidnappant aussi 253 personnes qui avaient été prises en otage au sein de l’enclave côtière. Le plus jeune otage a un an.
L’une des otages, Mia Leimberg, âgée de 17 ans, avait été kidnappée avec Bella, sa petite chienne de race Shih Tzu, au kibboutz Nir Yitzhak. Leimberg, libérée avec Bella au mois de novembre dans le cadre d’un accord d’échange de prisonniers qui avait permis à 105 captifs d’être relâchés par le groupe terroriste, a depuis raconté à Israel Hayom qu’elle avait caché Bella sous son manteau pendant son enlèvement. Ses ravisseurs avaient remarqué la petite chienne seulement au moment où il avait fallu qu’elle descende dans le tunnel où elle devait être conservée en captivité avec d’autres otages. Elle avait pu garder Bella, qui s’était nourrie des maigres restes de sa maîtresse pendant ces 50 journées passées en détention.
D’autres sont restés séparés de leurs animaux domestiques depuis le massacre du 7 octobre. Une chienne Husky, Luna, se trouvait au kibboutz Nir Oz, le 7 octobre, et elle a ultérieurement été identifiée par son propriétaire, l’israélien Tal Rokni, sur des vidéos de Gaza diffusées sur TikTok. Désorientée, attachée à une courte laisse, la chienne aboie frénétiquement sur la vidéo qui a été intitulée, en arabe, « un chien des colonies ». Luna n’a pas été encore retrouvée à ce jour.
Les terroristes n’avaient pas été les seuls à entrer en Israël. Un nombre indéterminé de civils avait suivi leur exemple, un grand nombre d’entre eux pillant et volant des équipements, des têtes de bétail, des animaux de compagnie et des objets dans les kibboutzim et dans les moshavim avoisinants.
« C’est sûr que plusieurs chevaux ont été volés, ainsi que des chiens, des chats – ceux que les pilleurs et les terroristes n’ont pas torturé et tué, bien sûr, et il y a eu un grand nombre de cas de ce type qui ont été signalés », dit Ozeri. « J’ai même vu un oiseau dans une cage emmené à Gaza ».
Cet oiseau était peut-être Nappie, une perruche appartenant à Yasmin Raanan, une survivante du massacre au kibboutz Beeri. Raanan, 56 ans, s’était rendue compte, après l’attaque meurtrière, que Nappie et sa cage avaient disparu.
« J’ai supposé qu’ils l’avaient tuée », raconte-t-elle au Times of Israel. Mais quelques jours plus tard, un réserviste avait publié une photo de lui, sur les réseaux sociaux, avec une calopsitte qui se tenait amicalement sur son épaule. Il appelait, dans cette publication, à partager le post, espérant retrouver son ou sa propriétaire en Israël.
Et enfin, le 27 décembre, un soldat a ramené Nappie à Raanan, qui s’occupe de la ferme pédagogique de Beeri. Nappie y est arrivée depuis huit ans et demi. Laissant échapper des larmes de soulagement, Raanan a été trop émue pour seulement remercier le militaire. Sur des images des retrouvailles, Raanan répète, pendant plusieurs minutes, le nom de l’animal, pleurant et serrant Nappie contre sa poitrine.
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