Israël en guerre - Jour 568

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Les archéologues trouvent les premières preuves de l’épique bataille biblique « d’Armageddon »

Des poteries qui ont été trouvées à Megiddo, dans le nord d'Israël, suggèrent une présence militaire - ce qui confirme peut-être l'existence de la bataille qui avait opposé le roi Josias au pharaon Néchao

Des archéologues font des fouilles à Megiddo, dans le nord d'Israël, en 2022. (Autorisation)
Des archéologues font des fouilles à Megiddo, dans le nord d'Israël, en 2022. (Autorisation)

Pour la toute première fois, une équipe d’archéologues israéliens a découvert des artéfacts anciens sur le site dit « d’Armageddon », dans le nord d’Israël – des objets qui pourraient bien être la preuve de l’existence d’une bataille épique qui avait été relatée dans les livres des Rois II et des Chroniques, une bataille qui avait opposé un roi de Juda et un pharaon égyptien.

Deux articles académiques qui ont été publiés au début de l’année expliquent comment une quantité sans précédent de poteries égyptiennes datant du 7e siècle avant l’ère commune a été découverte lors de récentes fouilles à Megiddo – ce qui laisse penser que des soldats égyptiens se trouvaient effectivement à l’endroit indiqué dans la bible, et à la période évoquée dans cette dernière.

« Megiddo est le seul site en Israël et dans les pays voisins à être mentionné dans la Bible et dans tous les grands documents de l’ancien Proche-Orient », commente le professeur Israël Finkelstein, qui est le directeur de l’école d’archéologie et des cultures maritimes de l’université de Haïfa et qui est également le responsable de longue date de l’Expédition de Megiddo.

Les chapitres 34 et 35 du livre 2 des Chroniques et les chapitres 22 et 23 du deuxième livre des Rois racontent les vicissitudes du seizième roi de Juda, Josias. Lorsqu’il monte sur le trône, il est, semble-t-il, un dirigeant craignant Dieu qui ramène le peuple d’Israël sur le droit chemin après des siècles de culte des idoles et de comportements répréhensibles. Toutefois, ses efforts n’ont pas apaisé la colère de Dieu à l’encontre de ce peuple. Alors que le pharaon égyptien Néchao marche contre les Assyriens, Josias l’affronte à Megiddo et Néchao le tue (livre 2 des Chroniques ; chapitre 35, versets 20-22 ; livre 2 des Rois, versets 23 à 29). Les Assyriens, l’un des nombreux ennemis bibliques du peuple d’Israël, ont été responsables de la destruction du royaume d’Israël dans la partie nord du pays (où se trouve Megiddo) au 8e siècle de l’ère commune, soit un siècle avant la bataille qui a opposé Josias à Néchos.

« C’est important de noter que le rétablissement du site en tant que place forte égyptienne, à la fin du 7e siècle avant l’ère commune, a longtemps été une supposition, principalement sur la base d’un verset biblique du Livre des Rois qui décrit l’exécution de Josias à Megiddo par le pharaon Néchao », dit le docteur Assaf Kleiman de l’Université Ben-Gurion, un membre de l’équipe de fouilles qui a pris la direction des études qui ont été publiées dans Egypt and the Levant et dans le Scandinavian Journal of the Old Testament.

En plus des très nombreuses poteries égyptiennes, les fouilles ont également permis de découvrir une quantité importante de récipients provenant de l’Est de la Grèce qui – sur la base de parallèles typologiques qui ont été établis avec des contextes bien datés sur d’autres sites archéologiques – ont dû arriver à Megiddo entre l’an 630 et l’an 610 avant notre ère (la bataille de Josiah-Necho aurait eu lieu en 609 avant notre ère).

Une poterie égyptienne sélectionnée dans la zone X. (Crédit : Megiddo Expedition/Yevgeni Ostrovsky, Ben-Gurion University)

Selon Finkelstein et Kleiman, ces découvertes sont susceptibles d’indiquer la présence de mercenaires grecs, qui auraient combattu aux côtés des Égyptiens contre Josias.

« Nous avons connaissance de l’existence de tels mercenaires qui s’étaient placés au service de l’Égypte à cette époque grâce à des sources textuelles grecques et assyriennes », note Finkelstein.

Le roi Josias écoutant le livre de la loi (Crédit : 1873 / Artiste inconnu / L’histoire de la Bible de la Genèse à l’Apocalypse / Wikipedia)

Des mercenaires grecs qui pourraient bien également entretenir des liens avec la Bible.

« Il y a des indices dans la Bible qui semblent indiquer que les Lydiens d’Anatolie occidentale ont participé à l’assassinat de Josias. L’un d’entre eux est l’histoire de Gog ; certains spécialistes pensent que Gog fait référence à Gygès, le roi de Lydie qui, selon les Assyriens, avait envoyé des mercenaires pour servir dans l’armée égyptienne au 7e siècle avant notre ère », explique Finkelstein.

Dans la Bible hébraïque, le nom de Gog est mentionné dans deux livres. Dans Ezéchiel (38-39), Gog est un prince du pays de Magog, un ennemi d’Israël qui sera finalement détruit par Dieu. En revanche, dans le livre des Chroniques 5:4, Gog est un descendant du prophète Joël. Dans le nouveau Testament, Gog et Magog sont décrits comme des alliés de Satan dans la bataille contre Dieu à la fin des temps (Apocalypse 20:7-9).

« Le livre de l’Apocalypse, dans le nouveau Testament, fait référence à une bataille eschatologique entre les forces de Dieu et les forces du mal à Armageddon – un ‘dévoiement’ de Har Megiddo en grec – le monticule/la colline de Megiddo », note Finkelstein. « L’idée théologique sous-jacente est peut-être qu’un sauveur de la lignée de David reviendra à l’endroit où le dernier et le plus juste des rois davidiques [Josias] est mort ».

A Meggido, une longue histoire de fouilles

« Quatre expéditions de fouilles ont eu lieu à Megiddo à partir du début du 20e siècle », explique Finkelstein. « Les fouilles passées n’avaient pas accès aux méthodes et techniques modernes, ce qui explique que de nombreux résultats ont pu être remis en cause ».

La longue histoire de ces fouilles – qui étaient souvent réalisées avec des méthodes qui sont considérées aujourd’hui comme primitives – rend les nouvelles découvertes d’autant plus passionnantes.

« Trouver des vestiges encore intacts de la période assyrienne à Megiddo a toujours été une de mes passions dans la mesure où on croyait généralement que ces vestiges avaient été complètement enlevés par l’expédition qui avait travaillé sur le site au début du 20e siècle », note Kleiman.

Israël Finkelstein, directeur de l’école d’archéologie et des cultures maritimes de l’université de Haïfa et directeur de l’expédition de Megiddo.
(Autorisation : Expédition Megiddo)

« En 2016, nous avons finalement pu localiser une zone adaptée à l’étude de cette période fascinante, une zone très proche du quartier administratif du site », ajoute Kleiman dans un courriel adressé au Times of Israel . « Au cours des deux dernières années, j’ai travaillé sur les résultats dans mon laboratoire, à l’Université Ben-Gurion du Néguev ».

Les fouilles qui ont été effectuées dans ce que les archéologues ont défini comme la « zone X » ont permis de remettre au jour les vestiges d’un bâtiment datant du 7e siècle avant notre ère, époque à laquelle la bataille entre Josias et Néchao aurait eu lieu.

La structure comportait plusieurs pièces et une cour ouverte, et il s’y trouvait un riche assemblage de poteries.

« Les poteries sont les découvertes les plus abondantes dans le cadre des fouilles archéologiques », affirme Kleiman. « Elles nous fournissent de nombreuses informations sur la vie des sociétés anciennes, par exemple sur leurs pratiques culinaires, sur leurs relations commerciales et, dans des cas très spécifiques, sur l’identité des groupes. Lors de nos récentes fouilles, nous avons mis au jour ce qui semble être une structure domestique datant de la fin du 7e siècle avant notre ère, avec des récipients en céramique qui ont été produits localement et importés ».

Parmi ces poteries locales, des morceaux de récipients qui, d’après leur typologie, pourraient être assyriens, ainsi qu’une pièce appartenant à une marmite judaïque (d’après la typologie et l’analyse qui a été faite de l’origine de l’argile utilisée, une argile qui provenait de Moza, à proximité de Jérusalem).

Des poteries provenant de l’Est de la Grèce trouvées dans la zone X de Megiddo. (Crédit : Megiddo Expedition/Sasha Flit, Université de Tel Aviv)

Une armée dépend de sa logistique

En plus des potentiels vestiges assyriens, les chercheurs ont également trouvé plus de cent pièces de poteries égyptiennes.

« Comme jamais des poteries égyptiennes datant de la fin de l’âge du fer n’avaient été trouvées auparavant à Megiddo, nous avons été assez déconcertés, au début de nos recherches, par la grande quantité de récipients bruts qui étaient sur le terrain », souligne Kleiman. « Toutefois, en raison de leur morphologie distincte et de l’utilisation de paille dans le processus de production de ces pots, nous avons soupçonné une origine égyptienne. Nos soupçons ont été confirmés par l’analyse pétrographique, une méthode qui est utilisée pour localiser le lieu de production des artéfacts anciens ».

Des archéologues effectuent des fouilles à Megiddo, dans le nord d’Israël, en 2022. (Autorisation : The Megiddo Expedition)

Selon les chercheurs, la découverte de quantités aussi importantes de poteries égyptiennes, avec notamment des récipients qui étaient utilisés pour la cuisine et le stockage, n’avait jamais été documentée auparavant dans l’ensemble du Levant. De surcroît, l’abondance de récipients non décorés et mal cuits laisse penser que ces artéfacts n’étaient pas allés jusqu’à la ville pour y être vendus sur les marchés.

« En raison du très, très grand nombre de ces objets qui se trouvaient dans la structure qui a été fouillée – et comme il est peu probable que la population locale ait soudainement décidé d’importer des objets bruts d’Égypte – nous avons supposé que la solution la plus simple était que nous avions affaire à des groupes étrangers, peut-être même à des soldats appartenant à une garnison égyptienne qui avait pris Megiddo après le retrait des Assyriens du Levant », dit Kleiman.

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