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Les créateurs de Fauda sur la traque par la CIA et le Mossad d’un dangereux terroriste

Lior Raz et Avi Issacharoff se sont associés à Showtime pour produire 'Ghosts of Beirut', l'histoire de l'assassinat du redoutable terroriste du Hezbollah, Imad Mughniyeh

Les cocréateurs de « Fauda » et « Ghosts of Beirut » Avi Issacharoff (à gauche) et Lior Raz posent pour une photo à Tel Aviv, le 30 mai 2019. (Crédit : AP/Oded Balilty)
Les cocréateurs de « Fauda » et « Ghosts of Beirut » Avi Issacharoff (à gauche) et Lior Raz posent pour une photo à Tel Aviv, le 30 mai 2019. (Crédit : AP/Oded Balilty)

En 2008, au terme de dizaines d’années de traque, le haut responsable du Hezbollah a trouvé la mort dans un attentat à la voiture piégée à Damas, depuis attribué à une opération conjointe de la CIA et du Mossad.

La nouvelle mini-série de SHOWTIME, « Ghosts of Beirut », suit la trajectoire de Mughniyeh, depuis les bidonvilles du Liban jusqu’à son implication dans le terrorisme qui a fait de lui le plus dangereux terroriste du monde. Elle étudie également la manière dont espions américains et israéliens ont mis leurs différends de côté pour travailler ensemble à sa chute.

L’idée de la série a germé dans l’esprit des Israéliens Lior Raz et Avi Issacharoff, déjà partenaires sur la célèbre série « Fauda », entre autres projets. Les deux hommes ont co-créé la série avec Greg Barker, également à la réalisation, et le trio s’est attelé à la rédaction du scénario avec la scénariste libanaise Joelle Touma.

« C’est l’histoire fascinante du terroriste le plus recherché au monde. Pendant des années, personne n’a su où il était, où il vivait, ni même à quoi il ressemblait », explique Raz au Times of Israel lors d’une récente interview.

« Tout le monde le cherchait, sans relâche, sans succès. »

Issacharoff explique au Times of Israel s’être intéressé pour la première fois à Mughniyeh du temps où il était journaliste, pendant la deuxième guerre du Liban de 2006. Son nom revenait « encore et encore… il était extrêmement important pour le Hezbollah, pour les débuts de l’organisation, en raison des attentats-suicides qu’il avait amenés au Moyen-Orient. »

Deux ans plus tard, Mughniyeh était tué. Les détails sur les circonstances de sa mort ne font que piquer la curiosité d’Issacharoff : « Cela m’a fasciné. Plus j’en savais, plus je comprenais qu’il y avait matière à une histoire dramatique », confie-t-il.

« Ghosts of Beirut » est une mini-série en quatre épisodes qui entremêle fiction et images d’archives, émissions d’information et interviews avec des experts du Moyen-Orient – parmi lesquels d’anciens responsables du Mossad et de la CIA – pour raconter la traque d’Imad Mughniyeh.

Le générique de la série précise que chaque épisode est « un récit fictif adossé sur des événements fortement documentés ».

« Il demeure de grandes zones d’ombre, ce qui nous a amenés à faire fonctionner notre imagination pour compléter le puzzle », explique Raz. « C’est en partie un documentaire, en partie une fiction. »

Les cocréateurs de « Fauda » et « Ghosts of Beirut » Avi Issacharoff (à gauche) et Lior Raz posent pour une photo à Tel Aviv, le 30 mai 2019. (Crédit : AP/Oded Balilty)

Raz explique qu’après des recherches approfondies, de sources américaines, israéliennes et libanaises, ils ont rédigé un scénario dans lequel « Beaucoup de choses sont vraies. Pour ce qui est des blancs de cette histoire, nous les avons remplis ».

Issacharoff, qui a longtemps été journaliste, notamment au Times of Israel, explique que l’équipe a travaillé en profondeur pour donner une image de la réalité aussi précise que possible, en dépit des nombreuses questions en suspens.

« Nos recherches se sont étendues à de nombreux agents de renseignement, côté israélien et américain », précise Issacharoff. « Mais leur travail, c’est de mentir ; c’est leur spécialité, c’est leur art… Est-il possible qu’ils m’aient manipulé ? Oui, tout à fait. »

Il ajoute : « Je n’étais pas dans la chambre avec Imad Mughniyeh et sa femme et c’est bel et bien là que le scénario prend vie. C’est là que l’on fait une histoire. »

Une Libanaise passe devant un panneau d’affichage portant un portrait du chef militaire du Hezbollah libanais assassiné, Imad Mughniyeh, à Beyrouth, le 26 septembre 2008. (Crédit : Ramzi Haidar / AFP)

Mughniyeh n’était sans doute pas connu de tous, mais il est l’auteur de certains des attentats les plus meurtriers et les plus odieux de ces 50 dernières années. On lui attribue la paternité du tout premier attentat suicide de l’ère moderne.

On le tient responsable de l’explosion, en 1982, du quartier général de Tsahal à Tyr, au Liban, de l’attentat à la bombe contre l’ambassade américaine de Beyrouth et des attentats à la bombe contre des casernes en 1983, celui de 1992 contre l’ambassade d’Israël à Buenos Aires et celui à la bombe, en 1994, contre le centre culturel juif AMIA dans la ville, entre autres détournements et enlèvements.

La série dresse un portrait nuancé – et parfois humain – de Mughniyeh, évoquant ses relations amoureuses et familiales, jusqu’à la relation avec cette femme, à Damas, qui précipitera sa chute.

« C’est un drame, en fin de compte », explique Issacharoff.

« Rendre le méchant plus intéressant, plus complexe, rend la série plus intéressante. C’est un cliché en matière d’écriture de script que plus le méchant est réussi, meilleure est la série. »

Amir Khoury dans le rôle d’Imad Mughniyeh et Hiba Bennani dans celui de sa femme, Saada, dans une scène supposée se dérouler en 1982 de la série « Ghosts of Beirut ». (Crédit : Sifeddine Elamine/Showtime)

Raz explique avoir voulu « montrer les complexités de sa vie » pour en faire un vrai personnage : « Si quelqu’un tue des gens sans lui-même avoir de vie, ce n’est guère intéressant. »

La série s’arrête également sur certaines victimes de Mughniyeh, parmi lesquelles Robert Ames, directeur de la CIA pour le Moyen-Orient, tué dans l’attentat à la bombe de 1983 contre l’ambassade américaine à Beyrouth, et William Buckley, chef de l’antenne de la CIA à Beyrouth, enlevé et torturé pendant plus d’un an avant d’être tué.

L’acteur d’origine iranienne Navid Negahban (« Homeland », « Téhéran ») joue le rôle d’Ali-Reza Asgari, général du Corps des gardiens de la révolution, à un âge déjà avancé. Il aurait été l’acteur clé, en Iran, pour la fondation du Hezbollah et sa relation privilégiée avec Mughniyeh.

En 2007, Asgari disparaît et, depuis 15 ans, diverses rumeurs circulent sur l’endroit où il peut se trouver : défection aux États-Unis, enlèvement par le Mossad, suicide dans une prison israélienne entre autres scénarios.

Dina Shihabi dans le rôle de Lena et Navid Negahban dans le rôle d’Ali-Reza Asgari dans une scène de « Ghosts of Beirut » supposée se dérouler en 2007. (Crédit : Sifeddine Elamine/Showtime)

Dans « Ghosts of Beirut », Raz, Issacharoff et Barker imaginent l’ex-vice-ministre iranien de la Défense tranquillement installé à West Palm Beach, en Floride, donnant de temps à autres des renseignements clés à la CIA sur les activités iraniennes.

« Selon nos sources américaines, il aurait fait défection et se trouverait quelque part aux États-Unis », confie Issacharoff, bien que personne n’ait publiquement dit où il se trouvait.

Pour Raz, le fait de travailler aux côtés d’Issacharoff, Barker et Touma a permis d’avoir « trois points de vue : celui des États-Unis, d’Israël et du Liban », ce qui dresse au final un portrait équilibré.

Filmée presque entièrement au Maroc, la série réunit des acteurs du monde entier, parmi lesquels des visages bien connus des publics israélien et américain.

Dermot Mulroney dans le rôle de Robert Ames (au centre) dans « Ghosts of Beirut ». (Crédit : Sifeddine Elamine/Showtime)

Le personnage de Mughniyeh, jeune et moins jeune, est interprété par les Arabes israéliens Amir Khoury et Hisham Suliman, déjà au générique de « Fauda ».

Dina Shihabi, originaire d’Arabie saoudite, joue le rôle d’une agente de la CIA d’origine libanaise, et l’acteur israélo-britannique Iddo Goldberg s’est taillé un accent israélien plus vrai que nature pour jouer un espion du Mossad.

Dermot Mulroney (« Le mariage de mon meilleur ami ») joue le rôle d’Ames, et Garret Dillahunt (« 12 Years A Slave »), celui de Buckley.

« Il y avait des Israéliens, des Américains, des Européens, des Marocains, des Libanais et des Palestiniens, tous ensemble. C’était une production très internationale », résume Issacharoff, qui fait lui-même une brève apparition dans le premier épisode.

« Tout le monde a apporté quelque chose. »

Aux États-Unis, la série sera diffusée en streaming et à la demande par Showtime dès le 19 mai, et en direct à partir du 21 mai.

En Israël, elle sera diffusée en direct et à la demande sur Yes et StingTV à partir du 20 mai et diffusée sur Yes TV à partir du 27 mai.

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