Les difficultés de l’otage secouru Almog Meir Jan à retrouver une vie normale
Aviram Meir nous parle de la santé émotionnelle de son neveu, de son besoin de voir ses compagnons de captivité et des marques d'affection qu'il reçoit des Israéliens
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Cela fait un peu plus de dix jours qu’Almog Meir Jan a été secouru de Gaza par les forces de sécurité israéliennes, en même temps que ses compagnons d’infortune Shlomi Ziv, Andrey Kolzov et Noa Argamani, après huit mois d’une captivité infernale.
« Physiquement, il se sent bien », a confié mercredi l’oncle de Meir Jan, Aviram Meir, au Times of Israel.
« Toute notre attention est tournée vers Almog », a ajouté Meir, qui est le frère d’Orit la mère de Meir Jan.
Depuis le sauvetage spectaculaire de Meir Jan et des autres des appartements de Gaza, les journées sont remplies de visites médicales, allant de l’examen des effets possibles de l’eau très salée de Gaza sur son organisme à sa vue et son audition.
Il y a des retrouvailles avec des amis et des conversations tranquilles avec la famille, mais pour la plupart du temps, « nous essayons de ne pas le déranger », a dit son oncle.
« Nous voulons lui donner de l’espace », a expliqué Meir. « Nous lui posons des questions et nous nous assurons de lui laisser le contrôle sur ce qui lui arrive. S’il veut partager quelque chose, nous écoutons et posons des questions. S’il ne le veut pas, nous ne l’assaillons pas de questions. »
Et si l’un de ses proches est absent lors de ces conversations, les autres s’assurent de le mettre au courant, car ils tentent de découvrir tout ce qui est arrivé à Meir Jan, 21 ans, depuis qu’il a été pris en otage lors de la rave du désert Supernova le 7 octobre.
Pour l’instant, dit Meir, son neveu veut regarder la liste de films qu’il a élaborée pendant sa captivité, passer du temps avec Ziv et Kozlov, les deux otages avec lesquels il a passé des mois en captivité, et il veut voir ses amis – mais seulement un ou deux à la fois.
« Il est calme », dit Meir. « Il est aussi très docile, peut-être trop. Il fait tout ce qu’on lui demande, et il ne comprend pas vraiment sa notoriété, le fait que beaucoup de gens dans ce pays ont l’impression de le connaître, alors qu’il ne les connaît pas. Il accepte d’être serré dans les bras de quiconque le lui demande ».
La famille séjourne actuellement à l’hôtel et se déplace principalement en taxi ou se fait conduire là où elle doit se rendre, comme aux funérailles du père d’Almog, avec qui il n’était plus en contact et qui est décédé subitement dans les heures qui ont précédé son sauvetage, ou au centre commercial pour acheter une nouvelle coque pour son téléphone portable.
« Les gens l’ont reconnu au centre commercial et ce n’était pas trop grave, ils voulaient juste le serrer dans leurs bras, mais pour l’instant, depuis qu’il a été sauvé, il n’a plus vraiment de vie privée », a expliqué Meir.
La famille d’Almog est particulièrement préoccupée par cette situation. cette célébrité semble commencer à gêner Meir Jan, un jeune homme ordinaire qui était sur le point de commencer à travailler dans une entreprise high-tech avant le 7 octobre et qui venait de terminer son service militaire.
Pendant ses huit mois de captivité, Meir Jan ignorait tout du mouvement de protestation, des rassemblements et de l’attention portée par le monde entier à la situation des otages.
« Il voudrait juste pouvoir aller s’acheter un schwarma », a expliqué son oncle.
Essayer de définir le type de soutien et d’aide dont Meir Jan aura besoin au cours des prochains mois fait partie du travail d’Aviram Meir dans les semaines qui ont précédé le sauvetage de son neveu. Ce travail consistait à faire pression sur les députés de la Knesset et à travailler sur un projet de législation visant à aider les otages financièrement et émotionnellement après leur retour en Israël.
Une partie de la législation porte sur le processus de réhabilitation des otages, un aspect que Meir, organisateur d’événements, dit ne pas connaître du tout.
« J’ai écrit à ma sœur aujourd’hui pour lui poser toute une série de questions sur ce que signifie la réhabilitation, combien de temps elle prend, ce qu’elle implique, comment savoir si quelqu’un a achevé sa réhabilitation, quels sont les objectifs ? Je ne sais rien de tout cela », a-t-il déclaré.
« Cela concerne-t-il uniquement Almog, ou également sa sœur, sa mère ou son oncle ? Probablement pas. »
La famille de Meir Jan reçoit actuellement de nombreux appels téléphoniques et des offres d’aide de la part de diverses organisations et institutions, mais elle a du mal à gérer tout cela.
« Nous avons besoin d’aide, que ce soit pour choisir un thérapeute, pour lui apporter un verre d’eau après cinq interviews avec les médias ou pour savoir quel type d’aide est disponible pour l’achat d’une voiture ou d’un appartement », a indiqué Meir.
Pour l’heure, Meir et sa sœur Orit, tous deux actifs au sein du Forum des familles d’otages et de disparus depuis sa création après le 7 octobre, cherchent avant tout à protéger la vie privée d’Almog.
« Il finira par se montrer davantage en public, s’exprimer et rejoindre le combat, mais ce n’est pas encore à l’ordre du jour », a déclaré Meir. « Cela prendra du temps, mais il participera aussi à l’effort de relations publiques, tout comme les autres otages qui sont rentrés chez eux. »
Quant à Meir, il est conscient qu’il doit reprendre son travail et recommencer à gagner sa vie, après huit mois passés à se consacrer entièrement à son neveu, à sa famille et aux autres otages.
« Je ressens une sorte de dissonance aujourd’hui », a confié Meir. « Mon statut a changé. Un miracle nous est arrivé, il n’y a pas d’autre façon de le décrire. Almog est rentré chez lui et nous ne faisons plus partie des familles d’otages. »
« Mais nous faisons partie de la chaîne », a-t-il ajouté, « et je ne la quitterai pas tant qu’ils ne seront pas tous rentrés chez eux. »