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Les drones du Hezbollah made in Iran, ennemis redoutables d’Israël

L'attaque de dimanche, qui a tué quatre soldats, témoigne de la lutte de Tsahal depuis un an pour neutraliser ces aéronefs sans pilote, lancés depuis aussi loin que le Yémen, l'Irak et l'Iran

Une ambulance militaire israélienne arrive sur le site d'une attaque meurtrière de drone du Hezbollah près de la ville de Binyamina, dans le centre-nord d'Israël, le 13 octobre 2024. (Crédit : Oren ZIV / AFP)
Une ambulance militaire israélienne arrive sur le site d'une attaque meurtrière de drone du Hezbollah près de la ville de Binyamina, dans le centre-nord d'Israël, le 13 octobre 2024. (Crédit : Oren ZIV / AFP)

L’une des frappes les plus meurtrières subies par Israël en un an de guerre n’a pas été causée par des missiles balistiques iraniens ni par les barrages répétés de roquettes lancés par les groupes terroristes du Hamas et du Hezbollah, mais par un seul drone. L’aéronef sans pilote, chargé d’explosifs, a réussi à se soustraire au système de défense aérienne israélien à plusieurs couches pour frapper de plein fouet le réfectoire d’un camp d’entraînement militaire au cœur d’Israël, tuant quatre soldats et en blessant des dizaines d’autres.

Cette attaque représente le dernier succès en date de la flotte de drones du Hezbollah. Elle témoigne des efforts déployés par Israël depuis un an pour abattre les drones lancés de pays aussi lointains que le Yémen, l’Irak et l’Iran.

Depuis des années, Israël perfectionne son système de défense aérienne pour se protéger contre les roquettes à courte portée et les missiles à moyenne et longue portée, mais, comme le rappellent les experts, ce système n’est pas infaillible. Bien qu’il ait abattu de nombreux drones, certains ont réussi à pénétrer dans l’espace aérien israélien, provoquant parfois des conséquences mortelles.

Le drone a franchi les défenses israéliennes sans être détecté

Dimanche soir, un incident meurtrier s’est produit à environ 65 kilomètres de la frontière libanaise. Selon les médias israéliens, un drone a percuté de plein fouet un réfectoire rempli de soldats, tuant quatre d’entre eux et en blessant 67 autres.

Quelques minutes plus tôt, des sirènes d’alerte avaient retenti dans le nord d’Israël, mais aucune n’a sonné à la base, empêchant ainsi les soldats d’être avertis à l’avance. Le drone aurait échappé aux radars israéliens.

Dégâts causés à la salle à manger d’une base de Tsahal attaquée par un drone du Hezbollah, le 13 octobre 2024, qui a tué quatre soldats et en a blessé une cinquantaine. (Capture d’écran, utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)

Un responsable israélien de la sécurité a indiqué qu’une enquête avait été lancée et était en cours pour comprendre comment le drone avait pu contourner les défenses antiaériennes. Deux drones ont réussi à pénétrer l’espace aérien israélien dimanche ; l’un a été abattu tandis que l’autre a atteint sa cible.

Le Hezbollah a affirmé que le drone avait « réussi à pénétrer les radars de défense aérienne israéliens sans être détecté » et à atteindre sa cible. Il a affirmé avoir déjoué les défenses aériennes israéliennes en lançant simultanément des dizaines de missiles et des « escadrons » de drones.

Il s’agit de la deuxième attaque meurtrière de drone en l’espace de deux semaines. Au début du mois, un drone lancé depuis l’Irak a tué deux soldats israéliens et en a blessé une vingtaine d’autres. Vendredi, jour du Kippour, un drone du Hezbollah a frappé une maison de retraite dans le centre d’Israël, causant des dégâts.

« En dix jours, les drones ont déjà fait six morts. C’est trop », a affirmé Ran Kochav, ancien chef du commandement de la défense aérienne de l’armée.

Il a ajouté que les drones « sont devenus une véritable menace ».

Les drones, plus difficiles à détecter et à intercepter que les roquettes ou les missiles

Les drones, pilotés à distance, sont capables de pénétrer, surveiller et attaquer des territoires ennemis plus discrètement que les missiles et les roquettes. Israël dispose d’un arsenal avancé de drones, capables d’effectuer des missions d’espionnage et des attaques. Le pays a mis au point un drone capable d’atteindre son ennemi juré, l’Iran, situé à quelque 1 500 kilomètres de distance.

Les conséquences d’une attaque de drone depuis le Liban le jour de Yom Kippour, au cours de laquelle un drone a touché une maison de retraite à Herzliya, le 12 octobre 2024 (Crédit : Tal Gal/Flash90)

Mais le pays a été pris au dépourvu par ses ennemis à plusieurs reprises au cours de cette année, souvent avec des conséquences mortelles. En juillet, un drone lancé depuis le Yémen a parcouru quelque 270 kilomètres en remontant la pointe sud d’Israël, jusqu’à Tel Aviv, pour percuter un immeuble en plein centre-ville. Le drone n’a pas été intercepté, et l’attaque a fait un mort.

Selon un responsable de la sécurité, les drones sont plus difficiles à détecter en raison de leur lenteur, de leur petite taille et de l’utilisation de composants en plastique, dont l’empreinte thermique sur les systèmes radar est moins importante que celle des fusées et des missiles puissants. Les drones peuvent également suivre des trajectoires imprévisibles, venir de n’importe quelle direction, voler à basse altitude et, parce qu’ils sont beaucoup plus petits que les roquettes, ils peuvent être confondus avec des oiseaux.

Le responsable a parlé sous le couvert de l’anonymat parce que l’enquête sur l’attaque de dimanche est toujours en cours.

Selon Kochav, Israël se concentre depuis des années sur le renforcement de ses systèmes de défense aérienne afin d’améliorer la protection contre les roquettes et les missiles. Les drones ne faisaient toutefois pas partie des priorités. Par conséquent, la capacité d’Israël à détecter et à intercepter les drones, au cours des combats actuels, n’est pas aussi performante que ses capacités face aux roquettes et aux missiles, a expliqué Kochav.

Le programme de drones du Hezbollah soutenu par l’Iran

Depuis le retrait d’Israël du sud du Liban en 2000, le Hezbollah s’est mis à utiliser des drones de fabrication iranienne, envoyant son premier drone de reconnaissance Mirsad au-dessus de l’espace aérien israélien en 2004. Le programme de drones du Hezbollah continue de bénéficier d’un soutien substantiel de l’Iran, et les drones seraient assemblés par des experts du groupe terroriste au Liban.

Les drones sont devenus un « système stratégique d’inspiration iranienne » pour le Hezbollah, selon Tal Beeri, directeur de recherche au Centre de recherche et d’éducation Alma, un think tank spécialisé dans l’étude du Hezbollah et du nord d’Israël. Depuis le début de ses frappes contre Israël en octobre 2023, l’organisation terroriste aurait lancé environ 1 500 drones de surveillance et d’attaque, selon les chiffres du groupe.

Un drone du Hezbollah survolant Herzliya lors d’une attaque le 11 octobre 2024. (Capture d’écran/X utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Les drones d’attaque, qui, selon M. Beeri, ciblent souvent des zones civiles, peuvent transporter jusqu’à 10 kilogrammes d’explosifs et parcourir des centaines de kilomètres. Il a également indiqué qu’en mai, le Hezbollah a utilisé pour la première fois un drone capable de tirer un missile antichar, et il est probable qu’il en possède d’autres.

Le Hezbollah a également employé des drones pour affaiblir les capacités de défense aérienne d’Israël, en les précipitant sur des batteries et des infrastructures destinées à les abattre. Plus tôt cette année, un drone explosif du Hezbollah a endommagé le ballon d’observation israélien Sky Dew, un élément clé de la défense aérienne israélienne.

Israël dit tenter de contrer la menace

Lundi, lors d’une visite au camp d’entraînement touché par l’attaque de drone, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, s’est engagé à tirer les leçons de cet incident et a annoncé qu’Israël « consacrait des efforts significatifs au développement de solutions » pour faire face aux drones, sans en préciser davantage.

Kochav a précisé qu’il existait plusieurs moyens de lutter contre les drones. Les capacités de détection pourraient être élargies avec des radars acoustiques pour capter le bruit des moteurs ou des systèmes électro-optiques pour mieux les identifier. Il a ajouté que des roquettes, des avions de chasse et des hélicoptères pourraient être utilisés pour l’interception, ainsi que des méthodes de guerre électronique pour brouiller ou détourner les drones.

« Nous avons été très occupés ces dernières années… et les drones n’étaient pas une priorité absolue », a-t-il reconnu. « Les résultats ne sont malheureusement pas satisfaisants. »

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