Les échecs « sans fin » du gouvernement à l’origine de la dégradation de la note par Fitch – économistes
La dégradation de la note de la dette est, outre la guerre, "le résultat d’une série interminable d’échecs du gouvernement", alertent des économistes de renom
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Un groupe d’éminents économistes a prévenu que la dégradation de la note de la dette d’Israël par Fitch était un signe de la détérioration continue de l’économie du pays depuis la mise en place du gouvernement en décembre 2022.
« Fitch rejoint Moody’s et S&P dans la dégradation de la note d’Israël, qui reflète le fait que l’État paie déjà des taux d’intérêt élevés sur ses dettes », affirment les économistes. « La dégradation de la note de la dette et les taux d’intérêt élevés ne sont pas seulement dus à la guerre imposée à Israël le 7 octobre, mais sont le résultat d’une série interminable d’échecs du gouvernement. »
Fitch a abaissé lundi soir la note du pays de A+ à A, s’attendant à ce que « le conflit à Gaza puisse durer jusqu’en 2025 ». L’agence de notation maintient une perspective négative sur l’économie israélienne, ce qui ouvre la porte à de nouvelles dégradations alors que les coûts croissants des combats militaires continus pèsent sur les finances publiques.
« Outre les pertes humaines, il pourrait entraîner d’importantes dépenses militaires supplémentaires, la destruction d’infrastructures et causer des dommages durables aux activités économiques et aux investissements, ce qui entraînerait une nouvelle détérioration des perspectives d’Israël en matière de crédit », a déclaré Fitch.
Les finances publiques ont été touchées, et Israël devrait enregistrer un déficit budgétaire « de 7,8 % du PIB en 2024 et une dette qui restera supérieure à 70 % du PIB à moyen terme », estime l’agence.
Selon Fitch, la poursuite du conflit l’année prochaine obligerait Israël à maintenir ses dépenses militaires élevées et perturberait encore davantage les industries du tourisme, de la construction et de la production dans les zones frontalières.
L’agence de notation s’attend à ce que le gouvernement israélien augmente en permanence ses dépenses militaires de près de 1,5 % du PIB par rapport aux niveaux d’avant-guerre.
Lundi, le shekel a chuté de 1,7 % par rapport au dollar et les actions ont terminé en baisse de plus de 1 % à Tel-Aviv, les investisseurs étant inquiets d’une éventuelle attaque contre Israël par l’Iran et le Hezbollah.
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a qualifié la décision de dégradation de la note de « naturelle » dans un contexte de guerre et a déclaré que l’économie israélienne devrait rebondir à la suite des mesures responsables qu’il prévoit, selon lui, de mettre en œuvre.
Le groupe d’économistes a cependant déploré qu’il retarde la préparation du budget de l’État pour 2025, tout en ignorant les appels à l’action des responsables du Trésor et les avertissements de la Banque d’Israël.
Aussi, ils ont alerté contre le ministre de l’Éducation Yoav Kisch, qui encourage le transfert d’énormes sommes d’argent aux établissements d’enseignement ultra-orthodoxes qui n’enseignent pas les études fondamentales, et contre les politiques du gouvernement, qui ne soutiennent pas le service militaire pour la population ultra-orthodoxe, augmentant ainsi le fardeau des tâches militaires pour le grand public.
« Le gouvernement porte préjudice aux institutions de l’État et à la société civile qui sont essentielles à la prospérité de l’économie israélienne, comme la fonction publique, le système juridique et le monde universitaire », avertissent les économistes. « Les Israéliens doivent se réveiller et appeler dès que possible à un changement fondamental dans le travail du gouvernement. Sinon, les dommages causés par le gouvernement pourraient ne pas pouvoir être réparés. »
Parmi les membres du groupe figurent le professeur Zvi Eckstein, ancien vice-gouverneur de la Banque d’Israël ; Rony Hizkiyahu, ancien superviseur des banques et comptable général de la Banque d’Israël ; Yair Avidan, ancien superviseur des banques ; le professeur Avi Ben-Bassat, ancien directeur général du ministère des Finances ; et le professeur Eugene Kandel, ancien président du Conseil économique national.
En février, l’agence de notation Moody’s avait été la première à baisser la note de la dette d’Israël, d’un cran aussi, à A2, en raison du conflit.
L’agence de notation S&P Global lui avait emboîté le pas en avril, en baissant la note de la dette d’Israël de AA- à A+, qui indique tout de même une forte capacité à rembourser, face à des « risques géopolitiques accrus ».