Les États-Unis disent mener des discussions à l’ONU afin de remplacer l’UNRWA
Les lois interdisant la coopération d'Israël avec l'agence onusienne devraient entrer en vigueur dans deux semaines, sans qu'aucune alternative claire n'ait encore été définie

Les États-Unis mènent des discussions aux Nations unies pour trouver un remplaçant à l’Office (très) controversé de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), alors que la date limite d’entrée en vigueur des lois israéliennes interdisant la coopération avec l’agence onusienne approche à grands pas, a rapporté jeudi le journal Haaretz.
La loi adoptée par la Knesset le 28 octobre interdit à l’UNRWA d’opérer sur le territoire israélien et empêche les autorités israéliennes d’avoir des contacts avec cette agence. Ces lois devaient entrer en vigueur à l’issue d’une période de grâce de 90 jours à compter de leur adoption, qui expire dans deux semaines.
Elles devraient effectivement paralyser la capacité de l’agence à fonctionner, car ses opérations dépendent des contacts avec les autorités israéliennes.
En l’absence de remplacement, Israël est sous pression pour trouver une alternative aux instituts et services gérés par l’UNRWA qui devraient s’effondrer, selon l’article.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, refuse même de parler directement avec Israël d’un remplacement, ont déclaré à Haaretz plusieurs sources anonymes au fait de la situation.
De hauts responsables de l’UNRWA ont déclaré qu’ils étaient prêts à discuter avec Israël, mais qu’aucune solution n’avait été présentée jusqu’à présent.

La conclusion d’un accord de cessez-le-feu entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza ne devrait pas avoir d’impact significatif sur la situation, la loi intervenant après de longues années de relations conflictuelles entre l’UNRWA et Jérusalem.
Le ministère des Affaires étrangères est en pourparlers avec de hauts fonctionnaires des Nations unies, ainsi qu’avec les États-Unis, sur la possibilité de transférer les responsabilités de l’UNRWA à d’autres agences de l’ONU, indique l’article, ajoutant que l’armée israélienne, le COGAT (Coordinateur des activités gouvernementales dans les Territoires palestiniens) et l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet sont tous intéressés par une coopération avec l’ONU afin de trouver une solution. Les discussions portent sur des mesures temporaires visant à permettre la poursuite des opérations humanitaires à Gaza pendant une période de transition.
Israël fait remarquer qu’à l’heure actuelle, seuls 13 % de l’aide entrant dans la bande de Gaza sont fournis par l’UNRWA, mais les groupes internationaux affirment que l’agence reste un élément clé dans la fourniture de l’aide aux Palestiniens.
Une source de sécurité a déclaré à Haaretz : « Si les autres organismes voient qu’Israël est sérieux [dans son interdiction], ils interviendront lentement et remplaceront l’UNRWA ». Ce processus est déjà en cours, selon la source.

« Jusqu’à la guerre, l’UNRWA détenait le monopole des services municipaux à Gaza », a déclaré le fonctionnaire.
« Maintenant, d’autres organisations vont assumer plus de responsabilités, car l’UNRWA est en train de se désintégrer. »
Les livraisons de carburant aux boulangeries et aux hôpitaux ont déjà été prises en charge par le Bureau des Nations unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), d’après l’article.
Alors que la défense israélienne estime que ces agences pourraient apporter une solution, un diplomate européen a déclaré à Haaretz que Jérusalem était également conscient des limites de cette solution. Les opérations d’aide humanitaire et les services de santé pourraient être pris en charge par d’autres organismes des Nations unies, mais Israël comprend également que la fourniture par l’UNRWA d’abris aux habitants de Gaza déplacés par la guerre constituerait un défi plus important.

L’une des options envisagées serait de remplacer les directeurs internationaux de l’UNRWA, mais de maintenir les employés palestiniens sur le terrain, qui seraient transférés dans une autre agence onusienne, telle que le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), selon l’article. Une source de sécurité de haut niveau a déclaré à Haaretz que les responsables israéliens de la sécurité ne s’opposaient pas à cette idée en principe, puisque les agences de l’ONU partagent des listes d’employés.
Cependant, des obstacles demeurent. Israël accuse nombre de ces employés d’être liés aux groupes terroristes de Gaza. Par ailleurs, l’ONU affirme que le mandat de l’UNRWA ne peut être transféré à une autre agence.
Israël entretient depuis longtemps une relation conflictuelle avec l’UNRWA, qu’il accuse de promouvoir la haine d’Israël par le biais de son système scolaire et de perpétuer le statut de victime des Palestiniens, puisqu’il permet à ces derniers de conserver leur statut de réfugié pendant des générations, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des territoires palestiniens – une politique que les agences mondiales n’accordent à aucun autre réfugié. Mais la campagne de Jérusalem contre l’UNRWA s’est considérablement intensifiée à la suite du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, au cours duquel plus de 1 200 personnes ont été tuées, principalement des civils, et 251 otages de tous âges ont été enlevés et emmenés de force à Gaza.
Plus d’une dizaine d’employés de l’UNRWA ont participé à l’assaut. De plus, une série de révélations ont été faites depuis lors sur l’ampleur de l’infiltration du Hamas au sein de l’agence onusienne.

Bien qu’Israël ait cherché à exclure l’agence de l’effort humanitaire au cours de l’année écoulée, l’UNRWA reste au cœur des opérations, fournissant des abris aux Palestiniens déplacés à plusieurs reprises, stockant et distribuant de l’aide aux civils et fournissant un soutien logistique aux diverses organisations internationales opérant dans la bande de Gaza.
« À Gaza et en Cisjordanie, nous assurons l’éducation de plus d’un demi-million d’enfants et nous intégrons l’éducation à la tolérance dans nos programmes. Si cela s’effondre, le risque de radicalisation augmentera », a déclaré à Haaretz le directeur de l’UNRWA en Cisjordanie, Ronald Friedrich.
L’agence opère également à Jérusalem-Est, où elle dispose de six écoles avec un total de 750 élèves, ainsi que de deux dispensaires.
Jeudi, deux groupes de défense des droits ont déposé des recours auprès de la Haute Cour de justice contre les lois relatives à l’UNRWA, a rapporté Ynet.
Le Centre Adalah et le Centre Gisha ont déposé un recours au nom de dix résidents palestiniens de Jérusalem-Est. Dans cette requête, ils affirment que ces lois portent atteinte aux droits de l’homme fondamentaux et aux obligations de l’État en vertu du droit international.
Les requérants ont demandé à la Cour d’ordonner un délai dans l’application des lois.
« L’arrêt des opérations signifie que je ne pourrai pas acheter des médicaments pour une maladie chronique qui assurerait ma survie », a déclaré un Palestinien dans le recours.
Un autre a déclaré qu’il serait contraint de choisir entre acheter des médicaments et de la nourriture si l’UNRWA ne lui versait plus de revenu supplémentaire, selon l’article.