Les Etats-Unis imposent des sanctions face à la « tragédie » au Soudan
Les restrictions de visas visent des responsables des deux camps ; les sanctions économiques visent plusieurs entreprises soudanaises de l'industrie de la défense et de l'armement
Les Etats-Unis ont imposé jeudi des sanctions économiques et des restrictions de visas « contre les acteurs qui entretiennent la violence » au Soudan, visant en particulier à tarir les sources de financement de l’armée et des paramilitaires.
Les violences dans le pays sont une « tragédie » qui « doit cesser », a estimé dans un communiqué Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a parlé lui, dans un communiqué séparé, de mesures prises « en réponse aux violations de l’armée soudanaise et des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de leurs obligations », dénonçant notamment des « pillages, des attaques d’habitations et d’infrastructures civiles, de bombardements aériens et de l’artillerie (…) et l’obstruction à l’acheminement de l’aide humanitaire ».
Les restrictions de visas visent des responsables des deux camps, qui ne sont pas identifiés, ainsi que d’anciens membres du régime d’Omar el-Béchir.
Les sanctions économiques visent aussi plusieurs entreprises soudanaises de l’industrie de la défense et de l’armement, dont Sudan Master Technology, qui soutiennent l’armée.
Du côté des FSR, les Etats-Unis s’en prennent à la compagnie minière Al Junaid qui gère plusieurs mines d’or au Darfour, dans le nord-ouest du pays, et finance les paramilitaires.
Ces sanctions ne visent pas toutefois directement les généraux en conflit.
A Oslo, où il se trouve en déplacement, Antony Blinken avait auparavant fait savoir que Washington viserait les dirigeants qui ont mené le Soudan « dans la mauvaise direction », après l’échec d’une trêve négociée par les Etats-Unis.
Il a bien précisé que les « deux parties » au conflit étaient responsables de cette situation.
Depuis le début des combats le 15 avril, l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane comme les FSR du général Mohamed Hamdane Daglo ont accepté une dizaine de trêves avant de les violer aussitôt.
Jake Sullivan a estimé dans son communiqué que le « bain de sang » à Khartoum et au Darfour était « effroyable ».
Il a ajouté que la rupture de la dernière trêve « ne faisait que renforcer notre crainte d’un conflit prolongé et de grandes souffrances pour le peuple soudanais ».
Selon l’Unicef, plus de 13,6 millions d’enfants ont besoin d’aide humanitaire au Soudan, dont « 620 000 en état de malnutrition aiguë qui, pour moitié, pourraient mourir s’ils ne sont pas aidés à temps ».
En outre, 350 000 autres personnes ont fui dans les pays voisins: la moitié en Egypte, les autres au Tchad, au Soudan du Sud, en Centrafrique ou en Ethiopie, tous en proie à des violences et qui redoutent une contagion.
Car la situation devient chaque jour plus critique: le Soudan est au bord de la famine selon l’ONU et la saison des pluies approche avec le risque d’épidémies.