Les États-Unis recommandent de réfléchir à une stratégie après la chute du Hamas
Les proches du Premier ministre ont indiqué que ce dernier n'y avait pas encore pensé, ce qui entraîné les mises en garde des responsables américains, inquiets d'un enlisement d'Israël à Gaza
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

L’administration du président américain Joe Biden a poussé Israël, en privé, à déterminer une stratégie à mettre en œuvre après son objectif de guerre atteint – un objectif qui est le renversement du Hamas, ont confié lundi au Times of Israel un officiel américain et un officiel israélien.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son cercle ont indiqué à leurs homologues américains ne pas avoir encore défini une telle stratégie et se concentrer davantage, pour le moment, sur l’objectif immédiat d’écarter le Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza, a expliqué le responsable américain.
L’ambassadeur israélien aux Nations unies, Gilad Erdan, a déclaré dimanche à CNN que « nous ne pensons pas aujourd’hui à ce qui arrivera au lendemain de la guerre… Nous devons gagner cette guerre et c’est la seule chose sur laquelle nous nous focalisons ».
L’officiel américain qui s’est exprimé auprès du Times of Israel a mis en garde contre cette approche. Sans stratégie définissant qui contrôlera la bande à la place du Hamas, il est probable que l’armée israélienne en vienne à s’enliser indéfiniment à Gaza, même si l’État juif insiste sur le fait qu’il ne veut pas réoccuper l’enclave.
Un responsable israélien a expliqué au Times of Israel que le président du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, et Gadi Eizenkot, membre de la même faction, avaient réclamé la mise en place d’une stratégie de sortie de crise à Gaza lors de leur entrée au gouvernement, la semaine dernière, et que les deux hommes avaient chargé une commission de la concevoir.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a rencontré lundi le cabinet de guerre du Premier ministre Benjamin Netanyahu au siège de Tsahal, la Kirya, à Tel Aviv. Il aurait vivement recommandé à Israël de laisser des aides humanitaires entrer à Gaza afin de conserver le soutien international à la campagne militaire menée pour démanteler le Hamas.

« L’administration Biden comprend la nécessité de démanteler le Hamas et souligne que l’un des moyens permettant de garantir qu’Israël aura suffisamment de temps pour le faire est d’éviter une crise humanitaire à Gaza », a dit un officiel israélien au site d’information Axios.
Israël a largement empêché l’aide humanitaire d’entrer à Gaza alors que l’État juif tente d’exercer des pressions sur le Hamas en faveur de la libération des 200 à 250 otages retenus au sein de l’enclave côtière.
Netanyahu s’inquiète également à l’idée que certains, dans sa coalition de la ligne dure, ne s’opposent à l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza – une initiative qui est aussi susceptible d’entraîner de vives réactions dans le pays, a noté Axios.
Blinken a ensuite annoncé que les États-Unis et Israël étaient en train de mettre au point un plan qui permettra l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, disant que Biden évoquera la question lors de sa visite au sein de l’État juif, mercredi.
Blinken était en Israël, lundi, pour la seconde fois d’affilée depuis que la guerre a éclaté, le 7 octobre. A cette date, au moins 1 500 terroristes du Hamas avaient franchi la frontière séparant Israël et la bande de Gaza par voie maritime, terrestre et aérienne, tuant plus de 1300 personnes, des civils en majorité, et prenant entre 200 et 250 otages de tous les âges. Le groupe avait lancé des milliers de roquettes vers les villes et les villages israéliens – des tirs qui ont continué jusqu’à aujourd’hui, amenant Blinken à trouver refuge dans un abri antiaérien à au moins une reprise pendant son déplacement.
Des familles entières ont été exécutées dans leurs habitations et 260 personnes ont été massacrées lors d’une rave, parmi de multiples horreurs perpétrées par les hommes du Hamas – des horreurs qui, selon Biden, ont été l’occasion « du pire massacre de Juifs depuis la Shoah ».