Les États-Unis remettent une proposition de cessez-le-feu à Beyrouth
Tsahal affirme que les tirs de roquettes du Hezbollah ont légèrement diminué ces derniers temps ; Trump aurait approuvé le projet de trêve
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
L’ambassadrice américaine au Liban, Lisa Johnson, a soumis un projet de trêve au président du Parlement libanais, Nabih Berri, selon une information rapportée par Reuters.
Le gouvernement libanais a confirmé étudier la proposition américaine de trêve, ont indiqué vendredi à l’AFP des responsables libanais. Un haut responsable du gouvernement à Beyrouth, qui a requis l’anonymat pour discuter de tels sujets sensibles, a déclaré que l’ambassadrice américaine Lisa Johnson avait discuté jeudi avec de hauts responsables libanais d’une proposition en 13 points qui comprend une trêve de 60 jours, pendant laquelle le Liban redéploiera des troupes à la frontière. Le responsable a ajouté qu’Israël n’avait pas encore répondu au plan.
Johnson a rencontré jeudi Nabih Berri, un allié du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, soutenu par l’Iran et l’intermédiaire habituel de la diplomatie avec le groupe, pour lui soumettre la première proposition écrite de Washington depuis au moins plusieurs semaines, selon deux sources politiques libanaises de haut rang.
« Il s’agit d’un projet de texte destiné à recueillir les observations de la partie libanaise », a déclaré l’une de ces sources à Reuters. Aucune des deux sources n’a toutefois fourni de détails sur le contenu de la proposition.
Selon le Wall Street Journal, le président-élu des États-Unis, Donald Trump, aurait approuvé cette proposition dimanche lors d’une réunion avec le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, à Mar-a-Lago. L’article rapporte que Trump a donné son feu vert après un exposé de Dermer et exprimé l’espoir que l’initiative puisse être mise en œuvre avant son investiture, prévue le 20 janvier 2025.
De son coté, le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, s’est entretenu jeudi avec son homologue français, Jean-Noël Barrot, et lui a fait part des « progrès » réalisés dans les tentatives de parvenir à un cessez-le-feu au Liban qui permettrait aux Israéliens de retourner en toute sécurité dans leurs communautés frontalières.
Le ministère des Affaires étrangères a précisé que Saar avait insisté sur la nécessité de garanties pour tout accord, notamment l’éloignement du Hezbollah de la frontière et l’empêchement de son réarmement via la Syrie.
« La communauté internationale doit jouer son rôle pour que le Liban revienne entre les mains de son peuple et ne reste pas sous le contrôle du régime iranien. »
Également jeudi, le ministre de l’Énergie, Eli Cohen, a affirmé qu’Israël était plus proche d’un accord de cessez-le-feu qu’il ne l’avait été depuis le début de la guerre. Toutefois, il a insisté sur le fait qu’Israël devait conserver sa liberté d’action au Liban en cas de violation de l’accord.
Des responsables libanais ont confié à Reuters que l’idée d’une « intervention directe » d’Israël n’avait pas été officiellement soumise au Liban et serait fermement rejetée par Beyrouth.
« L’idée qu’Israël puisse intervenir à tout moment est impensable », a déclaré l’une des sources politiques.
Le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, a souligné que « le redéploiement des forces armées libanaises est un élément absolument central de tout accord durable » au Sud-Liban.
Supervisant la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), Lacroix a ajouté que l’ONU prévoyait de renforcer sa mission de maintien de la paix pour soutenir l’armée libanaise une fois qu’une trêve serait conclue. Cependant, il a précisé que l’ONU n’imposerait pas un cessez-le-feu directement.
« Je pense que cela doit être très clair. La mise en œuvre de la [résolution 1701 des Nations unies de 2006] relève de la responsabilité des parties », a déclaré Lacroix. « La FINUL a un rôle de soutien, et ce rôle de soutien est très substantiel. »
Jeudi, Tsahal a signalé une diminution du nombre de roquettes tirées par le Hezbollah sur Israël, tombant à moins de 100 tirs par jour en moyenne, contre 150 à 200 par jour le mois dernier.
Selon l’armée israélienne, cette baisse est due aux difficultés du Hezbollah à maintenir des tirs soutenus, ses stocks de roquettes ayant été largement détruits et plusieurs dizaines de ses commandants ayant été éliminés. Avant la guerre, Tsahal estimait que le Hezbollah lancerait des milliers de roquettes par jour en cas d’escalade.
Les médias d’État libanais ont rapporté jeudi qu’une frappe aérienne israélienne avait tué au moins neuf personnes et en avait blessé cinq autres dans la ville de Baalbek, dans le nord-est du Liban.
Tout au long de la journée, des frappes aériennes sporadiques ont visé la banlieue sud de Beyrouth, marquant une intensification notable des attaques dans cette zone au cours des deux derniers jours. À la suite d’avertissements d’évacuation, les avions de chasse israéliens ont frappé plusieurs dépôts d’armes du Hezbollah.
Les sites étaient situés « au cœur d’une population civile », a indiqué l’armée, accusant le groupe terroriste d’utiliser des innocents comme boucliers humains.
Les États-Unis ont exprimé leur inquiétude concernant les combats dans la région de Beyrouth.
« Vous nous avez entendu dire à maintes reprises que nous ne voulons pas voir ce genre d’opérations [militaires] à Beyrouth, en particulier dans les zones densément peuplées », a déclaré Vedant Patel, porte-parole du département d’État américain, interrogé sur les frappes.
Selon le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, Israël a frappé plus de 300 cibles du Hezbollah au Liban au cours de la semaine écoulée, dont 40 à Beyrouth.
« Nous frappons… de Dahiyeh à Damas », a déclaré Hagari lors d’une conférence de presse, faisant référence à la banlieue sud de Beyrouth et à la capitale syrienne.
Les cibles au Liban incluaient des dépôts d’armes, des centres de commandement et des lance-roquettes, selon Hagari.
Le porte-parole de Tsahal a déclaré avoir « identifié des roquettes et d’autres armes que le Hezbollah utilise contre Israël, fabriquées en Syrie et transférées depuis ce pays au Hezbollah. »
Tsahal a également promis de cibler « toutes les tentatives de transfert d’armes de la Syrie vers le Hezbollah » et de frapper « toute infrastructure en Syrie utilisée pour fabriquer des armes destinées au Hezbollah. »
Jeudi, l’agence de presse syrienne SANA a rapporté de nouvelles frappes aériennes israéliennes dans la région d’al-Qusayr, près de la frontière libanaise.
Toujours jeudi, la FINUL a signalé que deux ou trois hommes avaient tiré une trentaine de coups de feu en direction de ses soldats de la paix.
Les soldats de la FINUL ont riposté et se sont mis à l’abri. Aucun blessé n’a été signalé, et une enquête a été ouverte. Selon un communiqué de la FINUL, les auteurs des tirs seraient probablement libanais.
« Nous rappelons aux autorités libanaises qu’elles ont la responsabilité d’assurer la sécurité des soldats de la paix qui effectuent un travail sensible et important sur le territoire libanais », a ajouté la force de l’ONU. « Nous avons demandé aux autorités libanaises de mener une enquête complète sur cet incident et de traduire les coupables en justice. »
Depuis le 8 octobre 2023, le Hezbollah mène des attaques quasi-quotidiennes contre des communautés israéliennes et des positions militaires le long de la frontière, affirmant agir en soutien à Gaza en guerre.
Environ 60 000 habitants ont été évacués des villes du nord de la frontière libanaise peu après le pogrom du Hamas du 7 octobre, par crainte que le Hezbollah ne mène une attaque similaire, et en raison de l’augmentation des tirs de roquettes par le groupe terroriste.
Les attaques menées contre le nord d’Israël depuis octobre 2023 ont causé la mort de 43 civils. 69 soldats et réservistes de Tsahal ont été tués dans les affrontements transfrontaliers et dans l’opération terrestre lancée dans le sud du Liban à la fin du mois de septembre. Deux soldats ont été tués lors d’une attaque de drone depuis l’Irak, et plusieurs attaques ont également eu lieu depuis la Syrie, mais sans faire de blessés.
Tsahal estime avoir éliminé quelque 3 000 terroristes du Hezbollah dans ce conflit. Une centaine de membres d’autres groupes terroristes, et des centaines de civils, auraient également été tués au Liban.