Les Etats-Unis vont rembourser 1,7 milliard de dollars à l’Iran
Cette somme n'a rien à voir avec les dizaines de milliards de dollars que Téhéran doit récupérer à la suite de l'entrée en vigueur samedi de l'accord nucléaire

Les Etats-Unis vont rembourser à l’Iran un total de 1,7 milliard de dollars de dette et d’intérêts qui remontent à la Révolution islamique de 1979 et à la rupture des relations diplomatiques, a indiqué dimanche dans un communiqué le secrétaire d’Etat John Kerry.
Ce remboursement, fruit d’un règlement du Tribunal arbitral de La Haye créé pour ce différend, concerne 400 millions de dollars de dette et 1,3 milliard de dollars en intérêts, mais n’a rien à voir avec les dizaines de milliards de dollars que Téhéran doit récupérer à la suite de l’entrée en vigueur samedi de l’accord sur son programme nucléaire et de la levée consécutive des sanctions.
Le président Barack Obama a mentionné ce règlement de La Haye et a assuré que le montant de 1,7 milliard de dollars était « bien moins que ce que l’Iran cherchait » à obtenir.
« Pour les Etats-Unis, le règlement a pu nous faire économiser des milliards de dollars qui auraient été réclamés par l’Iran. Les Etats-Unis n’avaient aucun intérêt à faire traîner les choses », a justifié le président.
Cette dette et ces intérêts remontent à la période antérieure à la Révolution islamique de 1979 et à la rupture des relations diplomatiques l’année suivante et concernaient notamment des ventes d’équipements militaires.
Le « Iran-US Claims tribunal » a été mis sur pied à La Haye en 1981 pour tenter de trouver une issue juridique à ce contentieux entre deux pays qui étaient alors devenus adversaires.
Dans son communiqué, John Kerry, artisan de l’accord sur le nucléaire et force motrice d’un rapprochement effectif entre Washington et Téhéran, a estimé que le règlement de La Haye était un « juste (…) compromis ».
Iran et Etats-Unis saluent des « progrès historiques » et une « nouvelle page »
Les présidents américain et iranien ont salué dimanche l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire historique avec Téhéran mais de nouvelles sanctions prises à Washington sur un autre dossier ont tempéré l’optimisme de ces derniers jours.
Le président iranien Hassan Rouhani a évoqué l’ouverture d’une « nouvelle page » entre l’Iran et la communauté internationale après la levée de la plupart des sanctions liées au programme nucléaire iranien.
Son homologue américain a appelé les Iraniens à tisser « de nouveaux liens avec le monde », se félicitant des « progrès historiques » réalisés avec l’Iran ces derniers jours.
Ce rapprochement s’est également matérialisé ces derniers jours par un important échange de prisonniers impliquant onze personnes, dont le reporter du Washington Post Jason Rezaian, et la libération rapide de marins américains entrés par erreur dans les eaux iraniennes.
Trois des quatre prisonniers américains élargis dans le cadre de l’échange étaient attendus dimanche en Suisse, d’où ils repartiront vers une base américaine en Allemagne, selon les autorités suisses.
Malgré ce rapprochement significatif, Barack Obama a insisté sur les « profondes différences » qui persistent entre Washington et Téhéran et dénoncé le « comportement déstabilisateur de l’Iran », citant des violations des droits de l’Homme ou encore le programme iranien de missiles balistiques.
A cet égard, l’annonce dimanche par le Trésor américain de nouvelles sanctions contre Téhéran liées à ce programme est venu rappeler que la défiance persiste entre deux nations ayant rompu leurs relations diplomatiques il y a 35 ans.
« Il n’est pas question de faire confiance aux Etats-Unis à cause de l’accord nucléaire », a d’ailleurs assuré dimanche Hassan Rohani avant l’annonce de ces nouvelles sanctions américaines, qui visent cinq Iraniens et un réseau d’entreprises.
Il avait aussi prévenu: « Si les Américains prennent n’importe quelle mesure, ils recevront la réponse appropriée ».
L’amorce de rapprochement entre Téhéran et Washington inquiète en effet les alliés traditionnels des Etats-Unis dans la région -Arabie saoudite et Israël en tête-, qui redoutent l’influence de la puissance chiite.
Le président iranien modéré, qui doit rencontrer dimanche le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Yukiya Amano, attendu à Téhéran dans la nuit de dimanche à lundi, a aussi voulu apaiser les critiques dans son pays en soulignant que « l’accord n’était pas la victoire d’une tendance politique », alors que les milieux ultraconservateurs y sont opposés.
Hassan Rouhani s’est toutefois voulu rassurant : « l’accord n’est contre l’intérêt d’aucun pays. Les amis de l’Iran sont contents et ses adversaires ne doivent pas être inquiets. L’Iran n’est une menace pour aucun pays (…) ».
« Maintenant, il est temps de construire le pays », a-t-il ajouté avant de présenter au Parlement le premier budget de l’après-sanctions.
Mais la perspective d’un retour de l’Iran sur un marché pétrolier déjà saturé par une abondance de l’offre, ainsi que la baisse des prix du brut, ont plombé les Bourses des monarchies pétrolières du Golfe qui ont fortement chuté dimanche, dont celle d’Arabie saoudite.