Les Finances commencent à réformer le système bancaire israélien
Les recommandations pour autonomiser les compagnies de cartes de crédit ouvrent la voie à une vaste réforme du très uni secteur financier
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
Mettant fin à une impasse qui dure depuis des mois sur les propositions destinées à accroître la concurrence dans l’imperméable secteur bancaire israélien, le ministère des Finances et la Banque d’Israël ont trouvé un accord sur les recommandations d’un comité gouvernemental sur le sujet, ce qui ouvre la voie à une vaste réforme et à la création de la première nouvelle banque en presque 50 ans.
Après s’être assuré le soutien du gouverneur de la Banque d’Israël Karnit Flug, le ministre des Finances Moshe Kahlon a présenté le projet final lundi au cabinet, promettant que les nouvelles réformes bénéficieraient de la même manière aux consommateurs et aux entreprises du pays.
« Aujourd’hui, nous pouvons annoncer qu’après 49 ans pendant lesquels aucune nouvelle banque n’a été ouverte en Israël, la voie s’ouvre pour la fondation de nouvelles banques », a déclaré Kahlon au cabinet au début de sa réunion hebdomadaire.
« Les accords que nous avons passés ces derniers jours avec la Banque d’Israël permettent des opportunités sans précédent. Toutes les commissions sur le sujet n’ont jusqu’à présent pas traité de la classe moyenne, de ceux avec des moyens modestes, et des petites et moyennes entreprises. Les conclusions de la commission traitent précisément de ces groupes, avec des citoyens qui ont dû faire face à la concentration du système bancaire », a-t-il ajouté.
La commission Strum, formée par Kahlon et Flug en juin 2015, propose trois réformes majeures pour augmenter la concurrence : une loi sur la garantie des dépôts, qui permettrait d’assurer que le gouvernement assurera les dépôts même si les banques ont moins de 5 % du marché ; permettre à des organismes qui ne sont pas des banques de faire crédit aux consommateurs ; et séparer la propriété des compagnies de cartes de crédit de celles des banques.
Selon le ministère des Finances, les propositions ont pour objectif de freiner le contrôle écrasant sur le secteur du pays des deux grandes institutions financières, les banques Hapoalim et Leumi.
Les Finances espèrent que séparer les compagnies de cartes de crédit leur permettra finalement de devenir elles-mêmes des banques.
La commission, présidée par Dror Strum, un avocat et ancien responsable anti-trust, a publié un rapport intermédiaire en décembre, mais a rencontré l’opposition de la banque d’Israël, qui avait affirmé que des réformes trop ambitieuses pourraient menacer la stabilité du secteur bancaire. Flug a combattu certaines mesures pour adoucir des parties de la régulation proposée mais a été forcé d’abandonner sur un certain nombre de sujets cruciaux entourant les compagnies de cartes de crédit.
« Je suis heureux qu’au final, après de grands efforts de toutes les parties impliquées, nous ayons réussi à formuler de bonnes recommandations pour le bénéfice des consommateurs, tout en préservant la stabilité du système », a déclaré Flug lundi.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, s’exprimant aux côtés de Kahlon pendant la réunion gouvernementale, a déclaré que les réformes proposées bénéficieraient à « tous les Israéliens ».
« La concurrence dans le secteur bancaire facilitera la situation de crédit des petites et moyennes entreprises. Et la séparation entre les banques principales et les compagnies de cartes de crédit est le début d’une réforme complète qui sera bonne pour tous les Israéliens », a déclaré Netanyahu.
Ces dernières années, le très soudé secteur bancaire israélien a explosé, les deux plus grosses banques du pays enregistrant des bénéfices et des prêts immobiliers significativement plus importants en 2015.
La banque Hapoalim, la plus grande banque, a annoncé un bénéfice net de plus de trois milliards de shekels (790 millions de dollars), en hausse de 2,7 milliards de shekels par rapport à 2014. Les dépôts et les prêts ont également augmenté en 2015.
La banque Leumi a annoncé un bénéfice net de 2,8 milliards de shekels (727 millions de dollars) pour l’année dernière.
A la suite des élections israéliennes l’année dernière, Kahlon, qui préside le parti Koulanou, avait promis de « battre les banques » s’il était élu, dans le cadre d’une campagne pour réduire le coût de la vie élevé en Israël.
Pendant une conférence de presse en juin 2015 pour annoncer cette initiative, Kahlon avait déclaré que la nouvelle commission devrait viser à introduire « une compétition réelle dans l’un des secteurs les plus centralisés de l’économie israélienne : le système bancaire ».
Kahlon, qui s’est fait connaître en ouvrant l’industrie des téléphones mobiles quand il était ministre des Communications il y a cinq ans, avait annoncé que les trois plus grandes banques du pays détenaient 70 % du marché, une situation qui coûte aux consommateurs des centaines de shekels par an.
« La concurrence est la meilleure amie du consommateur. Elle est bonne pour les entreprises et elle est bonne pour les citoyens, et c’est pourquoi nous visons à la promouvoir dans chaque secteur, » avait-il déclaré.
La commission Strum est composée du professeur Avi Ben Bassat, professeur d’économie à l’université Hébraïque de Jérusalem, d’Amir Levi et de Yael Mevorach, respectivement directeur et directrice adjointe du budget au ministère des Finances, de Nadine Baudot-Trajtenberg, gouverneur adjoint de la Banque d’Israël, du professeur David Gilo, qui a démissionné du poste de commissaire anti-trust en raison de l’accord sur le gaz naturel du gouvernement, d’Avi Licht, procureur général adjoint pour les questions fiscales et économiques, et du professeur Nathan Sussman, directeur de la division de recherche de la Banque d’Israël.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.