Les forces de sécurité restent prudentes face aux allégations d’incendies criminels
Certains politiciens affirment qu’un grand nombre d’incendies ont été délibérément allumés par des Arabes. Les experts se montrent beaucoup plus prudents et certains villages arabes en Israël ont dû eux aussi lutter contre les flammes.
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Tandis que certains hommes politiques israéliens et certains médias n’ont pas tardé à attribuer la responsabilité d’un grand nombre parmi les dizaines d’incendies qui ont ravagé Israël à des terroristes pyromanes, les services de sécurité du pays – la police, le Shin Bet et l’armée – ont fait le choix de se montrer prudents.
Depuis mardi, ce sont des dizaines d’incendies qui ont éclaté en Israël – la plupart d’entre eux peu importants, mais certains très massifs comme celui qui a ravagé la ville portuaire de Haifa.
L’air sec, le manqué d’eau et des vents violents ont transformé la région en poudrière.
Des dizaines de milliers de personnes ont été obligées d’évacuer leurs maisons, des centaines d’habitations ont été endommagées ou détruites et des dizaines d’autres personnes ont été envoyées à l’hôpital, intoxiquées par l’inhalation des fumées.
“Malheureusement, il n’y a pas de doute sur le fait qu’il y ait eu des incendies criminels”, a indiqué vendredi Netanyahu aux journalistes.

Toutefois, il a pris soin de ne donner aucune estimation spécifique de la proportion des incendies relevant de cette catégorie.
Prenant la parole jeudi, le commissaire de police Roni Alsheich a donné l’impression que ce pourcentage était peu élevé.
“Il y a certains cas d’incendies criminels”, a déclaré Alsheich aux journalistes, « et énormément de cas qui ne le sont pas ».
Mercredi et jeudi, le ministre de l’Education Naftali Bennett ne faisait pas, pour sa part, preuve d’autant de retenue, estimant que les incendies criminels étaient en majorité à l’origine de cette vague de brasiers et qu’elle était motivée par le nationalisme palestinien.

S’exprimant mercredi sur Twitter, Bennett a expliqué que les feux ne pouvaient avoir été déclenchés que par “quelqu’un à qui cette terre n’appartient pas” en référence indirecte aux Arabes. Jeudi, il a déclaré qu’Israël était submergé par une vague d’incendies terroristes.
Le ministre de la Sécurité Publique Gilad Erdan a indiqué jeudi, en off, que presque la moitié des incendies était d’origine criminelle, a rapporté la Deuxième chaîne.
Lorsque les incendies seront définitivement maîtrisés et que les enquêtes de la police seront terminées, la responsabilité du départ de certains feux sera certainement attribuée à des pyromanes. Mais un grand nombre d’entre eux, si ce n’est la plupart, pourraient simplement résulter d’un manque de prudence ou d’une négligence.
Un incendie qui s’est propagé depuis l’implantation cisjordanienne Ariel, vendredi en début de matinée, a été plus que probablement allumé par des criminels. Une séquence vidéo de la scène, émanant des services de sécurité, montre un groupe d’hommes se tenant auprès d’un bosquet d’arbres seulement trois minutes avant que le feu ne devienne visible.
Jeudi, des soldats israéliens ont également arrêté un Palestinien qui était, selon des informations, en train d’allumer un feu aux abords de l’implantation de Kochav Yaakov, dans le centre de la Cisjordanie.
L’incendie qui s’est déployé près de Nataf vendredi, dans les collines de Jérusalem, aurait été déclenché par un cocktail Molotov, a rapporté la Deuxième chaîne.
Des arrestations ont également eu lieu en lien avec l’incendie de Haifa, qui a été de loin le plus important foyer de ces quatre derniers jours. Mais la police n’a pas encore spécifié l’importance d’une éventuelle intervention criminelle dans l’origine de ce brasier spectaculaire.

A Beit Meir, aux abords de Jérusalem, où 10 habitations ont été détruites, la police enquête sur la possibilité que le feu ait été allumé par des personnels de secours qui avait tenté d’éteindre un feu à proximité, selon la radio israélienne.
De nombreux villages arabes d’Israël se sont également battus contre l’emprise des flammes ces derniers jours.
Picture from Arab village in northern Israel (kfar Nahf), where a state of emergency has been declared, preparing to evacuate pic.twitter.com/nqqE9PS6RJ
— Dov Lieber (@DovLieber) November 24, 2016
Khan Younis, dans la Bande de Gaza, ainsi que Ramallah, Hébron, Qalqilya et Hawara, en Cisjordanie, ont été également le théâtre d’incendies, comme cela été le cas de villes en Egypte, au Liban et en Syrie. (La Jordanie, qui possède moins de forêt, semble avoir été largement épargnée).
Certaines preuves présumées venant attester d’incendies criminels qui ont circulé sur les médias sociaux ont été réfutées.
Une photographie qui était supposée montrer un dispositif visant à aider la propagation du feu – constitué de trois branches et d’une palette d’expédition en bois attachée à un arbre – a été partagée sur Facebook et Twitter des milliers de fois avant d’être identifiée pour ce qu’elle était vraiment : un fort construit il y a deux semaines par des enfants israéliens.
Leur tante et leur cousin ont identifié les images dans leurs propres publications sur Facebook (qui ont généré bien moins de partages).

L’incendie de Carmel, qui avait brûlé de larges bandes dans le nord d’Israël en 2010, avait d’abord été attribué à l’oeuvre d’un pyromane. Il s’était avéré en définitive qu’il avait été causé par un adolescent qui fumait du narguilé dans les bois et n’avait pas éteint correctement les cendres.
Pour l’instant, la police et l’armée se sont déployées dans tout le pays pour éteindre et prévenir les incendies en cours – délibérés et autres – et les enquêteurs oeuvrent à déterminer les causes des feux qui sont encore actifs et de ceux qui sont d’ores et déjà maîtrisés.
Jusque-là, les gens devront se contenter de faire ce qu’il y a certainement de plus difficile en cas de catastrophe – attendre des réponses.