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« Les Français réalisent que chacun est une cible, plus seulement les Juifs »

Pour le consultant politique parisien David Khalfa, le débat culturel sur une sécurité accrue comme atteinte aux valeurs démocratiques a conduit à des cibles impuissantes

Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »

Des personnes  pleurent devant le bar du Carillon dans le 10e arrondissement de Paris, le 14 novembre 2015, après une série d'attaques  qui a tué au moins 129 personnes. Le Petit Cambodge, à côté du bar du Carillon, a été le théâtre d'une autre attaque, dans laquelle au moins 12 personnes sont mortes. (Photo: Kenzo Tribouillard / AFP)
Des personnes pleurent devant le bar du Carillon dans le 10e arrondissement de Paris, le 14 novembre 2015, après une série d'attaques qui a tué au moins 129 personnes. Le Petit Cambodge, à côté du bar du Carillon, a été le théâtre d'une autre attaque, dans laquelle au moins 12 personnes sont mortes. (Photo: Kenzo Tribouillard / AFP)

Lorsque ce furent les Juifs qui étaient ciblés, les Français n’avaient pas compris qu’ils étaient aussi des cibles de la terreur, a dit le consultant politique juif parisienne David Khalfa.

« C’était une illusion ; nous avons vécu dans cette illusion et maintenant nous nous réveillons – et c’est un cauchemar», a-t-il ajouté dans une conversation téléphonique dans la nuit de samedi à dimanche depuis son domicile parisien.

Une conséquence des attaques de vendredi est que « maintenant, tout citoyen français comprend la question et devra faire face à la menace et les changements qu’elle implique, notamment et malheureusement sur son mode de vie », a estimé Khalfa, qui a des interactions quotidiennes avec les dirigeants de la communauté juive, ainsi qu’avec des journalistes et des hommes politiques français.

Dans les retombées de l’attaque terroriste choquante contre Charlie Hebdo en janvier à Paris, suivie par le massacre au supermarché casher HyperCacher, le gouvernement français a rapidement sécurisé toutes les institutions juives, en deployant des soldats en tenue de combat complète devant les synagogues, les écoles et les institutions juives. Et en effet, les Juifs du pays se sentent protégés, bien que toujours menacés, dit Khalfa.

Un soldat français posté devant une synagogue parisienne le 12 janvier 2015 (Crédit : JOEL SAGET / AFP)
Un soldat français posté devant une synagogue parisienne le 12 janvier 2015 (Crédit : JOEL SAGET / AFP)

Le public français avait commencé à débattre pour savoir si de nouvelles mesures de sécurité devraient être prises dans tout le pays, notamment les pratiques israéliennes standard de vigiles postés à l’entrée des écoles, des restaurants, des magasins et dans les transports en commun.

Khalfa estime cependant, que même s’il y a eu une présence militaire dans les grandes villes du pays, presque rien de palpable n’a été ressenti au jour le jour après que la marche de solidarité d’un million de personnes a pris fin.

Pour la communauté juive, il y a eu une réaction différente. Khalfa dit que puisque les Juifs étaient les principales cibles des premières attaques terroristes et puisque la plupart des membres de la communauté juive ont de la famille en Israël, ils sont plus habitués à la gravité et à la réalité potentielle des attaques terroristes actuelles.

Le consultant politique juif parisien David Khalfa (Autorisation)
Le consultant politique juif parisien David Khalfa (Autorisation)

« Les Juifs français savent que le terrorisme est une menace quasi quotidienne à laquelle les Israéliens sont confrontés et nous avons donc une perception légèrement différente de ce qui se passe maintenant. Les Juifs sont plus conscients de la gravité et du niveau de la menace et de ce qui doit être entrepris face à cette menace », a-t-il dit.

Les attaques de vendredi sont essentiellement différentes de ce que le pays a connu en janvier.

« Cette fois, il n’est pas seulement question de cibles symboliques », selon le consultant, qui a expliqué que l’attentat de Charlie Hebdo portait sur la liberté d’expression et que celle contre le « Hyper Cacher était destinée à dire aux Juifs qu’ils ne sont plus en sécurité nulle part, en particulier pas en France. »

« Mais maintenant tout le monde est une cible : Cela est arrivé dans des cafés, dans des restaurants, dans une salle de spectacle, et je pense que cela a changé toute la perception de la lutte contre le terrorisme, » a-t-il dit.

On estime que 700 à 1 000 citoyens français sont actuellement impliqués dans les combats aux côtés de l’Etat islamique au Moyen-Orient, a rappelé Khalfa.

Le retour de ces combattants extrémistes entraînés est une préoccupation de premier ordre en France, qui est déjà considérée comme une cible « en raison de ses activités de contre-terrorisme en Afrique du Nord et centrale, ainsi que pour les mauvais traitements et les discriminations perçus contre la minorité musulmane en France même, » a déclaré samedi à l’AFP Matthew Henman, le chef du Jane’s Terrorism and Insurgency Centre à Londres.

Les secouristes évacuent un blessé près de la salle de concert Le Bataclan à Paris, le 14 novembre 2015 (Crédit : AFP PHOTO / MIGUEL MEDINA)
Les secouristes évacuent un blessé près de la salle de concert Le Bataclan à Paris, le 14 novembre 2015 (Crédit : AFP PHOTO / MIGUEL MEDINA)

Mais pour Khalfa après les attaques de janvier contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, cela a été comme si le pays avait décidé que la terreur était une anomalie, un phénomène qui n’arrive qu’une seule fois.

Dans le débat national interne, il a été décidé qu’ils ne devraient pas changer la joie de vivre parisienne ou de porter atteinte à des valeurs fièrement acquises de Liberté, Egalité et Fraternité avec des mesures de sécurité accrues.

Le tir dans le train Thalys le 21 août, designé par la police française comme une attaque terroriste islamiste, a soulevé à nouveau la question, a déclaré Khalfa, mais finalement il a été décidé de ne pas poster des gardes devant les restaurants et qu’il n’y aurait pas contrôle dans les transports publics. Il estime que ce fut une erreur prévisible et craint qu’il n’y ait à l’avenir plus d’attaques, et plus graves.

‘Personne n’était armé, tout le monde était une cible’

Pour Khalfa, les récentes attaques étaient personnelles. Plusieurs de ses amis étaient vendredi soir dans le public de la salle du Bataclan qui jusqu’à septembre appartenait à des Juifs. Alors qu’ils se cachaient aux côtés de 20 autres otages – dont un qui a saigné à mort – Khalfa était en contact téléphonique avec un de ses amis juifs.

Il a décrit par la suite à Khalfa le sentiment d’impuissance qu’il a vécu en entendant des coups de feu et des appels à l’aide, tout en regardant les suintements de sang sur les corps empilés.

Contrairement à Israël ou aux États-Unis, en France les armes personnelles sont culturellement bannies, dit Khalfa. La foule était incapable de réagir.

L’ami de Khalfa a décrit sa course sur les cadavres dans le chaos à la recherche d’un refuge.

« En plus d’avoir très peur, il sentait qu’il devait répliquer, mais il était désarmé. Personne n’était armé, tout le monde était une cible », a dit Khalfa.

« Le sentiment principal, outre le cauchemar qu’il a vécu, était qu’il se sentait comme une cible très facile. »

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