Les frères Coen : on écrit sur ce qu’on connaît
Le duo de réalisateurs dit qu’il est ‘dément’ et ‘fou’ de dicter le contenu des films

JTA – Interrogés sur la diversité à Hollywood la semaine dernière, les frères Coen ont défendu dans le Washington Post leur historique de films sur les juifs et les habitants du Minnesota.
Le duo d’auteurs-réalisateurs-producteurs de films est d’accord que la controverse sur le manque d’acteurs noirs dans les nominations des Oscars, #OscarsSoWhite, peut refléter un réel problème : l’argent conduit les films commerciaux, les gens qui investissent de l’argent veulent plus de ce qui a déjà marché dans le passé et il est intimidant pour les minorités de casser ce cycle.
Mais les frères rejettent la notion que les créateurs de films portent une responsabilité personnelle pour promouvoir la diversité, affirmant que vous écrivez sur ce que vous connaissez.
« Prenez n’importe quel acteur, ou auteur, ou réalisateur, et allez-y : ‘Vos films devraient être plus ceci ou plus cela ou plus autre chose’. La seule et unique réponse est que vous ne pouvez écrire que ce que vous pouvez écrire. Vous ne pouvez pas vous asseoir et dire ‘Je vais écrire quelque chose qui suit les diktats de ce que la culture pense qu’il devrait arriver, en termes de diversité culturelle et de narration’. Pour être honnête avec vous, c’est complètement dément », a déclaré Joel Coen.
« Nous écrivons en fait des films dans lesquels les personnages sont juifs ou du Minnesota », a ajouté Ethan Coen.
Assez vrai. Ils ont eu des juifs (« Barton Fink »), des juifs en devenir (« The big Lebowski »), des habitants du Minnesota (« Fargo ») et des juifs du Minnesota (« A serious man »).
Même en collant à ce qu’ils connaissent, ils ont eu des problèmes.
« Vous dites, ‘regardez le monde’. Et ensuite, ils disent ‘Bien, ce personnage est juif et est un méchant’. Quelque part dans leurs esprits, vous impliquez que dans nos esprits le personnage juif représente tous les juifs. Comme je l’ai dit, vous ne pouvez écrire que ce que vous pouvez écrire. Si la question est de savoir s’il devrait y avoir plus de personnes impliquées dans le processus, avec des histoires plus variées, pour que ce qu’ils puissent écrire reflète plus de diversité – c’est l’industrie elle-même qui devrait s’ouvrir plus aux personnes avec des origines différentes, pour que leurs histoires arrivent – c’est une chose dont il est légitime de parler. L’autre chose est folle », a déclaré Joel Coen.
« Hail, César ! » se concentre sur l’autre communauté que les frères Coen ont rencontrée – l’industrie du film d’Hollywood. Le film raconte la fabrication d’un film, également intitulé « Hail, César ! » avec un acteur qui ressemble à Kirk Douglas, Baird Whitlock (George Clooney). Sans surprise, il y a des juifs sur le plateau.
Dans une exquise scène, le directeur du studio Eddie Mannix (Josh Brolin) convie un groupe de religieux à examiner la script de « Hail, César ! » pour être sûr qu’il n’offense aucune sensibilité religieuse. Il y a un prêtre catholique romain, un ministre protestant, un prêtre grec orthodoxe, et un rabbin.
Le rabbin lutte longtemps pour expliquer poliment que peu importe comment Jésus est représenté dans le film, les juifs ne seront pas offensés, parce que pour les juifs le messie chrétien est simplement le « nazaréen ». Ces cinq minutes intensément drôles résument ce que c’est d’être juif en diaspora.