Les fugitifs de Gilboa ont demandé, en vain, l’aide de l’AP – TV
Deux des évadés auraient contacté Mohammed Shtayyeh, le suppliant de leur accorder l'asile. Il aurait répondu : "Nous ne voulons pas de complications ni de morts"
Deux des détenus palestiniens qui se sont échappés d’une prison israélienne le mois dernier ont tenté de demander l’asile à la direction de l’Autorité palestinienne, mais ont été essuyé un refus, selon un reportage publié mercredi.
Citant l’interrogatoire des six prisonniers repris, le radiodiffuseur Kan a rapporté que deux des évadés ont contacté le Premier ministre de l’AP, Mohammad Shtayyeh, par le biais d’un intermédiaire, alors qu’ils étaient en fuite, et ont demandé une protection.
Selon le reportage, Shtayyeh a rejeté la demande, affirmant que « c’est une affaire complexe. Nous ne voulons pas de complications ni de morts. »
Kan a rapporté que les deux évadés ont raconté l’histoire séparément aux interrogateurs.
Le radiodiffuseur a également fourni de plus amples détails sur les récits des évadés, en se basant sur les transcriptions de leurs interrogatoires qui ont fait l’objet de fuites, suite à des fuites antérieures de leurs commentaires.
Après avoir fui la prison de Gilboa, les six hommes se sont séparés en trois groupes de deux, dans des directions différentes. L’un des hommes, Yaqoub Qadiri, a déclaré aux interrogateurs que lui et un autre fugitif s’étaient cachés pendant une journée entière à l’extérieur d’une base militaire dans le nord du pays. Ils ont creusé un trou sous des buissons près de la clôture de la base et ont campé là, pensant que personne ne penserait à les chercher si près d’un poste de l’armée.
Qadiri a affirmé que s’ils l’avaient voulu, ils auraient pu blesser un soldat israélien, a rapporté Kan.
Un autre fugitif capturé, Munadil Nafayat, a déclaré qu’en arrivant à Jénine, lui et son partenaire ont vu des reportages sur leur évasion dans les journaux, ainsi que des affirmations qui, selon lui, n’avaient aucun lien avec la réalité.
« Les journalistes ont rapporté des choses que nous avions prévu de faire alors que nous n’avions jamais prévu de les faire », a-t-il dit, selon Kan. « Par exemple, ils ont dit que nous voulions traverser vers Jénine, alors que nous cherchions à être placés sous la protection de l’Autorité palestinienne », qui a moins de contrôle sur la ville du nord de la Cisjordanie.
L’audacieuse évasion du 6 septembre, qui s’est terminée par la capture des deux derniers détenus environ deux semaines plus tard, a été considérée comme un échec majeur de l’administration pénitentiaire israélienne, à qui il a été reproché d’avoir laissé les détenus sortir par le système de drainage de leur cellule et par un espace vide situé sous la prison, et de ne pas avoir remarqué ou alerté les autorités à temps.
Cinq des six détenus étaient membres du groupe terroriste du Jihad islamique, ainsi que le terroriste notoire du Fatah, Zakaria Zubeidi. Plusieurs avaient été condamnés pour des crimes capitaux et purgeaient des peines de prison à vie. Quatre des prisonniers ont été capturés dans le nord d’Israël au cours de la première semaine, mais deux autres se sont rendus dans la ville de Jénine, au nord de la Cisjordanie, où ils se sont cachés jusqu’à leur arrestation le 19 septembre.
L’évasion a mis en lumière une série de défaillances au sein de la prison, notamment l’incapacité à tirer les leçons des précédentes tentatives d’évasion et plusieurs bévues opérationnelles, telles que des miradors non surveillés et des gardiens endormis.
Avec un acte d’accusation déposé contre les fugitifs capturés et leurs complices présumés au début du mois, la police israélienne et le service de sécurité Shin Bet ont annoncé la fin de leur enquête sur l’évasion de la prison.
Toutefois, une commission d’État continuera d’enquêter sur l’évasion et sur les défaillances éventuelles du personnel pénitentiaire, du service pénitentiaire israélien et d’autres services gouvernementaux qui pourraient y avoir contribué.