Les groupes pro-palestiniens américains saluent l’assaut du Hamas
Des groupes universitaires organisent des manifestations en soutien à cette offensive meurtrière ; la sécurité est renforcée sur les sites juifs en Europe et à New York
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
NEW YORK — Aux États-Unis, des groupes activistes pro-palestiniens, étudiants et musulmans ont apporté leur soutien à l’offensive terroriste du Hamas contre Israël et ont condamné l’État juif samedi – après que des terroristes de la bande de Gaza ont massacré des centaines d’Israéliens, faisant des ravages dans tout le pays.
L’armée israélienne a mené des frappes au sein de l’enclave côtière en riposte.
Un certain nombre de groupes activistes ont aussi annoncé des rassemblements en soutien à l’assaut terroriste du Hamas – une attaque lors de laquelle des terroristes se sont infiltrés sur le territoire israélien dans une attaque surprise, tuant des civils et des soldats, enlevant des prisonniers et faisant s’abattre une pluie de roquettes sur les villes israéliennes.
Le US Council of Muslim Organizations, une organisation-cadre, a déclaré que « les attaques gratuites, récentes et continues d’Israël contre les villes, les villages et les camps de réfugiés palestiniens avaient entraîné la perte tragique de vies palestiniennes ».
« Nous condamnons les assassinats ciblés ou indiscriminés de la part d’Israël qui ont visé des civils, notamment des enfants innocents, et des femmes et des personnes âgées », a fait savoir le groupe, qui a attribué la responsabilité des violences à l’État juif et aux États-Unis et qui a fait le lien entre l’offensive meurtrière et la mosquée Al-Aqsa – l’un des prétextes avancés de manière régulière pour justifier les attaques contre Israël. Le communiqué n’a mentionné ni le Hamas, ni les atrocités commises par ce dernier.
Le Council on American-Islamic Relations (CAIR), un groupe musulman de défense des droits civils de premier plan, a exprimé son soutien « au droit à la liberté du peuple palestinien ».
L’organisation a, elle aussi, mis en cause les politiques israéliennes et américaines pour justifier les violences et elle a partagé le communiqué émis par le Council of Muslim Organizations.
Plusieurs groupes pro-palestiniens et universitaires se sont réjouis de l’attaque du Hamas et ont prévu de manifester en soutien au groupe terroriste.
La branche nationale de Students for Justice in Palestine, un groupe pro-palestinien de premier plan sur les campus américains, a indiqué que « les oppresseurs insensibles connaissent seulement le langage de la destruction ».
« La Palestine ne sera pas libérée du jour au lendemain. La libération est un processus à long-terme », a écrit l’organisation sur Instagram, désignant de manière mensongère deux villes situées à côté de la frontière avec Gaza, Sderot et Netivot, comme des implantations. « Nous sommes solidaires des opprimés, des colonisés qui luttent pour leur libération. »
Les branches de Students for Justice in Palestine, dans tous les États-Unis – notamment à l’American University, à Rutgers, à l’UC San Diego, à la University of Minnesota et à la San Jose State University – ont tous célébré « la résistance ».
À New York, les groupes pro-palestiniens Within Our Lifetime, Samidoun, Decolonize This Place, Al-Awda et d’autres ont annoncé des rassemblements à Times Square et devant le consulat israélien « pour défendre la résistance héroïque palestinienne ».
Ces groupes appellent régulièrement à la destruction d’Israël et à la mise au ban des « sionistes » lors de rassemblements dans la ville – avec des violences antisémites qui ont pu aboutir sur des condamnations pour crime de haine.
Les annonces faisant part des rassemblements à venir encouragent les participants à porter le masque facial. Les procureurs fédéraux enquêtant sur les crimes de haine commis à l’occasion de manifestations qui avaient été organisées l’année dernière avaient fait part de textes échangés entre des membres qui planifiaient des attaques anti-juives et qui demandaient aux uns et aux autres de se masquer le visage pour éviter les poursuites judiciaires.
« Soutenir la libération palestinienne, c’est soutenir tous les moyens nécessaires qui permettront d’y arriver. La liberté n’est obtenue qu’à travers la résistance », a noté le groupe Within Our Lifetime.
Cette organisation est affiliée à la City University of New York (CUNY), le système universitaire public de la ville – des établissements d’enseignement supérieur où, selon les groupes juifs, l’antisémitisme a libre cours sur les campus. Les dirigeants de Within Our Lifetime avaient prononcé des discours largement condamnés pour leur antisémitisme lors du début des cours de la faculté de droit, ces deux dernières années – entraînant une indignation nationale. Lors d’une manifestation, l’année dernière, des activistes du groupe avaient physiquement agressé un homme juif dans une rue de la ville.
Parmi les activistes ayant approuvé le message transmis par l’organisation : des groupes du Brooklyn College, du Hunter College et de CUNY Law, qui appartiennent tous au système CUNY.
La gouverneure de New York, Kathy Hochul, a estimé que le rassemblement prévu était « immonde et moralement répugnant ».
Le leader de l’organisation politique suprématiste blanche National Justice a applaudi les Palestiniens « pour leurs actions audacieuses et courageuses » et le leader de la Goyim Defense League a déclaré que « les Palestiniens tuent la synagogue de Satan. Que Dieu bénisse ces hommes courageux de Palestine ».
La rhétorique antisémite et les théories du complot se sont multipliées en ligne et sur les applications de messagerie, a fait savoir l’Anti-Defamation League (ADL).
Des rassemblements anti-israéliens ont aussi été annoncés dans environ vingt villes des États-Unis, du Canada ainsi qu’en Europe, notamment devant le consulat et l’ambassade israéliennes de San Francisco, d’Atlanta et de Londres.
Un groupe de manifestants a défilé à la Grand Central Station de New York City, samedi, brandissant des panneaux expliquant que « la résistance est justifiée ». A Toronto, des manifestants ont célébré les attaques aux cris de « Libérez la Palestine ».
La branche du parti politique Democratic Socialists of America, à New York City, a soutenu le rassemblement organisé dimanche à Times Square, faisant part « de sa solidarité avec le peuple palestinien et son droit à la résistance ».
Le Palestinian Youth Movement international s’est, lui aussi, réjoui de l’offensive meurtrière dans une série de posts, disant que « nous continuons à défendre notre peuple à Gaza et dans toute la Palestine occupée dans ses actes légitimes de résistance ».
A l’extrême-gauche, Jewish Voice for Peace a noté que « l’apartheid et l’occupation israéliennes – et la complicité des États-Unis dans cette oppression – sont la source de toutes ces violences ».
« Les opprimés, c’est inévitable, chercheront et trouveront leur liberté », a ajouté le groupe, sans mentionner le Hamas ou le terrorisme.
Des groupes juifs – parmi lesquels Club Z et Yad Yamin – ont annoncé une manifestation pro-israélienne aux abords du siège de l’ONU, à New York City, dimanche après-midi et d’autres événements à San Francisco, à Charlotte et à Los Angeles.
Les activistes israéliens qui, à New York, ont organisé les manifestations contre le plan de refonte judiciaire avancé par le gouvernement en Israël ont, de leur côté, lancé une campagne de collecte de fonds pour soutenir les résidents du sud d’Israël, grâce à un réseau de milliers de personnes qui avait été mis en place dans le cadre de la lutte contre le projet controversé d’affaiblissement du système de la justice israélienne envisagé par la coalition. Toutes les activités relatives à ce dernier ont été mises en suspens.
Les fonds serviront à soutenir les victimes au niveau médical, psychologique et physique, a annoncé la campagne.
« Nous nous unissons pour soutenir les besoins des Israéliens, actuellement attaqués. C’est tout ce que nous pouvons faire pour le moment », ont dit les organisateurs.
Avec certains vols en direction d’Israël qui ont été annulés, les activistes se sont aussi mis à la recherche de locaux susceptibles de pouvoir héberger des Israéliens dans l’incapacité de retourner chez eux. Les dirigeants du groupe UnXeptable, fer de lance du mouvement des expatriés dénonçant le projet de refonte du système judiciaire israélien, ont ainsi fait savoir aux Israéliens qui se trouvent actuellement aux États-Unis et qui ont besoin d’une assistance d’entrer en contact avec eux.
Une réunion de soutien a eu lieu au Centre communautaire juif de Manhattan et une veillée improvisée s’est tenue pendant un événement organisé samedi dans le cadre de la fête Simhat Torah, à Brooklyn.
Dans le contexte de ces tensions, la police de l’état de New York et celle de New York City ont renforcé la sécurité autour des communautés juives et des synagogues, a noté Hochul.
Aucune menace n’est encore connue à New York, a ajouté Hochul qui a fait remarquer que les autorités locales sont en contact avec le FBI et avec leurs partenaires fédéraux face aux événements qui se déroulent actuellement en Israël. Les Juifs, à New York City, sont davantage ciblés par des crimes de haine que n’importe quel autre groupe minoritaire.
New York a éclairé des monuments en bleu et blanc en signe de solidarité avec Israël. Des dirigeants – et notamment Hochul, le maire de New York City Eric Adams, des membres du Congrès et des personnalités politiques de la ville ont condamné les attaques et elles ont fait part de leur soutien à Israël et à la communauté juive.
Le Secure Community Network, qui coordonne la sécurité pour les communautés juives d’Amérique du nord, a prôné la vigilance tout en notant qu’aucune menace n’avait été enregistrée à l’égard des Juifs américains en lien avec le terrorisme en Israël.
Le groupe a indiqué qu’il coordonnait des mesures de sécurité avec la police et ses autres partenaires.
« Le SCN recommande aux communautés juives de réexaminer et de mettre en vigueur leurs protocoles sécuritaires tout en maintenant leur coordination avec les forces de l’ordre », a-t-il fait savoir.
La sécurité autour des sites juifs a aussi été renforcée en Allemagne et en France. Certains soutiens des Palestiniens sont descendus dans les rues de Berlin pour fêter l’attaque.
La police métropolitaine de Londres a rapporté « un certain nombre d’incidents » liés aux violences en Israël et les patrouilles ont été renforcées dans toute la ville.