Israël en guerre - Jour 363

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Les habitants de Nazareth inquiets face à l’escalade avec le Hezbollah

Faute d'abri anti-atomique, quand les sirènes d'alerte aux roquettes retentissent, des habitants disent se mettre à l'abri dans des cages d'escalier ou des pièces sans fenêtre

Une vue de la ville de Nazareth au nord d'Israël, le 25 mars 2024. (Crédit : Nati Shohat/Flash90)
Une vue de la ville de Nazareth au nord d'Israël, le 25 mars 2024. (Crédit : Nati Shohat/Flash90)

La vie s’est arrêtée à Nazareth après la chute ces derniers jours de roquettes tirées depuis le Liban sur cette ville du nord d’Israël.

Les affaires allaient déjà mal depuis le début de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas il y a près d’un an dans la bande de Gaza, les visiteurs fuyant la ville de l’enfance de Jésus qui vit principalement du tourisme de pèlerinage.

Maintenant, les écoles sont fermées et les rassemblements sont interdits en raison des risques d’attaques du Hezbollah. Régulièrement, on entend des interceptions des roquettes qui sont tirées depuis le sud du Liban par le Hezbollah. La frontière n’est qu’à une quarantaine de kilomètres à vol d’oiseau. Un bruit sourd, suivi de nuages blancs se détachant dans le ciel, se fait entendre quand un projectile est abattu par la défense anti-aérienne.

Certains habitants disent s’informer en regardant des chaînes de télévision libanaises ou panarabes pour suivre l’escalade entre Israël et le Hezbollah, et sur leur téléphone ils ont téléchargé une application israélienne pour recevoir alertes et instructions en cas de danger.

« Tout le monde a peur, avoir des missiles qui nous passent au-dessus de la tête : on n’est pas habitués », raconte Fathi Abou Redaa, un professeur d’histoire retraité dans cette ville de Galilée.

L’une des nombreuses allées venteuses de la Vieille Ville de Nazareth, au mois de mars 2024. (Crédit : Shmuel Bar-Am)

Beaucoup racontent ne pas avoir connu de tels moments de tension depuis 2006, année de la deuxième guerre entre Israël et le Hezbollah. À Nazareth, deux enfants avaient été tués par une roquette. Mais tous s’empressent de dire que c’était « différent », la crainte d’un embrasement régional étant alors moins forte.

Depuis le 8 octobre, le Hezbollah attaque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens, affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza dans le cadre de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas qui s’y déroule.

À Nazareth, les maisons anciennes des ruelles escarpées ne sont généralement pas équipées d’abris anti-aériens contrairement à de nombreuses communes alentours. Quand les sirènes d’alerte aux roquettes retentissent, des habitants disent se mettre à l’abri dans des cages d’escalier ou des pièces sans fenêtre pour éviter les éclats de verre en cas d’explosion.

Outre les risques liés aux tirs de roquettes, une personne interrogée par l’AFP, qui préfère ne pas décliner son identité, affirme que « ceux qui donnent leur avis, sur le Hezbollah ou Israël, ont des problèmes », en référence à l’arrestation d’habitants affichant leur solidarité avec le Hamas sur les réseaux sociaux.

« Ça nous dépasse »

Loin des écrans, Elias Shama rumine seul dans son magasin de souvenirs, d’anciennes thermes romaines qu’il a passé des années à restaurer. Il n’allume même plus la lumière.

« Nous n’avons pas d’aide du gouvernement, ce n’est pas juste », s’emporte l’homme de 70 ans, « on sent pourtant que la guerre se rapproche de plus en plus ».

Vue générale de la ville de Nazareth, au nord d’Israël, et de sa basilique catholique de l’Annonciation (centre), où la tradition chrétienne catholique veut que l’ange Gabriel soit apparu à la Vierge Marie pour lui annoncer sa conception de Jésus-Christ (construite au-dessus de la grotte où elle aurait vécu à l’époque), le 18 décembre 2021. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

Du même avis, Ziyad Daniel, vendeur de jus de fruits face à l’église grecque orthodoxe de l’Annonciation, estime que « la situation est tellement mauvaise qu’on ne sait plus quoi faire ».

S’il dit avoir confiance dans l’armée israélienne qu’il juge « très forte », le sexagénaire, qui insiste pour dire qu’il se sent israélien, indique aussi prier pour que la paix revienne.

« On ne cesse de prier, on attend la grâce de Dieu depuis des mois », lance Henriette Hissen, une passante de 76 ans, la voix couverte par le bruit des avions militaires.

Une autre habitante, Nabila Spanyoly, déplore elle l’apathie des « puissances occidentales » face aux souffrances de « nos frères et soeurs de Gaza, de Cisjordanie et maintenant du Liban ! »

Cette psychologue rappelle que de nombreux habitants de la région ont des proches au Liban : « Avant 1948, les frontières entre les pays du coin étaient ouvertes, les gens passaient d’ici à la Syrie par exemple, ils se mariaient, se fréquentaient, et c’est pour ça qu’on est si soucieux car on connait ceux qui souffrent. »

« Ça nous dépasse », s’agace Jad, un employé de banque qui ne donne pas son nom par crainte de répercussions.

« C’est un nouveau Moyen-Orient avec de nouveaux équilibres régionaux bien au-delà de Gaza ou du Liban. »

Selon lui, la guerre devrait encore durer des mois.

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